Mike Mills, réalisateur de “Nos âmes d’enfants” : “À Hollywood, je suis hors sujet !”

Le réalisateur américain de 56 ans aime tourner des films à petits budgets, mais portés par des stars. Cette fois, Joaquin Phoenix, qui incarne un oncle obligé de s’occuper de son neveu. Le cinéaste revient sur la création de ce film personnel.

Quand on demande à Mike Mills quelle est sa place dans l’industrie du cinéma américain, le réalisateur de Nos âmes d’enfants (en salles depuis le 26 janvier) a une réponse à la fois ironique et un rien désabusée : « Je suis un dinosaure, une espèce menacée. Je ne fais pas des superproductions, mais je ne tourne pas non plus des petits budgets fauchés. Bref, je suis hors sujet ! Je ne me considère pas comme un cinéaste “indépendant” − un terme marketing que je n’aime pas, et qui ne veut rien dire. À Hollywood, vous êtes qualifié d’“indé” quand vous travaillez avec des inconnus pour une poignée de dollars, en dehors des règles syndicales. Moi, j’aime tourner avec des stars. Et l’économie de mes films en dépend : ce n’est pas l’intérêt ou la qualité de mes scénarios qui attire les investisseurs, mais l’attractivité de mes castings. »

Après Tilda Swinton et Keanu Reeves pour Âge difficile obscur (2005), son premier long métrage tourné à 39 ans, après Ewan McGregor et Christopher Plummer (Beginners, 2009), après Annette Bening (le magnifique et trop peu vu 20th Century Women, 2016), c’est ainsi l’engagement sans faille de Joaquin Phoenix, auréolé de son deuxième Oscar du meilleur acteur pour Joker, qui a permis au cinéaste californien de trouver les fonds pour Nos âmes d’enfants. Un projet tout aussi personnel que ses trois films précédents, mais avec un changement complet de point de vue : alors que Mike Mills rendait hommage à son père assumant sur le tard son homosexualité dans Beginners, puis à sa mère féministe dans 20th Century Women, il s’interroge cette fois sur sa relation avec son propre fils.