Marc Fournier La ville pour le métier, la campagne pour s’exprimer

Marc Fournier La ville pour le métier, la campagne pour s’exprimer

Entre deux tournages de District 31, Marc Fournier prend la route et file vers Saint-Étienne-des-Grès, où il a trouvé son pied-à-terre à la campagne. Parcours d’un passionné qui apprécie « le rapport aux gens » quand il débarque dans sa Mauricie natale.Marc Fournier La ville pour le métier, la campagne pour s’exprimer Marc Fournier La ville pour le métier, la campagne pour s’exprimer

Publié le 29 janvier
Yvon LapradeCollaboration spéciale

Ce jour-là, il venait de nettoyer les poulaillers de la ferme avicole de son beau-père. « Je donne un coup de main à l’occasion, ça me change de mon métier [d’acteur] », témoigne celui qui incarne le sergent-détective Yves Jacob à propos de sa participation au sein de l’entreprise familiale.

Marc Fournier a trouvé son terrain de jeu, son espace nature, son endroit de prédilection pour décanter et vivre au rythme du temps. « Loin des cônes orange de la ville ! », ironise-t-il.

Comme bien d’autres citadins étouffés par le confinement pandémique, c’est à la fin de l’hiver 2020 qu’il a ressenti le besoin, puissant, de sortir de la ville pour aller respirer de l’air frais.

« C’est mon beau-père [Marcel Lampron] qui m’a donné le signal. Il m’a dit : “Il y a du travail à la ferme et tu peux venir si tu veux.” En raison de la COVID-19, il n’y avait pas de tournage. J’avais beaucoup de temps libre. »

Tout s’est fait naturellement. « J’avais déjà un endroit où loger, explique-t-il. Quelques années auparavant, j’avais aidé à la construction d’une petite maison attenante aux bâtiments agricoles. J’y allais de temps en temps avec ma conjointe et nos deux enfants. »

Et il y avait la « shop à bois » où le comédien, qui aura 49 ans le 4 février, avait pris l’habitude, bien avant la crise sanitaire, d’aller se faire la main en mettant à contribution ses talents d’artisan.

« Je ne pouvais demander mieux, convient-il. J’avais accès à un très bel atelier avec tous les outils pour m’exprimer, le banc de scie, la moulurière, la sableuse, la dégauchisseuse, les couteaux à bois. »

Marc Fournier La ville pour le métier, la campagne pour s’exprimer

En ville, je me concentre sur mon métier. À Saint-Étienne-des-Grès, je deviens éleveur de poulets, je suis soudeur, je conduis un tracteur, une camionnette ; j’ai les bottes pleines de bouette, les vêtements poussiéreux !

Marc Fournier, acteur

Un retour aux sources

Il faut comprendre que c’est un retour aux sources pour le natif de Cap-de-la-Madeleine qui a quitté la région de Trois-Rivières, à 18 ans, pour aller étudier au cégep, à Montréal.

« À l’époque, je voulais découvrir la grande ville, je me sentais à l’étroit dans mon patelin », dit-il en rétrospective. On devine que son regard a évolué avec les années.

« Je redécouvre ma région, j’aime cet environnement fait de forêts, de lacs, de rivières, la Saint-Maurice, les grands espaces. »

Mais pas question, du moins pour les prochaines années à venir, de retourner vivre à temps plein dans son coin de pays. « Je ne dis pas que c’est impossible, mais ma famille et moi — sa conjointe et lui ont deux enfants âgés de 13 et 18 ans —, on aime bien cet entre-deux, cette vie partagée entre la vie en ville et la vie à la campagne », précise l’acteur qui habite dans le Vieux-Longueuil.

À Saint-Étienne-des-Grès, il loge au deuxième étage d’une petite maison de 24 pi x 24 pi qui abrite, au rez-de-chaussée, le bureau de son beau-père Marcel.

« Ce n’est pas le grand luxe, c’est un peu comme notre chalet. On a tout ce qu’il faut pour être confortable. »

Un artisan du bois

En Mauricie, « l’enquêteur Yves Jacob » passe beaucoup de temps dans sa « shop à bois » où il fabrique des meubles en pin avec des arbres qui ont été coupés sur les terres, à proximité.

Il ouvre ici une parenthèse pour parler de la gestion ordonnée de la forêt et de l’importance de faire des coupes sélectives. « On veut qu’il y ait encore des arbres dans 50 ans », espère-t-il.

Il a la fibre. Il aime savoir d’où provient la ressource. Cela lui permet d’expliquer à ses clients les étapes qui entrent dans la fabrication d’une table, d’un meuble, d’une base de lit.

Chaque réalisation est unique,je ne fais jamais le même modèle. Je dis toujours à mes clients : “Le résultat n’est pas garanti, maisje vais m’arranger pour qu’il soit à votre goût !”

Marc Fournier, acteur

Ce sont principalement les 30-35 ans qui lui passent des commandes. « Ils aiment le bois parce que c’est durable. Ils ne veulent rien savoir des meubles préfabriqués à la IKEA ! »

Certains se présentent à sa « shop » sans savoir qu’ils vont se retrouver face à face avec l’enquêteur de police… « Après cinq ou dix minutes à jaser, ils me lancent comme ça : “Excuse-moi, es-tu Yves Jacob ?”. Et c’est à ce moment que les langues se délient et que la conversation prend une tout autre tournure. »

À ce propos, Marc Fournier sait très bien que le succès et la popularité peuvent rapidement devenir éphémères. « Ça peut changer vite dans ce métier, mais pour le moment, j’apprécie comment les choses se déroulent dans ma vie, résume-t-il. J’ai aussi la chance d’avoir acquis la maturité nécessaire pour vivre ça, avec mon personnage dans District 31. »

Ce n’est pas sans raison qu’il s’est attaché à son Saint-Étienne-des-Grès. « Ici, je suis Marc Fournier, pas Yves Jacob. J’aime le contact avec les gens, leur facilité d’approche. Et je tiens compte des conseils des personnes d’expérience qui passent me voir à l’atelier. »

Le chalet de pêche de son père

En plus d’avoir son pied-à-terre à la campagne, Marc Fournier possède avec son frère un petit camp de pêche dans le bois.

« C’est un chalet en bois rond que nous a légué mon père lors de sa mort, dit-il. Mon frère et moi, nous y allons tous les étés. On a un attachement émotif. »

Le camp de pêche familial dans la MRC de Mékinac, en Haute-Mauricie, n’est pas à la porte. « Ça me prend un bon cinq heures pour m’y rendre [à partir de Longueuil], dit-il. Mais ça en vaut la peine ! La route 55 [qui longe la rivière Saint-Maurice] est tellement belle, avec la forêt et la montagne autour. »

C’est cette Mauricie-là, celle où il allait taquiner le poisson avec son père, dans une autre vie, qu’il souhaite transmettre à ses enfants. Et de toute évidence, ils ont déjà commencé à marcher dans ses pas. « Ils sont presque devenus de meilleurs pêcheurs que moi ! », lance-t-il avec une certaine fierté parentale.

Mots clés: