Les témoignages matériels de la construction de l’État des Pyrénées : la Co-principauté d’Andorre (France)
Description
Le bien transnational en série "Les témoignages matériels de la construction de l'Etat des Pyrénées : la Co-Principauté d'Andorre" est une sélection de monuments distribués dans les trois Etats qui témoignent d'une histoire et d'une réalité unique qui, sans interuption, au cours du dernier millénaire, fut tissée à trois mains par le peuple d'Andorre, les évêques d'Urgell et les comtes de Foix, puis par leurs successeurs : rois de France, dirigeants de la période révolutionnaire et de l'Empire et, finalement, les présidents de la République française. La série se compose de douze monuments (10 en Andorre, 1 en France et 1 en Espagne) de différentes périodes, du Moyen Âge au XVIe siècle, qui nous sont parvenus dans un bon état de conservation et de protection et qui possèdent, tous, un degré optimal d'authenticité et d'intégrité.
Riche de son hétérogénéité typologique, stylistique et fonctionnelle, cette série de témoignages, architecturaux et archéologiques, religieux et civils, s’accompagne d'un fonds documentaire extraordinaire. Elle enseigne, sur plus de sept cents ans, sans hiatus, de manière complète et cohérente, d’une façon authentique et complète, le processus exceptionnel de construction d'un État européen jusqu'à aujourd'hui. Sis sur le même territoire, avec les mêmes frontières, avec la même structure administrative et territoriale, cet état se fonde sur le même triangle de relations institutionnelles remontant au XIIe siècle qui, aujourd'hui, structure, encore, sa Constitution et ses institutions d’État indépendant, moderne, démocratique et social : la Coprincipauté d'Andorre.
De la ville de La Seu d’Urgell à la ville de Foix il y a, à vol d’oiseau, approximativement soixante-dix kilomètres. Deux jours et demi en marchant d’un bon pas ; aujourd’hui, à peine deux heures en voiture. Le chemin le plus direct qui reliait les deux villes, montait en longeant le Valira vers l’amont, pénétrait dans les Vallées d’Andorre, franchissait les montagnes en passant par les cols – Soldeu, Fontargent, Port del Rat – et redescendait pour rejoindre la plaine toulousaine en suivant l’Ariège vers l’aval. L’itinéraire, du nord au sud, du sud au nord, traverse les Pyrénées axiales ; ces formidables montagnes qui articulent la péninsule ibérique au reste du continent. La ligne droite qui passe par la cathédrale d'Urgell, l’Andorre et le château de Foix est pratiquement perpendiculaire à l'axe de la chaîne pyrénéenne, elle dessine une section idéale de celle-ci. Débutant à 700 d'altitude à la cathédrale d'Urgell, elle croise un agglomérat de sommets qui avoisinnent les 3000 mètres, dans lequel s'inscrit l'Andorre, puis continue jusqu'à 400 mètres au château de Foix. Cet axe illustre la totalité de la séquence géologique, géomorphologique, environnementale et climatique du contexte qui héberge la série constituant le bien. Paramètres physiques qui ont servi de catalyseurs, assuré la permanence, imprimé le caractère et donné sa physionomie au bien et à chacun des témoignages de la série.
Tout le long de cette route, éparpillés au fond des vallées, nous trouvons un ensemble d’éléments patrimoniaux de premier ordre qui témoignent d’une relation multiséculaire partagée entre l’Urgellet, l’Andorre et l’Ariège ou l’ancien comté de Foix. Pris individuellement, les monuments sont sans nul doute splendides. Mais si nous les contemplons de manière organique, en réseau, interconnectés, ils nous parlent d’une seule voix, ils témoignent et nous racontent une histoire singulière, exceptionnelle, sans précédent en Europe et dans le monde : la création politique de l’État andorran, résultat de l’équilibre entre les pouvoirs civils, le pouvoir ecclésiastique et le contrepoids nécessaire de communautés locales modestes mais bien organisées. Les scènes de ce processus, parfaitement visibles aujourd’hui, sont les tesselles d’une mosaïque vivante. Ce sont des témoignages du passé qui ont bâti un présent unique dans l’histoire européenne et mondiale et qui se projettent dans l’avenir, en intégrant des structures nées il y a plus de sept cents ans, elles-mêmes héritières de relations, étroites et ininterrompues, entre les communautés des vallées de l’Ariège, de l’Andorre et de l’Urgellet nées d’un legs commun très lointain, présent sans interruptions ni discontinuités ni dans le temps ni dans l’espace.