Divorce, séparation des parents : que ressentent les enfants ?
Le divorce ou la séparation des parents est un grand chamboulement dans la vie de l’enfant. Une multitude de sentiments vont le traverser, avec plus ou moins d'intensité, sur une plus ou moins longue durée. Or, les émotions de l’enfant ne sont pas faciles à décrypter. Selon son âge, il peut lui-même avoir du mal à les comprendre et à les exprimer. Le psychiatre Michael Larrar nous explique les différents sentiments que peut éprouver un enfant dont les parents divorcent, notamment avant l’âge de six ans, et comment accompagner au mieux son enfant.
La peur de l'abandon, un sentiment récurrent
Chez l’enfant de moins de six ans, le sentiment le plus fréquent et le plus puissant est l’angoisse abandonnique. Le psychiatre explique : “Il va y avoir des angoisses d'abandon, surtout pour les plus jeunes, qui auraient peur d’être abandonnés par les parents ou un des deux parents”. Étant donné que ses parents se séparent, cela peut en effet créer chez l’enfant la crainte que ces derniers se séparent de lui par la même occasion. En effet, avant l’âge de six ans, "ils ne font pas la différence entre les différents amours. Entre 4 et 6 ans, l'enfant est dans un âge œdipien donc il pense qu’ils ont un amour amoureux pour le parent", commente ainsi l'expert. Selon l'enfant, l’amour familial et l’amour amoureux est le même, et va donc penser qu’il est possible que ses parents ne l’aiment plus, et l'abandonnent. Cette angoisse peut se manifester de différentes manières. Par exemple, l’enfant peut refuser d’aller à l’école ou développer des angoisses nocturnes. En somme, il éprouve une difficulté à se séparer de ses parents. Quand ils grandissent, cette angoisse s’estompe d'elle-même en géranl, car leur intellect leur permet de discerner ces différents amours. Mais chez certains, ce traumatisme peut rester ancré et envahir leurs relations futures.Pour éviter ces angoisses, le docteur Larrar donne quelques conseils : "Il faut rassurer l’enfant assez rapidement quand on annonce la séparation. Il faut lui dire qu’il continuera de voir son père et sa mère. Il est important de lui expliquer qu’on ne va pas divorcer de lui, que c’est le couple qui divorce”. Il poursuit : "Il faut lui donner des explications qui ont du sens. Il ne peut pas nous croire sur parole. Il faut donc lui dire que ce n’est pas le même amour, que l’amour pour un enfant est inconditionnel".
There’s is no room for physical discipline in any home ! It’s degrading ! Violence begets violence ! There are many… https://t.co/u8o82HDhm8
— Zarina Walele Wed Sep 18 09:33:40 +0000 2019
La culpabilité, fréquente lors de la séparation des parents
Ce sentiment couvre à peu près tous les âges de la pédopsychiatrie. L’enfant va penser que c’est de sa faute, que la séparation de ses parents est le résultat de ses actions. Le spécialiste explique : "L’enfant à l’impression d’être le centre du monde. De la même manière, il va penser être à l’origine du divorce. Il va culpabiliser de ses pulsions agressives : parfois, je veux papa que pour moi et voilà ce qui arrive". Ce sentiment peut également être renforcé par le fait que beaucoup de disputes parentales sont en rapport avec lui, s'il est la cause d'un baby clash. Et cela, l'enfant le sait. Le psychiatre précise : "l’enfant a tendance à penser qu’il est au centre de sa famille et pense que tout ce qui arrive est une punition". Afin de faire disparaitre ce sentiment de culpabilité, il conseille de dire très vite à votre enfant que le divorce n’a rien à voir avec lui : "Ce qui entraine le divorce, c’est le désamour et des désaccords très profonds au sein du couple. Rappelez-lui que même si vous vous êtes disputés à cause de lui, cela n’est pas la source du divorce.”
La colère de l'enfant à dompter
C’est à peu près systématique que l'enfant ressente de la colère face aux parents qui divorcent. "Mais cela passe souvent au second plan, car ils vont d’abord être triste et anxieux", ajoute le psychiatre. Néanmoins, dans certaines situations, la colère peut être très puissante. C’est le cas lorsque les parents font entrer l’enfant dans l’intimité du couple. Par exemple, si l’un des deux parents est trompé, il est nécessaire que ce dernier n'exprime pas sa colère auprès de son enfant. Cela peut sans aucun doute affecter la relation de l’enfant avec le parent à l’origine de l'infidélité : l’enfant est assez simpliste dans les conflits. "S’il sait qu’un parent a trompé l’autre, il va prendre parti. C'est pourquoi les enfants ne doivent pas être au courant de ces choses-là. Cela pourrait ternir sa relation à son parent, bien qu'infidèle. Or, l'infidélité ne regarde que la relation du couple", explique-t-il. S’il l’apprend plus tard, en fin d’adolescence, cela aura moins d’impact, puisqu’il sera plus à même de “comprendre”, et de prendre plus de recul.
Un sentiment de soulagement, parfois
Lorsque les enfants sont plus grands, vers l’adolescence, le divorce des parents peut être accueilli avec une certaine joie ou du moins, du soulagement. C’est le cas lorsqu’il y a des violences conjugales par exemple, ou qu'il assiste à des tensions trop importantes. Par ailleurs, dans certains cas, un tout-petit va parfois sans le vouloir se réjouir d'avoir son parent rien que pour lui.elle : “Chez les petits, à l’âge œdipien, vers six ans, il peut y avoir une petite satisfaction, car il aura son parent pour lui tout seul. Mais c’est assez inconscient”.
Comment décrypter les émotions de mon enfant ?
Il n’est pas toujours évident de décrypter toutes les angoisses de ses enfants. Selon Michael Larrar, avant l’âge de six ans, les douleurs mentales peuvent se manifester de deux manières :
Néanmoins, ces comportements n’indiquent pas de quels types d’angoisses il s'agit. C’est un moyen pour l’enfant de montrer que quelque chose ne va pas et à vous de repérer ces comportements pour échanger avec lui. Michael Larrar conclut : “Toutes ces émotions, si elles ne sont pas arrangées, vont impacter leur évolution, le développement de l’enfant”. Pour lui, si le divorce est bien géré, les enfants peuvent s’en remettre au bout d’un an. Mais si les émotions négatives sont trop présentes et qu’elles persistent, il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste.