Les réponses à vos questions sur la vaccination des enfants contre le Covid-19

Les réponses à vos questions sur la vaccination des enfants contre le Covid-19

Il y a les parents qui ont sauté sur l'occasion pour faire vacciner leur enfant de plus de 12 ans, ceux qui s'y refusent catégoriquement et d'autres qui attendent encore pour trancher... Les questions autour de ce vaccin contre le Covid-19 sont encore nombreuses. Pour tenter d'y voir plus clair, le Professeur Gras-le-Guen* a répondu à nos questions avec pédagogie.

Pourquoi le vaccin est-il recommandé à partir de 12 ans ?

Le Covid-19 est un virus inédit et il a un effet très différent en fonction de l’âge. Les petits enfants s’infectent peu, les jeunes un peu plus mais souvent des formes bénignes voire sans symptômes et les adultes peuvent développer des formes graves voire mortelles. Plus on avance en âge et plus les effets sont importants. Il était donc logique de se préoccuper dans un premier temps des plus vulnérables et des plus âgés.

Maintenant que cette première phase est terminée, on a décidé de cibler la vaccination entre 12 et 18 ans depuis cet été car le virus circule plus dans les collèges et lycées qu’en crèche, en maternelle ou en primaire.

Aujourd’hui, nous disposons de suffisamment de données pour dire que très peu de formes graves du Covid-19 se développent entre 12 et 18 ans. Les formes graves de COVID chez l’enfant s’appellent PIMS (syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique) dont environ 600 cas ont été observés depuis le début de la pandémie. Ces cas donnent lieu à une grande fatigue, de fortes fièvres et une défaillance cardiaque. Même si cela est sans commune mesure avec le poids de la maladie chez l’adulte, on ne peut pas banaliser ces syndromes. Vacciner c’est aussi une façon de prévenir ces PIMS.

Lire aussi :Covid-19 : c'est quoi le syndrome PIMS qui touche les enfants ?

Enfin, se faire vacciner c’est aussi obtenir un pass sanitaire et retrouver une vie normale : reprendre le sport, voir ses copains… On a vu le poids de la crise sanitaire sur la psychologie des enfants, la santé mentale a été très éprouvée lors de cette pandémie. Il faut un retour à la vie normale.

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Le vaccin est-il le même pour les adolescents que pour les adultes ?

Oui, en sachant que l’on utilise uniquement le vaccin à ARN messager pour cette tranche d’âge, c’est-à-dire celui de chez Pfizer. Comme le virus, le vaccin a aussi des effets différents en fonction de l’âge. Le vaccin AstraZeneca donnait des effets secondaires plus forts chez les plus jeunes (les étudiants en médecine qui avaient été vaccinés avec avaient de fortes fièvres). On l’a donc réservé aux plus âgés. On s’adapte en fonction des découvertes et ce qu’on constate.

Ndlr : le laboratoire Pfizer a annoncé dans un communiqué que concernant la vaccination des 5-11 ans, le dosage avait été adapté à 10 microgrammes par injection, contre 30 microgrammes pour les groupes plus âgés.

De quoi ont peur les parents et comment les rassurer ?

La première chose qui inquiète, c’est ce qui circule sur les réseaux sociaux, cette cacophonie où chacun est un expert et donne son avis. C’est terrible, cela a conduit à un chaos dans les esprits.

Les parents s’interrogent sur le fait de vacciner des enfants en pleine croissance, mais je leur réponds que ce n’est pas un problème puisque c’est ce que l’on fait depuis la découverte de la vaccination. Les enfants et les adolescents reçoivent déjà depuis longtemps de nombreux vaccins et c’est le même principe.

Sur l’ARN messager, ils se demandent s’il y aura des effets secondaires, disent qu’on manque de recul… Les inquiétudes sur un nouveau produit sont légitimes mais plus de 10 millions de doses de ce vaccin ont déjà été distribuées et les effets secondaires identifiés au fur et à mesure qu’ils étaient observés. Notamment sur les jeunes garçons, on a recensé 33 cas (sur 238) de myocardite chez des moins de 19 ans, selon les données de l'ANSM à la mi-septembre. Mais il faut savoir que les effets secondaires observés ont eu lieu dans la semaine qui suit la vaccination. De manière générale, les effets secondaires associés aux vaccins sont immédiats ou dans les jours qui suivent mais pas observé au long cours. Les bénéfices/risques à ce jour sont clairement en faveur de la vaccination.

Pensez-vous qu’à terme, il faudra vacciner les enfants de moins de 12 ans ?

La vaccination des enfants de moins de 12 ans n’est pas encore d’actualité en France, mais elle ne saurait tarder. En effet, les laboratoires Pfizer et BioNtech ont annoncé que les résultats des essais de leur vaccin chez les enfants, le qualifiaient de "sûr" et "bien toléré" chez les 5-11 ans. A ce jour on n’a pas assez d’études qui permettraient de valider le vaccin chez les moins de 12 ans, mais elles sont en cours et les agences sanitaires nationales devraient donner leurs conclusions en fin d’année ou début d’année prochaine. Trois facteurs sont en jeu : l’efficacité du vaccin, les effets secondaires et l’évolution de la pandémie. En effet, si le virus circule moins, on n'en n’aura pas besoin.

La vaccination des enfants peut participer à l’immunité collective, elle est donc à discuter. Et quand on voit le nombre de classes de primaires qui ferment, les enfants obligés de porter un masque… On aimerait que les enfants puissent aussi avoir une vie normale, ce qui nécessite de faire évoluer les mesures barrières à la circulation du virus.

Aujourd’hui, toute la politique de santé autour du virus est d'organiser pour limiter les morts et les passages en réanimation et le vaccin dont on dispose protège à 98% des décès et passages en réanimation. Le message à retenir : pour diminuer la pression qu’on fait peser sur les enfants et les adolescents et limiter les contraintes qu’on leur fait subir, il faut commencer par faire vacciner les adultes ! Pour protéger les enfants des effets délétères de la crise sanitaire, parents et grands-parents : vaccinez-vous !

*Chef de service des Urgences Pédiatriques et Pédiatrie Générale du CHU de Nantes et Présidente de la Société Française de Pédiatrie.

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