Education non genrée : une solution pour une société plus égalitaire ? Education: éviter les clichés liés au genre
Le petit Yaël n’a qu’un an, pourtant, ses parents en sont persuadés, les choix qu’ils posent pour lui aujourd’hui sont importants. Alors ils ont suivi leurs convictions : Sarah et Julien ont choisi de pratiquer une éducation non genrée : "Ça passe par des petites choses au quotidien" explique sa maman. "Par exemple ne pas se limiter dans le choix des vêtements, ouvrir au rayon des filles, avec des vêtements roses, ou avec des petites étoiles par exemple. Dans le choix des livres aussi, on essaye de ne pas prendre systématiquement le livre où la trame, c’est une princesse qui va être sauvée par un homme". "Dans la manière de lui parler aussi, si jamais il est tombé et qu’il s’est cogné, — ça arrive souvent pour le moment —, on ne va pas lui dire, tu es un garçon, tu es un dur, force. On va au contraire lui faire comprendre que c’est normal d’avoir mal, d’avoir eu peur, de pleurer, de s’inquiéter" poursuit son papa.
Les catégories de genres ne sont en fait pas néfastes par nature. Elles sont utiles pour donner à chacun, et notamment aux enfants, des points de repère dans la société. Le problème, ce sont effectivement les stéréotypes qui en découlent. Hélène Detroz, coordinatrice en milieu d’accueil, asbl Le ballon rouge : "Effectivement, on naît fille ou garçon, mais ce n’est pas pour autant qu’on doit mettre les enfants dans des cases. On a tous reçu une éducation dans laquelle il y avait des stéréotypes. C’est vraiment prendre conscience de ces stéréotypes pour essayer de donner aux enfants la chance, l’opportunité de trouver eux-mêmes ce qu’ils sont fondamentalement eux, c’est vraiment essayer de leur donner les chances d’avoir tout en mains et puis de choisir leur voie à eux".
Et ce qui devrait sembler logique en 2021 ne l’est pas encore. Les médias qui s’adressent aux enfants, notamment, contribuent à véhiculer des stéréotypes d’un autre temps. Isabelle Roskam, professeure à l’UCL en psychologie du développement et de la parentalité : "On est dans une société qui, a priori, va vers une plus grande égalité des genres, et notamment sur le plan de la famille, avec une division des tâches qui se veut moins genrée. Mais parfois, quand on regarde les médias qui s’adressent aux enfants, ça a l’air un peu rétrograde. Il suffit de regarder par exemple des petits livres qu’on raconte aux enfants comme T’choupi, c’est très stéréotypé : le papa part au travail, et la maman reste à la maison. C’est elle qui va conduire à l’école, c’est elle qui fait à manger".
Le marketing, autre responsable d’une vision clichée de la société
Autre responsable de cette vision divisée de la société : le marketing. Dans les années 70, seuls 2% de jeux étaient genrés dans les rayons. Les vendeurs de jouets ont simplement imaginé des jeux pour filles et pour garçons dans le but d’en vendre deux fois plus. Aujourd’hui, certaines marques s’autorisent à proposer à nouveau des jouets pour tous. Marie Lambert, gérante d’un magasin de jouets : "Ici, les cuisinières sont bleues, ils ont mis sur la boîte un petit garçon. Ça, c’est quelque chose qu’on adore chez nous dans le magasin, pour montrer que la cuisine, c’est fille et garçon. Ça prend plus de temps à ce niveau-là de prendre du recul et de se dire, on va quand même faire l’effort de partir dans un autre sens et on va tester finalement et voir si ça marche. Et en fait, nous en tout cas, en tant que commerce, on se rend compte que ça marche tout aussi bien".