Fondé et animé par Hafida Abidar, le Collectif des mamans tisse du lien social dans les quartiers de Bourges

Fondé et animé par Hafida Abidar, le Collectif des mamans tisse du lien social dans les quartiers de Bourges

«L’association s’est constituée complètement à l’envers, explique-t-elle avec un sourire un peu espiègle. On a agi avant de se structurer. On a commencé par aller sur le terrain, un peu partout, où les besoins étaient immenses. Et c’est seulement ensuite, dans un second temps, qu’on a bâti les fondations et le cadre du Collectif.»

Tout ça a démarré au sein d’El Qantara. Chaque année, ma classe de danse donnait un spectacle sur lequel tout le monde avait travaillé dur. Et les enfants se produisaient avec les mêmes costumes, année après année…Fondé et animé par Hafida Abidar, le Collectif des mamans tisse du lien social dans les quartiers de Bourges

À écouter Hafida, tout paraît simple, évident, lumineux. «Tout ça, se souvient-elle, a démarré au sein d’El Qantara. Chaque année, ma classe de danse donnait un spectacle sur lequel tout le monde avait travaillé dur. Et les enfants se produisaient avec les mêmes costumes, année après année…»

Autour de la chorégraphe, un noyau résolu de parents d’élèves, «surtout des mamans», est entré en scène pour habiller de neuf les petites vedettes. Un joli calendrier a été confectionné, vendu à La Chancellerie (où El Qantara est basée), puis aux alentours. La paroisse Saint-Jean a invité les Mamans à son marché de Noël, où leurs gâteaux maison et le petit spectacle des enfants ont été plébiscités. Les mêmes ont monté un mémorable gala artistique et gastronomique de fin d’année 2018 qui a rempli la salle des fêtes du quartier. Bien rodée, la troupe s’est transportée aux Gibjoncs pour y tenir la première brocante d’El Qantara.

Le Collectif des mamans a mené une opération au profit des plus démunis dans six supermarchés berruyers

«On n’a pas ménagé nos efforts, mais tout ça mis bout à bout a permis de financer la confection de près de soixante-dix costumes de scène flambant neufs !» conclut Hafida.

Sens du collectif, des valeurs, des combats

Au-delà de la mission accomplie, l’aventure a démontré aux Mamans que leur sens du collectif, leurs valeurs (solidarité, laïcité…) et leurs combats (contre la précarité, les violences faites aux femmes, l’isolement, l’exclusion…) les inscrivaient dans le tissu social des quartiers et de la cité. «On a, alors, engagé plusieurs actions, se souvient Hafida Abidar. On a organisé, par exemple, un petit voyage parents-enfants à l’Institut du monde arabe, à Paris. Et là-dessus sont survenus le Covid et le premier confinement…»

Le collectif des mamans était au centre social de la Chancellerie pour venir en aide aux femmes dans le besoin

Aujourd’hui, elle estime que ce fut «un mal pour un bien». Les Mamans ont mis la pandémie à profit pour se régénérer, trouver un second souffle, s’émanciper d’El Qantara. «Un bureau d’une dizaine de personnes (*) s’est constitué avec un élan tout neuf !»

Le Collectif a participé à la Journée internationale des droits des femmes, le 8mars 2020. «On a invité des femmes à témoigner, on a décliné autour du bien-être au féminin en proposant des ateliers de coiffure, de maquillage, de massage, on a organisé un défilé de mode…» Deux mois durant, chaque week-end, les Mamans ont aussi soutenu les personnels épuisés de l’hôpital George-Sand en leur servant des repas mitonnés par leurs soins.

Des soutiens toujours plus nombreux

Via des maraudes, l’initiative s’est prolongée auprès d’environ cent trente personnes précarisées ou atteintes du Covid, un peu partout à la périphérie de Bourges. Les dons recueillis sur les réseaux sociaux n’y suffisant plus, les magasins Grand Frais sont entrés dans la boucle, puis Biocoop, les commerçants du marché du mercredi à La Chancellerie, la section boulangerie-pâtisserie du Centre de formation d’apprentis (CFA).

Aujourd’hui, l’action des Mamans et le précieux tissu social qu’elles raccommodent au quotidien perdurent avec le soutien de la ville de Bourges, du centre communal d’action sociale (CCAS), de l’Espace Tivoli, du Centre associatif des Gibjoncs, du Hameau de la fraternité.

« Dans le monde, personne n’est inutile s’il allège le fardeau des autres. C’est le crédo des Mamans. »

Hafida Abidar (empty)

En janvier dernier, le Collectif, qui se réunissait jusqu’alors «chez Patàpain ou dans le restaurant My Grill, fermé par le Covid», a emménagé dans ses locaux de la rue Jean-Moulin. Pour Noël dernier, les Mamans, plus motivées que jamais, ont bien failli être débordées par le succès de leurs «boîtes-cadeaux» collectées et distribuées aux plus démunis, ceux qui ne reçoivent rien. À cette opération mémorable, des écoles de Bourges, la MJC d’Asnières, Leroy-Merlin et des dizaines de particuliers avaient donné la main.

Bien d’autres actions sont prévues, déjà même lancées pour certaines comme le week-end des 13 et 14novembre, qui déclinera les Paroles de femmes. «Dans le monde, constate Hafida Abidar, personne n’est inutile s’il allège le fardeau des autres. C’est le crédo des Mamans.» Leur feuille de route: la solidarité, l’éducation et la culture. Partout, et pour tous.

(*) Y siègent Karima, Sabrina, Aïcha, Anissa, Delphine, Cécile, Fatima, Saïda et Mina. Le Collectif des mamans rassemble une cinquantaine d’adhérentes. Contact: 06.51.83.43.30 ; collectifdesmamans18@gmail.com

Hafida Abidar

1976. Naissance à Issoudun (Indre). 9décembre 2017. Fondation de l’association Collectif des mamans. Décembre2018. Organisation d’un gala de fin d’année à la salle des fêtes de La Chancellerie. 13janvier 2021. Le Collectif des mamans emménage dans son siège social de la rue Jean-Moulin, à Bourges. 13 et 14novembre 2021. Paroles de femmes, un week-end de spectacles vivants prévus au Hublot puis à la salle des fêtes de La Chancellerie, pour évoquer la lutte contre les violences conjugales et encourager les femmes «à retrouver l’estime de soi». «C’est un mois de travail et de répétitions !»

Emmanuel Letreulle

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