Pays de Ploërmel : après la mort de son bébé, Mélinda témoigne pour briser le tabou du deuil périnatal

Pays de Ploërmel : après la mort de son bébé, Mélinda témoigne pour briser le tabou du deuil périnatal

Par Amélie LohoPublié le
Le Ploërmelais
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« Nous étions prêts à vivre avec la maladie, pas à vivre sans elle. » Mélinda Kranzlin s’apprêtait à donner la vie pour la seconde fois mais elle n’aura finalement jamais eu son bébé dans les bras.Pays de Ploërmel : après la mort de son bébé, Mélinda témoigne pour briser le tabou du deuil périnatal Pays de Ploërmel : après la mort de son bébé, Mélinda témoigne pour briser le tabou du deuil périnatal

À sa naissance, Sylia n’a pas poussé de cri. À sa naissance, Sylia n’a pas bougé un cil. Alors que la petite fille grandissait dans le ventre maternel depuis huit mois, elle est mort-née le 22 avril 2021.

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Chaque année dans le monde, près de deux millions d’enfants perdent la vie avant d’arriver au monde. Un événement traumatisant pour les familles, encore tabou dans la société. « J’imaginais donner la vie… C’est la mort qui s’est invitée », résume celle qui affronte depuis, « le regard en chien de faïence des autres. »

Les montagnes russes émotionnelles

Cette grossesse n’aura ressemblé à aucune autre, et la joie de voir son ventre s’arrondir aura été de courte durée. « Neuf mois de montagnes russes », analyse celle qui est passée par toutes les émotions sans imaginer une fois cette issue. Fatale.

D’examens en examens

La prise de sang mettra en exergue un risque élevé. L’amniocentèse est pour eux, l’étape suivante. « Le stress m’a littéralement submergée. Les jours après l’examen m’ont paru des années mais les premiers résultats ont montré qu’il n’y avait pas de marqueurs de trisomie. Innocemment, je pensais que rien ne pouvait plus nous arriver. »

La deuxième échographie démontrera finalement que c’est une fille. « Je me suis sentie chanceuse, surtout qu’aux yeux du gynécologue, il n’y avait rien d’anormal. » À ceci près que ce dernier n’a pas reçu les conclusions de l’amniocentèse pratiquée à Rennes.

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Le couperet tombera le lendemain. « Les tests ont laissé apparaître une anomalie chromosomique. Et sans me donner plus d’explications, on m’a donné un rendez-vous avec une généticienne dix jours plus tard. » Une éternité pour celle qui a fouillé sur internet pour trouver des réponses à ses interrogations. « Très mauvaise idée », avoue-t-elle sans détour.

Son bébé atteint du syndrome de turner

Après des nuits blanches et des journées à ruminer, elle a pu mettre un nom sur la maladie qui frappait son bébé : le syndrome de turner.

La troisième échographie fait dire au cardiologue que Sylia devra être opérée dès la naissance, à Nantes ou Paris, sous peine de risquer une coarctation aortique. Le couple accuse encore le coup mais reste soudé. Plus que jamais.

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Par précaution, le déclenchement de l’accouchement est programmé. C’était sans compter sur des contractions à un mois du terme qui vont venir contrecarrer tous les plans. « J’étais anxieuse, oui, mais surtout heureuse à l’idée de rencontrer notre enfant. »

Ausculté par une sage-femme qui n’arrive pas à trouver le pouls du bébé, Melinda voit le monde s’effondrer sous ses pieds. Un gynécologue arrivé en renfort confirmera que son cœur s’est brutalement arrêté. « Notre rêve a volé en éclats en une fraction de seconde. »

Pas le courage de voir son visage

La situation est « irréelle. » Leur tristesse indicible. Et les heures suivantes seront longues et éprouvantes. « Je n’avais pas d’autres options que d’accoucher naturellement. À ma demande, la péridurale a été dosée pour que je ne ressente rien physiquement. » À sa demande aussi, son ami restera de l’autre côté de la porte.

« Je suis ailleurs. Lui essaye de ne pas perdre pied, il a la lourde tâche de prévenir nos proches. » Mais le couple est rapidement dépassé par les décisions qui incombent au décès du nourrisson. Et se pose alors, la question de rencontrer Sylia.

Le post-partum « avec les suites de couches » laisse psychologiquement des traces. « Ce sont des traumatismes qu’on accepte difficilement sans bébé dans les bras. »

De retour dans le cocon familial moins de 48 heures après le drame, ils feront le choix de ne rien cacher à leur aîné de quatre ans, Rafaël. « Il a été notre moteur pour avancer, un jour après l’autre, depuis quatre mois. »

Une reconnaissance difficile

La maman relate aujourd’hui les faits sans détour mais pas sans pudeur. La tempête d’émotions, elle n’y a pas échappé, mais si elle met aujourd’hui des mots sur ses maux, c’est « pour que les gens arrivent à nous comprendre et s’imaginent ce qu’on a vécu. Qu’ils réfléchissent à l’importance des mots qu’ils prononcent face à nous. »

L’incompréhension de certains membres de son entourage s’est traduite par des phrases maladroites. « Tu n’as pas senti qu’il ne bougeait plus ? » « Tu as fait quelque chose qu’il ne fallait pas ? » « Tu aurais dû t’arrêter plus tôt. » « Vous aurez un autre enfant en meilleure santé. » L’autopsie laissera entendre que Sylia avait le cordon autour du cou.

La trentenaire n’est pas du genre à baisser la garde. C’est une battante. Une combattante. Elle accepte aujourd’hui que ce bébé tristement disparu fasse partie de leur histoire familiale. Et s’attache à ce jour où ils auront une nouvelle vie à chérir. Avec cette bonne étoile qui scintillera plus que jamais, au-dessus de leurs têtes.

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