Lille : Une créatrice de mode qui vend des fringues écoresponsables au juste prix
Elle fait du neuf avec du vieux, en mieux. L’industrie du prêt-à-porter incite de mille manières les clients à acheter toujours davantage de vêtements neufs. Une aberration consumériste et écologique au regard des ressources, comme l’eau, que cette même industrie gaspille. Charlotte Aubée, une couturière lilloise, a pris les choses dans l’autre sens en misant sur la « mode circulaire » vendue à « prix conscient ».
Son métier de couturière, Charlotte Aubée le porte jusque dans son corps : « Je ne sais même plus combien je me suis fait tatouer de paires de ciseaux », plaisante la jeune femme. Lorsqu’elle a commencé à créer des vêtements, il s’agissait de pièces de style pin-up et rockabilly, très raccord avec le look que Charlotte arbore encore aujourd’hui. « Mais c’était compliqué et long, parce qu’il fallait notamment faire toutes les tailles, du 34 au 50 », reconnaît-elle.
« Il n’y a quasiment jamais deux modèles identiques »
Indépendante sous le nom de « By Charlotte », la créatrice a eu une méchante baisse de revenus lors de son congé maternité à l’arrivée de son deuxième enfant : « Je n’avais pas les moyens de lancer une nouvelle collection alors j’ai eu l’idée de réutiliser des vêtements qui me serviraient de matière première », se souvient Charlotte. Elle ne se contente donc pas de transformer des fringues de récup, celles-ci sont entièrement démembrées pour fabriquer ses propres modèles. « J’ai des basics pour femme et enfants que je décline en fonction des arrivages. Finalement, il n’y a quasiment jamais deux modèles identiques », explique Charlotte.
Sa matière première ne lui coûte rien, l’essentiel des vêtements de seconde main récupérés provenant de dons de particuliers. Et même si Charlotte achète parfois du tissu, il était hors de question qu’elle vende ses créations au prix fort : « De manière générale, les vêtements de créateurs sont chers, glisse-t-elle. Je voulais rendre accessible le fait main ». Et pour cela, Charlotte pratique des « prix conscients ». Sur l’étiquette de chaque vêtement, elle inscrit le temps passé, le coût de la matière et un prix plancher. « Ce prix me permet de payer mes charges et de me rémunérer au Smic. Libre aux clients de mettre davantage s’ils peuvent ou s’ils veulent. » Et ça marche puisque, selon la créatrice, 80 % des acheteurs payent davantage que le prix plancher, « parfois même le double », affirme-t-elle.
Du coup, tout le monde s’y retrouve, même la planète. « Clairement, je me suis mise à la mode circulaire parce que j’étais dans la galère », concède Charlotte. Sauf qu’elle s’est prise au jeu et pousse le concept jusqu’au bout. Les nombreuses chutes de tissu que son activité génère, elle les refourgue à d’autres couturières via les réseaux sociaux : « rien ne va à la poubelle », promet-elle.
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