90% des jeunes ont conscience de l'importance du consentement
Accros à la pornograhie, adeptes des rencontres multiples et toujours plus précoces… Les idées reçues sur la sexualité des jeunes sont nombreuses. Mais à quoi ressemble réellement leur vie sexuelle ? Comment ces derniers apprivoisent-ils leur intimité dans un monde hypersexualisé (et déconfiné) ? Pour le savoir, 20 Minutes et Durex se sont associés à l’institut de sondage OpinionWay afin de réaliser une étude #MoiJeune* sur la sexualité des 18-30 ans en 2021. Entre consentement, communication et pratiques encore taboues, ces jeunes adultes nous parlent à cœur ouvert de leur sexualité et cassent, par la même occasion, bon nombre de préjugés.
Ils sont près de 700 hommes et femmes à avoir répondu à l’appel. Ils ont tous entre dix-huit et trente ans, ils sont en couple ou célibataires, hétéros, homosexuels ou bi, avec ou sans emploi et ils vivent en ville comme à la campagne. En bref, ils sont un échantillon représentatif de ceux qu’on appelle « les jeunes » et ils nous ont confié ce qu’était leur vie sexuelle en 2021.
Première – et agréable – surprise : 69 % des sondés déclarent avoir une « vie sexuelle épanouie » et 32 % d’entre eux déclarent que la « confiance entre les partenaires » en est la clé. Un socle solide pour des relations sexuelles sereines, mais qui reste à nuancer pour Pauline Carlier, sexologue spécialisée dans les jeunes adultes. « Plus important encore que la confiance en son partenaire, je pense qu’il faut mettre l’accent sur la confiance en soi », nous confie la praticienne. « Si je me connais et si je m’aime, alors ma sexualité n’en sortira que meilleure ».
« La vraie clé d’une relation sexuelle épanouie est la confiance en soi »
L’étude révèle que, derrière la confiance, arrive « l’écoute de l’autre » avec 26 % des réponses. Pour notre spécialiste, là encore, il faut distinguer la communication verbale de la communication corporelle. « On peut échanger oralement sans pour autant être à l’écoute du corps de l’autre ». Dans le sexe, plus qu’ailleurs, il est donc important de communiquer avec les mots comme avec les gestes.
Savoir s’écouter, se faire confiance c’est aussi le chemin qui mène à un consentement éclairé. Consentement qui semble être maîtrisé par pas moins de 90 % des sondés selon notre étude. Une réponse écrasante qui a énormément surpris Eléonore Quarré, directrice d’études au département Opinion & Politique d’OpinionWay. « Pas plus tard que l’année dernière, le pourcentage de jeunes ayant conscience de l’importance du consentement dans leurs relations intimes aurait été bien moins élevé », nous confie la spécialiste. « La conscience du consentement dépasse même celle du port du préservatif avec 86 % des réponses, ce qui prouve que c’est un sujet omniprésent dans l’opinion publique », ajoute-t-elle.
« La réponse massive à la question du consentement est une véritable surprise de ce sondage »
Pour Pauline Carlier, notre sexologue, il est important cependant de garder du recul sur ce pourcentage. « Cette réponse massive, bien que très encourageante, fait plus écho à un consentement aux yeux de la loi qu’à l’égard des sciences humaines ». En d’autres termes, si ces jeunes sondés semblent maîtriser la nuance entre le oui et le non, ceux que notre sexologue reçoit dans son bureau semblent encore perdus à ce sujet. « Aujourd’hui de nombreux jeunes adultes ne consentent pas pour les bonnes raisons et de la bonne façon. »
Pour véritablement consentir la thérapeute affirme que la proposition sexuelle doit faire l’objet d’une vraie discussion avec soi-même et avec son partenaire, sans quoi on ne consent pas véritablement. Une discussion d’autant plus importante que la proposition du ou de la partenaire est la première raison (57 %) donnée par les sondés pour tester une nouvelle position ou expérimenter une pratique sexuelle. On note ensuite deux divergences notables : les discussions avec les amis sont bien plus incitatives chez les répondantes (26 %) que chez leurs homologues masculins (16 %), qui puisent, pour certains, davantage leur inspiration dans la pornographie (21 % contre 9 % chez les femmes interrogées).
Une génération qui incarne une forme de libération, mais des tabous persistants
Autre enseignement de ce sondage : six sondés sur dix déclarent n’avoir aucun tabou une fois passés sous les draps. Un chiffre à rapprocher des 77 % des 18-30 ans qui se disent du genre à varier les plaisirs, ou à avoir envie d’en explorer de nouveaux. L’idée reçue qui dresse un portrait débridé, incarnation d’une forme de libération des mœurs, des plus jeunes serait-elle juste ? Oui… Et non. Le reste du panel (37 %) a une idée très précise des choses dont il ne veut pas entendre parler. Et si l’on retrouve dans le trio de tête « les jeux de domination » avec 36 % et « le sexe à plus de deux » avec 40 %, c’est finalement le sexe anal qui reste le plus gros tabou des sondés avec 42 % des réponses.
Car s’il semble « intégré par 30 % des jeunes, la plupart d’entre eux ne le pratiquent pas et le considèrent encore comme un mystère », nous décrypte ainsi Eléonore Quarré. Plus édifiant encore, si 35 % des hommes assimilent la pratique à la notion de plaisir, presque autant des femmes rapprochent la sodomie de la notion de douleur. Pour notre sexologue, là encore rien d’étonnant : « Les hommes ont une prostate et, de fait, ils éprouvent des sensations que les femmes ne connaissent pas ».
À l’inverse, c’est selon Pauline Carlier l’absence de connaissance de leur propre corps et de discussion avec leur partenaire qui rendrait le sexe anal encore difficile pour les femmes. « Pour que ces dernières prennent du plaisir dans cette pratique, il faut qu’elles se laissent aller à un jeu d’exploration personnel très riche et une écoute de leur désir très poussée ». Dans notre étude, 40 % des hommes interrogés mais surtout une répondante sur quatre confessaient ne pas avoir une bonne connaissance du plaisir féminin. Alors, quand on sait que la majorité des sondés qui déclarent avoir une sexualité épanouie pratiquent, entre autres choses, le sexe anal (60 %), on se dit qu’heureusement que les 18-30 ans ont encore leur vie devant eux.
*Etude #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay pour Durex, réalisée en ligne du 9 au 16 juillet auprès d’un échantillon représentatif de 728 jeunes âgés de 18 à 30 ans (méthode des quotas).
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Si vous avez entre 18 et 30 ans, vous pouvez participer au projet « #MoiJeune », une série d’enquêtes lancée par 20 Minutes avec OpinionWay, en vous inscrivant ici