Le «do it yourself» loufoque de Nicole McLaughlin
Chaussures faisant office de trousse d’école ; sandale avec pinceau et palette de peinture en guise de lanière ; soutien-gorge fabriqué à partir de deux sacs à main Chiquito signés Jacquemus ; chaise dotée d’une gazinière en guise d’assise ; escarpins au talon chargeur de smartphone ; gant de cuisine confectionné à partir d’une baguette de pain, veste en gaufres, etc. A 27 ans à peine, Nicole McLaughlin a de la suite dans les idées. La designer américaine, basée à New York, qui a collaboré avec les équipementiers (Reebok, Puma ou Nike) et des griffes comme Jacquemus, Hermès ou Prada, cultive, à travers ses pièces – vêtements, accessoires, pièces de mobilier et surtout, chaussures –, un esprit do it yourself (DIY) loufoque et ludique. Son travail est un plaidoyer en faveur de la mode fonctionnelle mais aussi durable ‐ «zéro gâchis»–. Graphiste de formation et passionnée de photo, la jeune femme ne s’imaginait pas, un jour, mettre un pied dans la mode. «J’ai commencé à poster mon travail sur Instagram et j’ai tapé dans l’œil de diverses marques dont je me servais déjà pour mes créations comme Crocs ou Fila», raconte-t-elle.
L’ordinaire en extraordinaire
Son approche : «Je conçois des pièces artistiques et conceptuelles avec du streetwear vintage, empreintes de nostalgie, des années 90 particulièrement. Je cherche à créer des choses amusantes et innovantes. Certaines peuvent même être portées, comme le short fait à partir de paquets de bonbons Haribo ou celui dont les poches permettent de transporter plusieurs bouquins. Je me sers des matières recyclées et des fripes qui démontrent à quel point l’industrie du vêtement repose sur le gâchis. Je revisite aussi des vêtements qui peuvent avoir d’autres fonctionnalités.» Ses productions sont une illustration de l’upcycling (le recyclage de tissus et d’objets «par le haut», vers la qualité voire le luxe).
C’est aussi via Instagram, où elle cumule plus de 630 000 abonnés, que Nicole McLaughlin a fait la connaissance de Sarah Andelman, l’ancienne directrice artistique du concept store parisien Colette, fermé en 2017. Désormais à la tête de JUST AN IDEA, société parisienne de consulting pour les marques de mode, beauté, art ou design, et de JUST AND IDEA Books, maison d’édition dédiée aux mêmes thématiques, la Française a proposé à l’artiste américaine de réunir ses créations dans un livre, préfacé par le chanteur-producteur Pharell Williams. Paru courant avril, il fait partie d’une première collection de cinq ouvrages mettant en avant des créateurs qui changent l’ordinaire en extraordinaire.
Outre cette parution, la native du New Jersey collabore à nouveau avec une marque de mode (Arc’teryx, un fabricant canadien de vêtements de plein air), en vue du lancement d’une ligne au design «upcyclé» dans le cadre d’un programme basé sur l’économie circulaire.