Pourquoi mon enfant est plus obéissant avec les autres qu'avec moi ?

Pourquoi mon enfant est plus obéissant avec les autres qu'avec moi ?

"C’est un amour ! On ne l’entend pas", "Je l’ai couché sans aucun problème, moi !", "Il a mangé sans râler, il n’y a qu’avec toi qu’il fait le difficile"… Nombreux sont les parents qui ont entendu ces phrases de la bouche de la mamie, la tatie, de la nounou voire d’un ami. Et pour cause, les enfants peuvent être bien moins conciliants avec leurs parents qu’avec une personne extérieure. En tant que parents, vous vous demandez sans doute pourquoi. "Ma famille pense que je mens ou que j’exagère quand je dis qu’il est difficile avec moi, tant il est sage avec eux. Mi-ange, mi-démon !", confirme Aurore.

Bien souvent, les commentaires de l’entourage vont en effet bon train. "C’est parce qu’avec moi, il sait que ça ne marche pas", "Moi, je ne cède pas, elle a compris", "Il sent que je suis détendue, moi" ou autre variation autour du thème "Avec moi, ça va tout seul". Quel enfer ! Vous vous sentez remise en question dans votre rôle de parent. Et si j’étais nul(le) ? Si je n’y arrivais jamais ? On arrête tout de suite, c’est tout le contraire !

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La théorie de l’attachement

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette différence d’attitude des enfants quand ils sont avec des personnes extérieures ou en la présence de leurs parents, comme le développe pour nous Claire Boutillier, psychologue de l'enfant à Poitiers. La théorie de l’attachement, qui a été formalisée dans les années 50, en fait notamment partie. Le principe de base est simple : un jeune enfant a besoin, un besoin vital, pour connaître un développement social et émotionnel normal, de créer une relation d’attachement privilégiée avec au moins une personne (souvent les parents) qui prend soin de lui de façon régulière, intensive et qui investit l’enfant affectivement.

"Pendant la journée, votre enfant subit quantité de stress, dans le sens où il doit faire face à un ensemble de situation nouvelle ou inhabituelle alors que sa figure d’attachement principale n’est pas là. Il va donc contenir son stress et ses émotions. Une fois qu’il retrouve ses parents, il se sent suffisamment à l’aise et réconforté pour s’exprimer", résume-t-elle. "Mais bien souvent, les parents se sentent malmenés. Le déclencheur est en effet minime au regard d’un adulte. Mais avec le stress accumulé et contenu au cours de la journée, une petite contrariété devient la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les parents ont le sentiment qu’il 'se décharge' sur eux, mais il faut juste y voir un rapport de confiance et un sentiment de sécurité."

Apporter les clés de compréhension à son enfant

Cependant, on ne peut pas tout mettre sur le dos de la qualité d’attachement. Il faut aussi se rappeler qu’un enfant n’est pas nécessairement ce que les adultes attendent de lui :sage, docile ou silencieux. "Un enfant est intuitif et son raisonnement reste partiel. Il faut lui apporter en tant qu’adulte les ressources suffisantes pour qu’il comprenne les règles et que petit à petit, il soit en mesurer de les respecter." Par exemple, s’il se met à dessiner sur un mur, il ne faut pas lui dire "ne dessine pas sur le mur", car dans ce cas, il n’aura pas saisi que ça vaut aussi pour le sol par exemple. Il a besoin d’une consigne claire et orientée sur ce qui est permis plutôt que sur l’interdit : "Pour dessiner, c’est sur une feuille de papier ou ton cahier de coloriage". Les enfants n’ont pas encore tous les codes. On a tendance à faire des raccourcis mais eux ont besoin qu’on leur apprenne chaque manière de faire.

Comment réagir quand notre enfant nous fait« une scène » ?

Pourquoi mon enfant est plus obéissant avec les autres qu'avec moi ?

Tout d’abord, il faut différencier ce qui tient d’une réaction de stress ou bien d’une réaction émotionnelle telle par exemple la colère. C’est du stress si l’enfant est désorganisé, ne sait pas lui-même ce qu’il veut, se roule par terre et que ses membres partent dans tous les sens. Dans ces moments-là, la meilleure chose à faire est de contenir avec douceur l’enfant dans ses bras. Il a besoin d’être rassuré. Pour ceux pour qui il est difficile d’avoir un contact physique dans des moments pareils, il faut s’efforcer en tant que parent de rester avec lui, de le rassurer. Il a été maintes fois démontré que la punition avait rarement la conséquence escomptée.

Dans le cas où votre enfant est tonique, tendu, que son agressivité est orientée vers un but bien précis et par exemple qu’il se met à mordre ou à taper, c’est qu’il est en colère et qu’il ne sait pas comment maitriser sa réaction. Il faut commencer par intervenir, en stoppant l’épisode violent. Ensuite, plutôt que de crier, il faut rappeler la règle et lui expliquer qu’il faut exprimer ce qui ne va pas. Il vaut mieux passer par des formules positives comme «je comprends que tu sois en colère, mais plutôt que de taper, il vaut mieux …»

Des cas pratiques pour mieux comprendre

Enfin, voici trois cas rapportés par des mamans sur lesquels notre spécialiste s’est penchée:

Première situation : « Ma fille de 3 ans et demi est un ange avec la famille et les amis, à l'école je n'ai pas de problème non plus. En revanche, une fois la porte de la maison fermée, son comportement change du tout au tout. Elle me rend chèvre ! Elle est toujours dans la contradiction, quand ça ne va pas dans son sens c’est un calvaire. Je ne lâche pas, je reste ferme mais j’avoue qu’il m’arrive de déprimer quand elle est couchée car j'ai l'impression d'avoir fait le gendarme toute la journée et de ne pas avoir eu de moments de complicité avec elle… »

L'avis de la pro : C’est une hypothèse, mais je crois que la mère et sa petite fille recherchent la même chose, mais qu’elles ont finalement du mal à le communiquer. Peut-être qu’en étant difficile avec sa maman, elle cherche simplement son attention. Pourquoi ne pas imaginer installer un petit temps de complicité avant de rentrer de l’école ? Un petit moment au parc, un jeu… avant que chacune ne rentre dans sa routine à la maison.

Deuxième situation : « Chez nous je dirais que c'est tout l'inverse ! Baptiste, cinq ans et demi est un enfant unique plutôt facile et agréable avec nous ses parents. Plutôt obéissant, il nous écoute la majorité du temps, mange de tout, se couche sans problème et très câlin. Bien sûr il a ses moments rebelles où il boude mais ils sont plutôt rares car je pense qu'ilconnaît parfaitement les repères de la famille et les limites à ne pas dépasser, même si parfois il teste pour vérifier qu'elles sont toujours les mêmes ! En revanche, s'il est chez mamie ou face à un public : grands-parents, amis, copains d'école ou simples gens dans la rue car il n'est pas du tout timide, il se transforme en petit voyou pour afficher un semblant de caractère qui ne ressemble pas forcément à l'enfant qu'il est au quotidien. Il teste, provoque, boude, se rebelle ou répond comme pour "faire l'intéressant" et il n'est pas facile de lui faire entendre raison en dehors du cadre familial, même s'il redevient le petit ange qu'il sait être dès que nous nous retrouvons tous les trois. »

L'avis de la pro : Baptiste semble avoir une super relation avec ses parents, avec beaucoup d’attention. C’est génial ! Mais peut-être qu’il éprouve une certaine difficulté à s’adapter à l’extérieur car on ne lui accorde justement pas la même attention et qu’il ne comprend pas pourquoi. Il n’a peut-être pas les codes pour comprendre qu’on n’agit pas forcément de la même manière dans un cercle très privé et en société.

Dernière situation : « A la maison, il n’y a rien à redire, Laëtitia est sage. En revanche, quand on va chez mamie, elle ne m’obéit pas du tout en sa présence… mais elle lui obéit à elle ! »

L'avis de la pro : Peu d’informations, la petite fille semble préférer se conformer simplement à l’adulte référent du lieu. Si on lui a dit qu’à l’école, c’est la maîtresse qui a raison, qu’à la maison c’est papa et maman, elle se dit que chez mamie, c’est mamie qui commande !

Merci à Claire Boutillierclaireboutillierps.wixsite.com

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