Entrez dans la caverne d'Ali Baba d'Emmaüs, près de Rouen : "Il y a de véritables pépites !"
Par Manon Loubet Publié le 76actu Voir mon actu
Emmaüs, les rois de la récup’ ! À Notre-Dame-de-Bondeville, près de Rouen (Seine-Maritime), la communauté de 50 compagnons reçoit le bric-à-brac des habitants de l’agglo six jours par semaine. Pour ce cinquième volet de notre série présentant les coulisses et le fonctionnement de lieux de Rouen et son agglo, nous sommes allés visiter l’impressionnant espace de dépôts de dons d’Emmaüs.
La partie dépôt occupe une grande partie de la communauté – toute la partie droite du terrain – , le reste étant partagé entre les magasins, les espaces de vente, les logements des 50 compagnons, un potager et une cantine.
De huit heures à 11h45 et de 13h30 à 17 heures, du lundi au samedi, les voitures défilent devant le quai des dépôts d’Emmaüs. « Les gens déposent de tout, assure Stipo, co-responsable de la communauté. Nous acceptons tout ce qui est en bon état, à l’exception des pneus, des bouteilles de gaz, des armes, des combustibles et des cassettes VHS. Ce serait une charge de travail supplémentaire pour nous de les évacuer vers une déchetterie. »
Deux à quatre compagnons se relaient pour accueillir les nouveaux dons. « Nous recevons beaucoup de vêtements, de livres, de jouets, de bibelots, de vaisselle, de meubles… », indique un compagnon. Dès la réception, chaque don trouve sa place dans un grand hangar d’environ 120 m2, avant d’être trié.
Un parcours de réinsertion
Pour rappel, Emmaüs accueille des hommes et des femmes de tous horizons, dans le cadre d’un accueil inconditionnel. Une fois dans les murs de la communauté, ces personnes deviennent des compagnons et des compagnonnes. Souvent issus de parcours difficiles, ces personnes retrouvent alors un certain goût à la vie en venant s’installer à Emmaüs. « La communauté permet de se « refaire une santé », de retrouver les repères d’une vie sociale organisée. Elle procure la fierté de se sentir à nouveau utile, et donne un sens à la vie en se mettant au service des plus démunis, grâce aux nombreuses actions de solidarité réalisées », présente Emmaüs France.
En partenariat avec d’autres associations, Emmaüs propose également aux compagnons des parcours de réinsertion pour qu’Emmaüs ne soit qu’un passage pour remettre leur vie en ordre de marche. « Mais chacun reste le temps qu’il veut, il n’y a pas de règle. Personne n’est payé ici mais tout le monde est nourri, logé et blanchi », conclut Stipo.
Pour faire tourner l’immense site, une trentaine de bénévoles vient prêter main forte aux compagnons. Retraités, étudiants mais aussi salariés contribuent ainsi aux missions, notamment au tri, l’une des plus grosses charges de travail, dans les différents hangars de la communauté de Notre-Dame-de-Bondeville.
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Un travail important de tri
« Ici à gauche, ce sont les jouets, présente Stipo, en pointant du doigt une montagne de jeux pour enfants de plusieurs mètres de haut. Là-bas, ce sont les livres, au fond les vêtements, ici, les luminaires… »
Tout est bien organisé même si dans chaque espace, c’est un bazar sans nom. C’est normal, les petites mains des compagnons et des bénévoles ne sont pas encore passées par là. « Ici, nous faisons un gros travail de tri », souligne Stipo.
Par exemple, dans la salle de tri des livres, Patrick, bénévole, vient une fois par semaine choisir les plus beaux ouvrages pour ensuite les mettre en vente dans les magasins, situés sur le site de Notre-Dame-de-Bondeville mais aussi au Petit-Quevilly et dans la toute récente boutique du quartier de la Grand-Mare, à Rouen.
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« Je suis moi-même collectionneur de livres, j’adore ça, raconte Patrick avec passion. Chaque jour, nous recevons beaucoup de livres. Dans un premier temps, je sélectionne tous ceux qui sont en bon état et on envoie au recyclage tous ceux qui sont abîmés. Ensuite, ceux qui ont de la valeur ou qui sont vraiment très beaux sont mis de côté pour les ventes spéciales. »
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Savoir s’entourer de connaisseurs
Plusieurs fois par trimestre, Emmaüs organise des ventes spéciales sur des thèmes. « On choisit les thèmes en fonction des arrivages, indique Stipo. En ce moment, nous avons une vente spéciale sur la maroquinerie et les bijoux. Puis, on va avoir les grandes ventes le premier week-end de décembre pour Noël… » Pour ces ventes, les bénévoles et les compagnons mettent de côté les pépites retrouvées dans cette véritable caverne aux merveilles. « Les ventes spéciales, ça vaut vraiment le coup, il ne faut pas les rater et je vous conseille d’y arriver tôt », sourit un bénévole.
« On trouve parfois des livres de grande valeur datant du XIIIe siècle qui sont en très bon état que l’on peut revendre à un très bon prix. Ceux-là peuvent intéresser les collectionneurs, les antiquaires, les libraires…, assure Patrick. Mais pour repérer ces livres rares, il faut être connaisseur. » « C’est pour cela que nous essayons de nous entourer de bénévoles passionnés. Dans ce local, par exemple, les horloges et les appareils photos sont sélectionnés, réparés et remis en état par deux fins connaisseurs, continue Stipo. L’un est un horloger à la retraite et le deuxième, un grand passionné de photo. »
Une mine d’or pour les tournages
Emmaüs travaille également avec le monde des artistes, que ce soit pour des tournages ou des pièces de théâtre. Étienne, bénévole et décorateur, est venu sélectionner plusieurs éléments de décors pour un prochain tournage. « Aujourd’hui, je viens en tant que décorateur, je viens chercher des meubles, des accessoires, des costumes… Il y a tellement de belles choses qui arrivent ici, c’est une mine d’or ! »
Étienne a également une bonne connaissance des matières premières. « Quand je viens en tant que bénévole, j’aide les compagnons à faire le tri et à valoriser tout ce qu’Emmaüs reçoit pour réaliser de meilleures ventes », souligne-t-il.
Derrière ce premier grand bâtiment qui reçoit les dons, on trouve ensuite plusieurs ateliers. « Dans l’atelier électroménager, on teste tout : les machines à laver, les micro-ondes, les grille-pains et tout ce qui ne marche pas est envoyé au recyclage », énumère Stipo.
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Emmaüs évolue avec les idées des uns et des autres
Il y a également un atelier vélo, un atelier mécanique, un atelier pour récupérer le cuivre, un atelier pour réparer les meubles… « Chaque Emmaüs évolue en fonction des idées de ses compagnons et de ses bénévoles. Nous poussons les compagnons à mener leur propre projet en fonction de leurs compétences. Par exemple, l’atelier mécanique est tout nouveau, il a été mis en place à l’initiative d’un compagnon. »
Au fond de la grande cour, il y a des énormes conteneurs. « Tout ce que nous ne pouvons pas valoriser, nous l’envoyons au recyclage dans différentes entreprises ou associations comme Paprec, le Relais, Véolia électroménager…, énumère le co-responsable de la communauté de Notre-Dame-de-Bondeville. Il y a aussi des compagnons qui se sont spécialisés dans le recyclage. » À Emmaüs, il y a de la place pour tout le monde et pour toutes les compétences.
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Plus d’informations sur la communauté Emmaüs de Notre-Dame-de-Bondeville en cliquant ici.Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre 76actu dans l’espace Mon Actu . En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.
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