Tradition – Les Ondel-Ondel, symboles de Jakarta | lepetitjournal.com
À l’occasion du 494ème anniversaire de Jakarta, nous revenons pour vous sur l’histoire des Ondel-Ondel, marionnettes géantes symboles de la capitale indonésienne.
Vous avez forcement croisé au détour d’une rue ces fameuses marionnettes géantes : les Ondel-Ondel. Elles sont aujourd’hui symboles de la capitale et témoins de la culture des Betawi, le peuple originaire de Jakarta. Retour sur l’histoire de ces mascottes qui ont traversé le temps.
Les origines des Ondel-Ondel
Certaines sources expliquent que ces poupées de papier et de bambou trouvent leur origine dans une culture pré-islamique et seraient un mélange de culture betawi, chinoise et balinaise. En 1605, un marchand anglais écrit avoir vu des marionnettes géantes dans des villages participer à des cérémonies visant à apporter protection à la population. Ondel-Ondel est un nom très récent, ces marionnettes étaient connues sous le nom de Barongan.
Elles fonctionnent toujours par paire, l’homme est représenté avec un visage rouge, des dents longues et des yeux globuleux, la femme avec un visage blanc et des lèvres rouges. Leurs têtes sont surmontées d’une couronne faite de feuilles de cocotier séchées. Accompagnées de la musique traditionnelle betawi, on les convoquait pour repousser les mauvais esprits ou les maladies comme la variole.
La construction de la marionnette
Un certain rituel doit être respecté pour la fabrication de ces marionnettes. L’artisan doit faire des offrandes afin que les esprits bienveillants intègrent la poupée. Le corps est fait de bambou, que l’on mouille afin de lui donner forme. Aujourd’hui encore, cette matière première arrive à Jakarta en descendant la rivière Ciliwung. Le visage est fait en bois ou en pâte à papier. Les marionnettes sont toujours vêtues de vêtements de couleurs vives. Ils restent encore à Jakarta quelques artisans qui fabriquent ces marionnettes.
Elles peuvent mesurer jusqu'à 2 mètres et peser 20 kilos. Au vu des mensurations de la marionnette, seuls les jeunes gens peuvent rentrer à l’intérieur et la porter sur leurs épaules. Pak Davi, responsable des Ondel-Ondel de Jakarta, nous explique : « savez-vous comment celui qui est l’intérieur voit pour se déplacer ? Par un trou fait au niveau de la poitrine de la marionnette ; il voit ainsi tout avec le cœur ».
Les Ondel-Ondel aujourd’hui :
Après l’indépendance, les barongan ont pris des visages moins effrayants et sont devenus les icônes de la ville de Jakarta. Le nom Ondel-Ondel serait venu du titre d’une chanson d’un chanteur populaire dans les années 1970, Benyamin Sueb, qui décrivait le comportement d’une poupée géante. La chanson remporta un grand succès et les barongan furent rebaptisés Ondel-Ondel.
On les invite aujourd’hui pour les inaugurations, les fêtes familiales, les mariages, les circoncisions et on les poste souvent à l’entrée des administrations publiques. Au grand désespoir de Pak Davi, les Ondel-Ondel ont été détournées de leur sens et sont utilisées par de jeunes enfants qui, en distrayant le passant, espère recevoir un peu d’argent. « Je ne peux rien dire, mais ces jeunes ne connaissent plus leur culture ». Sur Jakarta, une vingtaine de centres culturels, les senggar, continuent de faire découvrir la culture betawi.
L'’anniversaire de Jakarta sera l'occasion de voir de nombreuse Ondel-ondel accompagnés de musiciens dans les rues.
Petit Plus : rappel historique
C'est en 1958 que le gouverneur de l'époque, Sudiro, déclare le 22 juin jour officiel de la création de la ville de Jakarta. Cette date rappelle la prise de Sunda Kelapa en 1527 par Fatahillah envoyé du prince de Demak.
A l'époque, le port est occupé par le royaume hindou Majapahit qui vient de signer un accord de protection avec les Portugais installés à Malacca en Malaisie. Le sultan du royaume musulman de Demak situé sur la côte est de Java voit d'un mauvais œil la signature d'un accord de protectorat. Il profite de l'absence des Portugais repartis en Malaisie chercher du matériel militaire pour faire envahir la ville. Il envoie Fatahillah, commandant des forces de Cirebon avec 1452 soldats. Sunda Kelapa est encerclée par les forces armées et Fathahillah obtient une victoire totale. Suite à cette bataille, le port de Sunda Kelapa prend le nom de Jayakarta qui signifie en sanscrit : la victoire complète.