Le string : retour sur l’histoire d’un sous-vêtement synonyme de controverse

Le string : retour sur l’histoire d’un sous-vêtement synonyme de controverse

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Le string est de retour sur les podiums, comme en témoigne la collection Printemps-Eté 2021 de Dion Lee © Imaxtree
Par
Marine Poyer

Aussi aimé que détesté, le string déchaine les passions. Et après une traversée du désert suite l’âge d’or du début des années 2000, ce sous-vêtement controversé s’est frayé un chemin sur les podiums des collections Printemps-Été 2021. Retour en images sur un accessoire qui fédère autant qu’il fascine.

Chantal Thomass, 1986

© Pierre Vauthey/Sygma/Sygma via Getty Images

Bien avant de devenir un objet du quotidien, le string était porteur d’une imagerie tabou, dont l’a finalement débarrassé la créatrice Chantal Thomass dans les années 80. « Jusque dans les années 80, pour moi le string était complètement réservé à la lingerie érotique », analyse Pascale Briand, Responsable Style Intimité & Swimwear chez Carlin Créative. « Il y avait vraiment une connotation qui évoquait le côté un peu sulfureux, les strip-teaseuses, les boîtes privées... plutôt des produits qu’on trouvait en sex-shop plutôt que dans les collections de corsetterie. La notion de la séduction n’était plus tellement au goût du jour. Et il y a eu une réaction face à cela : je pense surtout à Chantal Thomass qui a relancé la lingerie coquine, cette notion de vouloir plaire, séduire. »

Madonna, 1990

© Duncan Raban/EMPICS Entertainment/ABACAPRESS.COM

Jamais effrayée par la controverse, Madonna s’affiche en string dès 1990, lors de sa tournée Blonde Ambition, comme le montre cette photo, prise cette année-là à Wembley.

Gucci, 1996

© DON IRON/SIPA

En mars 1996, Tom Ford prépare le terrain de la tendance porno chic avec sa collection Automne-Hiver 1996 pour Gucci. Initialement soft, le style Gucci se fera de plus en plus sulfureux au fur et à mesure des saisons. « La Haute Couture, qui était un peu classique a commencé à prendre des stars, il y a eu Galliano chez Dior et Tom Ford chez Gucci », se remémore Pascale Briand. « Et ils ont pris complètement à contre-courant le principe très chic et élégant de la couture, pour s’emparer des codes un peu plus subversifs de l’érotisme avec tout ce courant porno chic. Tout ça faisait que le string se montrait. J’ai le souvenir des publicités de Gucci avec le double G que l’on voyait soit au creux des reins, soit sur les côtés. »

Jean Paul Gaultier, 1996

© PAT/ARNAL/Gamma-Rapho via Getty Images

Quelques mois plus tard, de l'autre côté des Alpes, Jean Paul Gaultier fait une fois de plus la part belle à la taille basse, un élément récurrent de son vestiaire, dans le cadre de son défilé Printemps-Eté 1997. Mais cette année-là, il va plus loin et laisse dépasser un string au niveau de la taille. La tendance est lancée.

Lil Kim, 1998

© Ron Galella/Ron Galella Collection via Getty Images

Le string : retour sur l’histoire d’un sous-vêtement synonyme de controverse

Bien avant les stars de la pop, la rappeuse Lil Kim avait déjà fait du string l’un de ses accessoires favoris. Ici, elle pose en compagnie de Giorgio Armani lors d’une soirée caritative à New York, en 1998.

Britney Spears, 2000

© Scott Gries/Getty Images

Au faîte de sa gloire, Britney Spears est une adepte convaincue du string, qu’elle dévoile à demi sous la plupart de ses tenues de scène. « Les pop stars : Christina Aguilera, Pink, Britney Spears... étaient vraiment sur des corps qu’on montrait avec des strings, notamment avec le retour du show et des concerts », continue Pascale Briand. « C’était vraiment le grand show. Ca a été une manière de populariser ce produit qui sortait vraiment du carcan de la lingerie érotique. »

Sisqo, 2000

© Frank Micelotta/ImageDirect

Preuve que le sous-vêtement est désormais passé dans le domaine public, le chanteur Sisqo lui dédie une chanson en 2000, âprement baptisée « Thong Song ». Résultat ? Quatre nominations aux Grammy Awards, des récompenses internationales et un succès qui a fait date.

Lil Kim, Pink, Mya, Christina Aguilera, 2001

© Kevin Mazur/WireImage)

Mais le début des années 2000 voit également émerger une autre forme de féminité avec un retour de la mode burlesque. La lingerie dévoile, mais elle s’éloigne de l’érotisme pur et dur pour proposer des lignes plus travaillées. Sortie en 2001, la reprise du titre de Patti LaBelle « Lady Marmalade », pour les besoins de la bande originale du film « Moulin Rouge » joue définitivement sur cette esthétique rétro et remet la guêpière au goût du jour.

Dita von Teese, 2008

© DAVID X PRUTTING/Patrick McMullan via Getty Images

Le string ne se cache plus : il prend même la place centrale dans la lumière. En 2008, Dita von Teese remet l’esprit pin-up au goût du jour en barbotant dans un verre de Cointreau géant aussi bien qu’en défilant pour Jean Paul Gaultier (encore lui) et en se produisant dans le monde entier dans le cadre d’un spectacle burlesque.

Savage x Fenty, 2018

© AP Photo/Diane Bondareff

En 2018, Rihanna rebat les cartes du genre avec le premier défilé de sa marque de lingerie Savage x Fenty. « La lingerie en tant que telle n’a pas changée », analyse encore Pascale Briand. « Mais c’est la manière de la présenter, d’avoir complètement coupé avec les codes de quelque chose d’un peu inatteignable et de le retraduire sur un choix de femmes qui sont tous styles, tous genres, toutes tailles, toutes morphologies et toutes couleurs de peaux... et là il y a quand même la magie du défilé, la musique... On est beaucoup plus proches de la projection qu’on peut avoir de la lingerie. Ça a été le début de l’inclusivité en lingerie et même l’inclusivité en général. »

Hailey Bieber, 2019

© Bauzen/GC Images

Boudé par les millenials au milieu des années 10, le string revient pourtant déjà en 2019 avec Hailey Bieber, qui s’affiche alors dans une robe signée Alexander Wang, dont le profond décolleté dorsal est terminé par un string ficelle lui-même orné du nom de la marque américaine. Un avant-goût de ce retour en force qui met aussi bien en valeur le dos que la chute des reins. Une tendance récemment également aperçue chez Beyoncé ou Kim Kardashian et qui devrait d’ailleurs s’imposer cette saison, comme le souligne Pascale Briand. « Il y a beaucoup de grands décolletés dans la mode. Cette fois, on ne va peut-être pas jouer la taille basse, mais plutôt le décolleté de robe. On a beaucoup travaillé sur le dos de soutien-gorge, mais pour l’été, on va peut-être travailler ce décolleté. »

Dion Lee, 2020

© Imaxtree

En février, Dion Lee continue son exploration d’un prêt-à-porter inspiré de la lingerie et remet le string apparent à l’honneur de manière graphique. Découpes, liens, trompe-l’œil... l’exercice est tout sauf basique et témoigne du talent du designer australien.

Y/Project, 2020

© Imaxtree

Fashion Week Automne-Hiver 2020 toujours, Y/Project présente également des tailles ultra-échancrées, revisite moderne des bodys des eighties. Une manière d’insuffler une nouvelle vie à ce basique, comme le révèle Pascale Briand. « Je trouve que dans les collections depuis un an, il y a énormément ce côté échancrure années 80 sur les bodys. C’est aussi une manière de travailler le string : c’est échancré jusqu’à la taille et même si on n’est pas sur du très taille basse, quand ça arrive jusqu’à la taille, à moins d’avoir un pantalon très très haut, ça dépasse toujours un peu. »

Cardi B, Megan Thee Stallion, 2020

© Francis Specker/CBS via Getty Images

La même année, le clip « WAP » de Cardi B et Megan Thee Stallion a enfoncé le clou de l’émancipation féminine. Une vidéo qui en a ravi plus d’une (et froissé plus d’un) et a notamment remis en lumière les doubles standards dont souffrent bien souvent les femmes par rapport aux hommes. (Le duo, interprétant ici son titre lors des Grammy Awards 2021)

Versace, 2021

© Imaxtree

Pour sa collection Printemps-Été 2021, la maison Versace joue également sur ces codes revisités, en découpant ses pantalons et jupes afin de laisser entrevoir un bout de hanche. Une revisite moderne et qui joue sur la sensualité discrète, également aperçue chez Tibi.

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