Infographies Covid-19 : à quoi ressemble le rebond épidémique en Europe ?
L'Europe fait-elle face à une quatrième vague ? Depuis le début du mois de juin, de nombreux pays européens ont vu les contaminations au Covid-19 repartir à la hausse. En France, cette reprise épidémique a été amorcée début juillet, amenant Emmanuel Macron à étendre progressivement le recours au pass sanitaire, afin d'inciter la population à aller se faire vacciner.
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La France n'est pas le seul pays à connaître une recrudescence du nombre de cas. Comme le montre notre graphique ci-dessous, la situation sanitaire chez nos voisins européens se dégrade aussi.
En cause ? Le variant Delta, notamment, qui est "aujourd'hui majoritaire dans la grande majorité des pays d'Europe", rapporte Edouard Mathieu, analyste pour Our World in Data (en anglais), organisme qui observe, entre autres, l'évolution de la pandémie dans le monde. D'importantes disparités apparaissent toutefois entre les pays.
Au Royaume-Uni et au Portugal, une hausse amorcée début juin
Au début du mois de juin, le Royaume-Uni, comme le Portugal, faisaient partie des pays d'Europe présentant les plus faibles nombres de nouveaux cas quotidiens de Covid-19 : environ 50 cas pour un million d'habitants. Ces deux pays avaient d'ailleurs échappé à la troisième vague du printemps dernier.
Pourtant, dès le début du mois de juin, les nouvelles contaminations sont reparties à la hausse, avec plus de 50% de nouveaux cas chaque semaine. Dès la mi-juin, le Royaume-Uni, qui a dû repousser la dernière étape de son déconfinement, et le Portugal sont devenus les pays d'Europe où le virus circulait le plus. Cette hausse n'a pas cessé depuis et s'est même accélérée en Angleterre, qui atteint plus de 500 cas quotidiens pour un million d'habitants, un rythme inédit outre-Manche depuis janvier. Au Portugal, le taux d'incidence s'élève à 287 cas pour un million d'habitants.
Le rôle du variant Delta, environ 60% plus contagieux que les variants jusqu'alors majoritaires en Europe, semble prépondérant dans le démarrage précoce de l'épidémie dans ces pays. C'est en tout cas l'analyse de Thibault Fiolet, doctorant en épidémiologie. "Ce sont les pays où le variant Delta était le plus présent et c'est également là qu'on a eu la première reprise épidémique", explique-t-il à franceinfo. A la mi-juin, la mutation du virus y était déjà majoritaire, alors qu'elle représentait moins de 20% des nouveaux cas dans les autres pays d'Europe. Selon les derniers chiffres, le variant Delta représenterait aujourd'hui plus de 80% des cas au Portugal, et presque 100% au Royaume-Uni.
En Espagne et en Grèce, une accélération de l'épidémie fin juin
La reprise épidémique est intervenue plus tard en Espagne et en Grèce, vers la fin du mois de juin. Elle a cependant été plus rapide qu'au Royaume-Uni ou au Portugal, la hausse hebdomadaire atteignant rapidement +150%. Durant la semaine du 28 juin au 5 juillet, le taux d'incidence est ainsi passé de 85 à 225 cas pour un million d'habitants en Espagne. La semaine suivante, il a bondi de 78 à 190 en Grèce.
La situation est particulièrement préoccupante en Espagne. Le pays en était à plus de 430 cas quotidiens pour un million d'habitants au 14 juillet, un chiffre que le pays n'avait plus atteint depuis presque 6 mois, et se trouve encore dans une dynamique de forte progression. Il faut noter que l'Espagne était l'un des pays d'Europe où le virus circulait le plus, avant même le rebond épidémique. Ainsi, le taux d'incidence quotidien n'y est jamais redescendu en dessous de 70 pour un million d'habitants. En France, ce chiffre est passé sous la barre des 30 à la fin du mois de juin.
Pour Thibault Fiolet, le rôle du variant Delta semble là encore décisif : au 28 juin, dernière date pour laquelle il existe des données pour une majorité de pays européens, l'Espagne comptait près de 50% de cas liés au variant Delta parmi les nouvelles infections, un des chiffres les plus élevés d'Europe derrière le Royaume-Uni et le Portugal. En Grèce, où les habitants sortaient d'un confinement strict de plusieurs mois, le manque de données sur les variants rend l'analyse plus difficile. Mais les autorités grecques prennent cette menace au sérieux et ont décrété de nouvelles mesures similaires à celles annoncées, lundi, par Emmanuel Macron.
En France, Suisse et Belgique, une reprise épidémique progressive en juillet
Dans l'Hexagone, en Suisse et en Belgique, c'est dans les premiers jours de juillet que la hausse des nouveaux cas s'est dessinée. Elle y a été plus lente qu'en Espagne ou en Grèce. Pour le moment, le nombre de nouveaux cas quotidiens n'a pas dépassé 120 contaminations par million d'habitants en Belgique. La France et la Suisse affichaient des taux d'incidence quotidiens de 58 et 40 au 14 juillet.
Ces trois pays connaissent une évolution proche de la moyenne européenne, où le nombre de cas a globalement doublé depuis le début du mois de juillet, passant d'un peu plus de 50 000 cas quotidiens à pas moins de 100 000, entre le 1er et le 14 juillet.
Fin juin, la présence du variant Delta dans ces pays se trouvait encore dans la moyenne européenne, avec une fourchette de 25 à 40% de personnes malades infectées par cette mutation du virus. Les derniers chiffres de Santé publique France montrent que ce variant s'impose progressivement sur le territoire français : il représentait deux tiers des nouvelles contaminations sur la semaine du 6 au 12 juillet. Cette arrivée progressive du variant semble là aussi expliquer ce rebond, pour l'instant modéré, comme l'expliquait à franceinfo Olivier Guérin, membre du Conseil scientifique.
Aux Pays-Bas, une récente explosion
Aux Pays-Bas, la courbe donne le vertige. Au 5 juillet, le pays présentait un niveau de circulation du virus peu élevé, comparable à celui de la Belgique. En 10 jours le nombre de cas quotidiens a été multiplié par presque 10, passant d'un peu plus de 800 à presque 8 000 cas. Du jamais vu en Europe depuis le début de la pandémie. Le pays a rattrapé le Royaume-Uni en termes de circulation du virus, en l'espace de seulement deux semaines.
Que s'est-il passé ? "Cette nouvelle vague étant très récente, les raisons sont pour l'instant difficiles à identifier", souligne Edouard Mathieu. Comme partout en Europe, le variant Delta participe à la reprise. Mais le 28 juin, il ne représentait encore qu'un quart des nouvelles contaminations. Ce chiffre faisait des Pays-Bas un des pays d'Europe de l'Ouest avec la circulation la plus faible de cette mutation du virus.
Pour Thibault Fiolet, "ce sont surtout les 18-30 ans qui se contaminent". Il avance ainsi que "le premier lieu de contamination identifié par les autorités locales sont les restaurants" qui ont rouvert fin avril. Le RIVM (équivalent de Santé publique France aux Pays-Bas) a d'ailleurs mis en avant dans un rapport du 9 juillet (en néerlandais) l'apparition de plusieurs clusters dans des soirées étudiantes organisées à l'hôtel ou au restaurant. Un festival de musique organisé début juillet a aussi participé à la reprise épidémique, avec un millier de personnes contaminées, malgré l'usage du pass sanitaire.
En Allemagne, Italie et Autriche, une circulation du virus très faible
Ils semblent, pour le moment, à l'abri. En Italie, en Autriche et en Allemagne, la quatrième vague paraît assez loin. Certes, le nombre de cas a augmenté sur les deux premières semaines de juillet, mais le taux d'incidence reste très bas, avec moins de 25 cas quotidiens pour un million d'habitants. Pour donner un ordre d'idée, la France n'a pas connu de circulation aussi faible du virus depuis presque un an.
Pourquoi l'épidémie marque-t-elle le pas, alors même que le variant Delta y est majoritaire, avec une part supérieure à celle présente aux Pays-Bas ? Deux facteurs sont à souligner. D'abord, la faible circulation préalable du virus : ces pays avaient atteint un taux d'incidence inférieur à 12 à la fin du mois de juin. Par ailleurs, des mesures sanitaires contraignantes y ont été maintenues, comme en Autriche et en Allemagne. Les deux pays germanophones ont élargi le recours au pass sanitaire depuis déjà plusieurs semaines. Le document est ainsi nécessaire pour se rendre au restaurant ou chez le coiffeur.