Notre guide pour découvrir le Finistère Sud
L'identité finistérienne se nourrit du "droit du cœur", du sentiment minoritaire et d'un certain art de vivre.
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# Culture : l'art dans les filets
Musées et festivals animent la vie estivale, à bon rythme. Mais la Bretagne se dévoile aussi à qui sait pêcher à la traîne. Au détour d'une usine ou d'une chapelle fleurie, étonnantes histoires et beautés insoupçonnées sont à capturer.
> Gonflé à bloc
Promises à la casse ou la revente au kilo, des bouées et balises rouillaient sous la pluie dans une zone industrielle, remplacées par du matériel plus léger. Noël Le Hénaff, journaliste et photographe, a eu l’idée qu’elles soient exposées dans la ville et entretenues au nom d’une certaine idée de l’archéologie industrielle. Chacune est flanquée d’un panneau explicatif. Unique en France.
Conservatoire de plein air des bouées et balises marines, sur le port de Poulgoazec, rue Noël-le-Hénaff, Plouhinec, 02-98-70-87-33.
> Haute statue
Entre le cap Sizun et le pays bigouden, le monument aux morts vaut le détour. Taillé dans la pierre, Sébastien Le Gouill se tient tête nue, le chapeau à la main, un poing serré sur le cœur, appuyé contre un menhir. Cet homme a perdu trois fils et un gendre pendant la grande guerre. En 1922, il fut le modèle du sculpteur René Quillivic, à l’origine de cet hommage.
Monument aux morts dans le jardin de l’église, Plozévet.
Les balises, toute une histoire… (Brigitte Rebolar)
> "Boat" de conserve
La conserverie Courtin, qui a bâti sa réputation sur un confit de saint-jacques irréprochable, était depuis 1893 entre de classiques murs de pierres, sur un quai de Concarneau. La voici depuis février à Trégunc, étonnamment design, tel un long paquebot noir à la renverse avec trois cheminées jaunes à rayures. L’idée est d’augmenter la production dans des locaux plus spacieux mais aussi de développer le tourisme industriel. Dans cette optique, un petit musée de la conserve a été intégré à l’usine ainsi qu’un circuit parmi les ouvriers.
Conserverie Courtin, zone de Kerouel, Trégunc, 02-98-97-01-80. Tous les jours de 9 heures à 20 heures.
> Retrouver la pêche
Sur la criée, le promeneur se verra expliquer la vie du port et les techniques de pêche au bar dans le raz de Sein, avant de visiter la halle pour découvrir la pêche du jour.
Criée, rue du Général-de-Gaulle, Plouhinec, 02-98-70-87-33. Les lundis et jeudis. Adulte 4 €, enfant de plus de 7 ans, 1 €.
> La "Veuve de l'île de Sein"
Il y a entre ces vieux murs accueillants le fonds français de peinture inspiré par la Bretagne au XIXe siècle. La "Veuve de l’île de Sein" d’Emile Renouf (1880), incarnation de toutes les femmes de marins pêcheurs endeuillées, vaut à elle seule cette visite. Sur la vaste place piétonne de la cathédrale, le manège tourne, pour les enfants qui ont été sages.
Musée des Beaux-Arts de Quimper, place de la Cathédrale. Tous les jours de 10 heures à 18 heures. 5 €, tarif réduit 3 €.
> L'autre affaire Seznec
Promenade au verger avec ses pommes à cidre puis présentation des outils du siècle dernier quand, dans les fermes de Bretagne, on fabriquait soi-même la boisson traditionnelle : Hervé Seznec fait visiter son manoir-cidrerie et s’attarde dans le chai où se fabrique le cidre de Cornouaille servi dans de nombreuses crêperies de la région. Dégustation et vente en directe. Plein de bonnes choses dans la boutique, comme l’alcool de fraises de Plougastel. Chèques cadeaux utilisables en ligne.
Cidrerie domaine du Kinkiz, 75, chemin de Quinquiz, Ergué-Armel, Quimper, 02-98-90-20-57. Gratuit (2,50 € en groupe, sur rendez-vous). Du lundi au samedi, de 9 heures à 12h30 et de 14 heures à 18h30.
Lecture sous parasol ou parapluiePour les nouvelles du jour, on a le choix entre "le Télégramme" et "Ouest-France". Et les vacances se prolongent dans les librairies Ravy, à Quimper, ou le Livre Phare, à Concarneau, avec une sélection toute régionale.
> Zola contre les Bretons
En juillet 1883, Emile Zola est à Sainte-Marine avec sa femme. Il n’aime pas ce coin qu’il trouve d’une "sauvagerie inquiétante". On jase. On pense que le grand écrivain est là pour trouver matière à son prochain roman. "Cette Bretagne bondieusarde et sale, livrée à l’ivrognerie et à la superstition, il allait la coucher sur sa table anatomique et fouiller dedans avec son bistouri de carabin mécréant", racontera le poète Frédéric Le Guyader. Zola visite Fouesnant, Concarneau, le Pays de Léon. "La Bretagne interrogée par lui n’avait pas répondu : il faut trois à sept ans pour la connaître ! Zola fut intelligent de comprendre qu’il n’avait rien à faire chez nous." Trois petits tours et puis s’en fut.
"Le Voyage en Bretagne. De Nantes à Brest. De Brest à Saint-Malo", par Armelle Lavalou, Collection Bouquins Robert Laffont, 30 €.
> Le poète oublié
Avec son visage émacié et quelque chose d’ombrageux dans l’expression, Xavier Grall impressionnait ceux qui le voyaient marcher, parfois en sabots, sur les hauteurs de Pont-Aven. Depuis sa fin précipitée l’hiver 1981 (il avait 52 ans), le poète découvert avec "Barde de nuit" est pour les Bretons une sorte de grand frère contestataire et fraternel, qui avait fui "la géhenne parisienne" (ce sont ses mots), le journalisme et les falbalas de salon pour rentrer au pays.
"La Sône des pluies et des tombes", de Xavier Grall, éditions Kerenn. Dans les brocantes ou sur internet.
> Une star à Clochers-les-Bécasses
Bécassine, qui fit rougir la Bretagne, est née Annaïck Labornez à Clochers-les-Bécasses, village imaginaire proche de Quimper. On observera au passage comme elle ressemble à Tintin : par le dessin du visage et du sourcil, la bouche à peine esquissée. Hergé racontera par la suite avoir beaucoup lu Bécassine et en avoir admiré le trait. Ce que Tintin doit à la Bretagne reste donc à écrire.
"L’Enfance de Bécassine", par Pinchon et Caumery, éditions Gautier Languereau, 14 euros.
> Un Nobel près de chez vous
La Bretagne est fière de ce qu’un Nobel français tienne le ciel breton pour le plus beau des voyages. Jean-Marie Le Clézio, auteur de "Poisson d’or" et "Ourania", a élu domicile incognito dans les steppes violettes de la baie de Douarnenez. Les habitants de son village gardent secrète son adresse et racontent qu’il est le plus gentil des voisins. On fera lire à un enfant "Lullaby", écrit à ses débuts, l’histoire d’une fillette qui aimait la mer bien plus que la cour de son école.
"Lullaby", Folio junior, 5,70 € (à partir de 11 ans).
> Simenon à Concarneau
1931. Une tentative d’assassinat à deux pas de la Ville close sous un crachin nocturne, un grand chien errant, un hôtel mélancolique : il se passe de drôles de choses à Concarneau l’hiver 1931. On se dit que Simenon devait y être en résidence pour restituer si justement une atmosphère. Eh non. Il était cloîtré dans une auberge de l’Essonne d’où il écrivit "le Chien jaune" en quelques jours.
"Le Chien jaune", Le Livre de Poche, 5,60 €. Egalement : "les Demoiselles de Concarneau", Folio policier, 4,80 €.
Les incontournables
> Musée de Pont-Aven
Etape classique au pays de Gauguin et Sérusier. "La modernité en Bretagne, de Jean-Julien Lemordant à Mathurin Méheut" est le thème de l’exposition.
Place Julia, 02-98-06-14-43, museepontaven.fr
> Festival de cinéma de Douarnenez
Longtemps appelé "Festival des minorités", ce rendez-vous très festif autour de films rares et souvent engagés prend cette année pour thème la frontière. Wosniak, dessinateur au "Canard enchaîné", a dessiné l’affiche.
Du 18 au 26 août, festival-douarnenez.com
> Fête des Filets Bleus
C’est une jolie tradition depuis 1905 quand la fête des Filets Bleus fut créée pour aider les pêcheurs. Grupo Campay Secundo et Bagad Bro Konk Kerne y donnent un concert gratuit.
Concarneau, du 15 au 20 août, festivaldesfiletsbleus.fr
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# Se promener : échappées belles
Bien sûr il y a la cathédrale de Quimper, la ville de Gauguin, les fêtes de Cornouaille… Mais la région recèle aussi de lieux plus secrets où il fait vraiment bon se balader.
Halte savoureuse à La Cabane, en profitant des splendeurs autour de Névez. (Jean-Marie Heidinger pour "l'Obs")
> Repos de bateaux
Des thoniers en bois comme le "Françoise-Annette", construit en 1948 à Tréboul, ou le "Lapart-Bihan II", sorti du chantier d’Audierne en 1946, finissent leurs jours dans cette anse paisible.
Cimetière de bateaux de Locquéran, Plouhinec, en face d’Audierne.
> Rêver à Névez
Le coup de cœur de "l’Obs". Névez et ses alentours sont d’une beauté époustouflante – Jean Gabin passait ici ses vacances. Particulièrement admirables : les habitations de pierres sèches levées, construites à partir du XVIIIe siècle, avec leur perron fleuri – on les appelle les "maisons en pierres debout". On fera un détour par le si charmant port de Kerdruc, avant d’aller faire le plein de palourdes et de bigorneaux à la Cabane aux Coquillages au bord de l’eau. Huîtres affinées sur place. Restaurants et poissonneries de la région viennent s’y approvisionner.
La Cabane aux Coquillages, 11, impasse des Kormorans, Névez, 02-98-06-81-49, cabane-aux-coquillages.com
Le cimetière de bateaux, à Locquéran (Jean-Marie Heidinger pour "l'Obs")
> Passer le petit bac
Tout au fond de la Ville close, à Concarneau, il y a le bac, petit taxibateau en service toute l’année pour passer de la ville fortifiée au quartier Lanriec, de l’autre côté du chenal, sans faire le détour par le pont du Moros ou la cale sèche. Depuis le Moyen Age un passeur est chargé de cette traversée de quelques minutes – la plus petite croisière du monde. Des générations d’enfants y ont ainsi fait leur baptême de la mer.
Le bac, tous les jours, 1 €.
> Avec un bigouden ou une bigoudène
L’office de tourisme de Pont-l’Abbé développe un réseau de "greeters" ("hôtes" en anglais), ambassadeurs bénévoles de leur région qui vous mènent à travers le pays bigouden pour partager une passion. L’un connaît bien le port de Lesconil, l’autre les mégalithes de Quelarn. Extra.
Office de tourisme de Pont-l’Abbé, 11, place Gambetta, Pont-l’Abbé, 02-98-82-37-99.
> Les enchantés
Entre Quimper et Bénodet, du côté de Gouesnac’h, on prend la petite route de Pors-Meillou, sur les bords de l’Odet – une des plus belles rivières de France. Idéal endroit pour pique-niquer en famille avant de suivre un autre chemin, vers le Ty Théâtre champêtre, pour son spectacle de marionnettes. Vous traversez une clairière, et c’est "Merlin l’enchanteur". Une fontaine, un calvaire, une chapelle au milieu d’arbres centenaires. "Mais chut ! nous écrit notre informateur, c’est un endroit secret."
A partir de Quimper, prendre la D34 vers Bénodet, puis suivre la D234 vers Gouesnac’h, margoden-theatre.net
> Luit debout
Pierre de Kersanton, marbre bleu, bois précieux et opaline : le phare d’Eckmühl, haut de 65 mètres, se distingue par la noblesse de ses matériaux et le nombre de ses marches – 290 agencées en colimaçon. Une fois tout là-haut, c’est une telle splendeur que certains font ce mini-pèlerinage chaque été. De nuit, c’est plus romanesque.
Phare d’Eckmühl, 06-07-21-37-34. 2,50 € de jour, 7 € de nuit les mardis et jeudis, à 21h30, 22 heures et 23 heures.
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# Hors saison : et si on revenait ?
La Bretagne est splendide l'automne et l'hiver. Si l'aventure vous tente, voici notre sélection d'hôtels et de chambres d'hôte où réserver pour les grandes marées.
Le grand hôtel des Dunes, une institution depuis 1934 (Jean-Marie Heidinger pour "l'Obs")
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— Radial Arm Saw Tue Apr 02 19:00:59 +0000 2013
> La simplicité
A 150 mètres de la plage de Sainte-Anne-la-Palud, cet hôtel simple dans une grande bâtisse blanche a su se garder, lui aussi, de tout enjolivement qui l’aurait banalisé. Chambres sobres et reposantes. En plus de la gentillesse des propriétaires, c’est l’endroit idéal où séjourner pour s’en aller découvrir des lieux pris d’assaut en été : le village de Locronan avec ses maisons classées, la pointe du Raz, où les promeneurs en ciré sont de retour.
Le Relais de Trefeuntec, 6b, rue Jean-Marie-Le-Bris, Sainte-Anne-la-Palud, Plonévez-Porzay, 02-98-92-50-03, de 50 à 99 €, relais-de-trefeuntec.com
> Comme en bateau
Avec sa façade ocre-jaune, son mobilier de bateaux anciens, ses chesterfields cloutés, l’hôtel Ker-Moor est d’un beau chic marin. Il est en surplomb de la grande plage des Sables-Blancs. C’est l’observatoire idéal par gros temps. A deux pas, une promenade longe la corniche. Par des sentiers de contrebandiers, on descend dans les criques.
Hôtel Ker-Moor, 37, rue des Sables-Blancs, Concarneau, 02-98-97-02-96, 126 € la nuit, hotel-kermor.com
> Grand Siècle
Construit en 1934 par François et Simone Le Bec, un boulanger et une charcutière de Quimper, cet hôtel Grand Siècle au bord de la plage de Pors Riagat est aujourd’hui tenu par leur petite fille, Jeanne. La lande embaume et déroule ses tapis d’orchidées sauvages, son romarin des dunes. Cet hôtel plaira à ceux que dérange l’uniformisation de la décoration dans les hôtels rénovés. On aime les serviettes de lin brodées au nom de l’hôtel, l’écusson de la maison sur la vaisselle ancienne et le fait que les chiens sont les bienvenus. On fait un saut pour prendre une Lesconiloise sur le front de mer, mélange de cidre, Cointreau et crème de pêche.
Grand Hôtel des Dunes, 17, rue Laënnec, Plobannalec-Lesconil, 02-98-87-83-03, hors saison : 69 € côté mer, 54 € côté village, grand-hotel-des-dunes.com
> Tonnerre de Brest
Dans la presqu’île de Logonna-Daoulas, à 20 minutes de Brest, ce manoir avec vue sur la mer et son parc de mandariniers fut construit dans les années 1930 par Frédéric Madec, propriétaire des carrières de pierre noble pour chapelles et châteaux. Le riche industriel n’eut qu’à y puiser pour sa propre demeure. Stéphane Pécot, maître de ces lieux, a reconstitué l’ambiance d’une maison familiale avec des meubles d’antiquaire. Il mêle aux styles Empire et Napoléon III un mobilier anglais chic et sobre. Le parquet est fait de ce bois épais irrégulier des pontons, récupéré sur de vieux gréements. Le choix de "l’Obs".
Domaine de Moulin Mer, 34, route de Moulin-Mer, Logonna-Daoulas, 02-98-07-24-45, 75 à 130 € la nuit, domaine-moulin-mer.com
> C'est une maison rose
Surplombant la plage de Port-Manec’h et ses cabines de bain de bois blanc (Névez sait ce que furent la Belle Epoque et les congés payés), le manoir Dalmore, que l’on surnomme ici la "Maison rose", a été construit en 1926 par une Australienne qui retrouvait sur cette côte un peu de son Ecosse natale. En 2011, la maison est devenue un hôtel. Chambres spacieuses avec cette décoration éclatante qui tient au contraste ancien-moderne.
Manoir Dalmore, 7, corniche du Pouldon, Névez, 02-98-06-82-43. Un peu cher pour la basse saison : 130 € petits déjeuners non compris (14,50 €), manoirdalmore.com
Et aussiLa vie de château dans un ancien relais de chasse qui s'étend sur cent hectares de bois le long d'une anse de l'Odet.Château de Penfrat, Gouesnac'h, 02-98-54-59-09, hors saison : 95 € la nuit, penfrat.comTrois chambres à l'année dans une splendide longère avec les champs à perte de vue, chez un couple d'agriculteurs.Saint-Anne, Bannalec, 02-98-39-53-44, chambre à 52 €.
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# Se régaler : de la mer aux billigs
Fruits de mer et galettes sont les deux points forts de la région. En matière de cuisine, la Bretagne sait allier simplicité et gourmandise.
Dans l'entrepôt du Tara, à Plobannalec-Lesconil, on déguste des fruits de mer exceptionnels (Jean-Marie Heidinger pour "l'Obs")
Fruits de mer
> La cantine qui se décarcasse
Sur le port de Lesconil, cet ancien entrepôt habillé d’ocre rouge est d’allure modeste, mais la carte ne l’est pas, avec ses fruits de mer exceptionnels. Dégustation et vente à emporter.
Tara Cantine de Mer, sur le port, quai Ouest, Plobannalec-Lesconil, 02-98-82-27-43. Poisson du jour à 13 €.
> On en pince pour le homard
Passent les jours et passent les vacanciers, la réputation de ce restaurant de coquillages ne faiblit pas. On y vient de loin pour son demi-homard sauce kari gosse (sorte de curry breton), ses palourdes farcies, ses huîtres de Riec-sur-Bélon, sa terrasse à l’abri du vent avec vue. Très joli bistrot avec une banquette de skaï vert bouteille et des chaises années 1950.
Le Bistrot de l’Ecailler, Kerdruc, Névez, 02-98-06-78-60. Menu à 45 €.
> Le chef sort de sa coquille
Cela va bientôt faire un demi-siècle que La Coquille est l’adresse prestigieuse où Concarneau va dîner pour les grandes occasions. En 2006, un grand chef a fait honneur à la ville : Jean-François Sicallac, quiberonnais d’origine qui voulait retrouver sa Bretagne. Il a quitté Paris, le quai de la Tournelle et sa prestigieuse Tour d’Argent pour le quai du Moros à Concarneau. Et il a repris cet établissement, unique par sa façon de mêler le chic au populaire, situé là où les pêcheurs viennent décharger leur cale. Les dîneurs ont vue sur la Ville close avec ses bras dans l’eau, et sur la parade des chalutiers. Depuis deux ans, un nouveau décor de bois est venu remplacer la pierre, donnant au lieu un air postmoderne.
La Coquille, 1, quai du Moros, Concarneau, 02-98-97-08-52, menus de 30 € à 46,50 €, lacoquille-concarneau.com
Crêperies
Au Goûter breton, à Douarnenez : bonnes crêpes et déco originale. (Jean-Marie Heidinger pour "l'Obs")
> Des galettes et des ferrailleurs
A Douarnenez, tout le monde dit le plus grand bien de "chez Tudal", une drôle de crêperie-épicerie (à moins que ce ne soit l’inverse) pleine d’un chaleureux bric-à-brac. Le collectif d’artistes Rouillegorges est passé par là : de grandes moules en ferraille font office de plafonnier, et une pieuvre géante en rouille patinée enlace le pignon de la maison. Marrant comme concept. La maison propose en outre quatorze cidres différents.
Au Goûter breton, 36, rue Jean-Jaurès, Douarnenez, 02-98-92-02-74. Menu 3 crêpes (1 salée et 2 sucrées ou l’inverse) à 14 €.
> La petite maison dans la ville close
Au fond de la Ville close, la crêperie Le Pennti est bien entendu prise d’assaut, mais elle est si jolie : du lierre grimpant, des jardinières en faïence bretonne, des papillons de papier sur les volets bleus, un patio ombragé. Accueil agréable, addition raisonnable : on y court. (La crêperie d’en face est très bien aussi.)
Le Pennti, au fond de la Ville close, Concarneau, 02-98-97-46-02. Formules de 10 à 12 €, galette complète à 5,70 €.
C'est l'heure de l'apéro
> Un balcon sur le steir
La maison, typique et bretonne, a été repeinte en bleu, et ses colombages, en jaune. On prendra un verre sur la terrasse minuscule du deuxième étage en regardant couler la rivière – l’endroit est très poétique en hiver, dans la nuit noire. Le café s’étend sur la belle place Terre-au-Duc et fait restaurant, avec des prix adaptés au porte-monnaie de la jeune clientèle locale.
Le Steir, 7, place Terre-au-Duc, Quimper, 02-98-55-60-61. Ouvert jusqu’à 21 heures.
> Classe
Ce bar situé sur le Port-Rhu est très apprécié avec son décor de bateau, ses vieilles cartes marines, ses cordages. C’est là que se retrouve la jeunesse de Douarnenez les soirs d’été et des groupes en tout genre – rock, techno. On y va pour le demi sur la terrasse en bois en écoutant le chant des pontons.
Le Pourquoi Pas, 15, quai du Port-Rhu, Douarnenez, 09-81-68-48-60. Ouvert jusqu’à 1 heure en semaine et 3h30 le week-end.
Soupe de chou-fleur aux olives noiresPour accomoder la "fleur de Bretagne", l'auteur de ce guide vous donne une recette de son invention. Dans une casserole, recouvrir d'eau un chou-fleur coupé en morceaux, ajouter une pincée de sel, faire cuire. Mixer sans trop d'eau de façon à obtenir un velouté épais. Ajouter un peu de lait ou de crème fraîche pour que la soupe soit d'un joli blanc. Servir dans des bols. Couper en fins morceaux des olives noires à la grecque (dans leur jus) et les répartir sur la soupe. Ne pas mélanger. Un quart d'heure en cuisine pour cette entrée sophistiquée et originale.
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# Sortir : les phares de la nuit
Que faire à Bénodet, Concarneau, Douarnenez… après le coucher du soleil ? Une habitante de Quimper, jeune night-clubbeuse, livre ses bons plans. Suivez le guide !
Au Ceili, à Quimper, les Celtes sont rois. (Jean-Marie Heidinger pour "l'Obs")
Bénodet
> Détente et des tentes
Le Prad est à l’entrée du camping Le Port de Plaisance. L’ambiance estivale y est assurée. C’est un restaurant avec un choix de pizzas fameuses. Mais une fois le repas terminé, l’ambiance tourne à la fête de nuit. L’endroit est branché avec ses jeux de lumière et sa piste de danse qui donnent un caractère assez hype. Il y a souvent des soirées à thème, soirée salsa par exemple.
Le Prad, lieu-dit Prad Poullou, Clohars-Fouesnant, 02-98-57-24-24. Tous les jours, de 10 heures à 00h30.
> Fête des jeux
Superbe endroit pour découvrir le monde des jeux d’argent, rempli de machines à sous en tout genre. On y débute une soirée entre amis par une partie de black jack. Le coin fumeur est insolite, de la taille d’une double cabine téléphonique.
Casino Barrière, 7, corniche de la Plage, 02-98-66-27-27. Tous les jours de 10 heures à 2 heures.
Combrit
> Bar des champs
Le Café local est un bar de nuit situé en pleine campagne. Excellents mojitos servis généreusement avec des tapas et autres amuse-bouches. L’extérieur est spacieux, surplombé de tonnelles blanches, avec comme mobilier des petits fauteuils en osier que tout le monde s’arrache. A l’intérieur, un autre bar, plus cosy, où les gens dansent jusqu’à pas d’heure. Le Café local est "the place to be" avec son petit air design et ses lumières tamisées.
Café local, Kerhor, 09-66-93-66-12. Mercredi, jeudi, dimanche de 18 heures à 1 heure ; vendredi et samedi de 18 heures à 3 heures.
> Plage musicale
Sans aucun doute, la Chaumière (qui n’a plus de chaume que le nom) est la boîte qui a le plus de succès l’été et ce depuis trois générations. La Chaumière est en bord de mer, on pique-nique sur la plage entre potes, on boit des bières, on écoute de la musique. Au fil de la soirée, la plage se remplit, on fait connaissance. La Chaumière est un lieu intime : deux pistes de danse étroites, deux styles de musique. Bar bondé mais terrasse spacieuse avec l’air de la mer franchissant la clôture. Tenue de ville ou tenue des champs, tout est permis. On l’appelle "la boîte des surfeurs".
La Chaumière, 11, chemin des Douaniers, 02-98-56-49-28. Du lundi au samedi, de 21 heures à 4 heures.
Concarneau
> Histoires à boire
La maison de pierres construite en face de la Ville close fut au XIXe siècle le repaire de patrons de pêche puis celui de la douane de mer chargée de capturer les contrebandiers. De nos jours, avec son drapeau d’hermine et ses volets céladon, c’est un bar de nuit (et une boîte) devenu une institution par la grâce de Marguerite Guézennec, alias "Guitte", qui a tenu les Korrigans pendant trente-sept ans en veillant sur les noctambules. Sa disparition en 1996 a affecté la diaspora concarnoise. Depuis, on continue de dire qu’on va "chez Guitte".
La Taverne des Korrigans, 2, avenue du Docteur Pierre-Nicolas, 02-98-97-02-37. Du jeudi au dimanche, de 18h30 à 5 heures.
Douarnenez
Le Café des Halles, haut lieu de rendez-vous à Douarnenez (Jean-Marie Heidinger pour "l'Obs")
> Yer'mat ("Tchin !")
La terrasse du Café des Halles se trouve juste à côté du marché couvert, central dans la vie des Douarnenistes depuis 1870. C’est le point de ralliement des paniers d’osier après les courses, et le rendez-vous des amis au long du jour. Ambiance familiale. En soirée vient l’heure des tournées : le Finistérien a le porte-monnaie tranquille et paie volontiers son "coup" plutôt que de chipoter sur les additions. Concerts le week-end.
Le Café des Halles, 3, place des Halles, 02-98-92-02-75. Ouvert jusqu’à 0h45.
Et aussi…Pour les fêtes de nuit, l'ambiance rock, la grande terrasse et un punch pour tous.Le Banana Boat, 47 quai de Port-Rhu, Douarnenez, 02-98-92-10-43. Ouvert tous les jours, le week-end jusqu'à 5 heures.Pour le joli port du Rosmeur, la terrasse, les bateaux, les soirées à thème, la live music.Aux Loups des Mers, 33 quai du Grand-Port, Douarnenez, 02-90-41-78-88. Ouvert de 10 heures à 1 heure.
Plomelin
> Bonnes pistes
C’est l’une des meilleures boîtes du coin avec ses trois salles (une salle principale, une salle zouk et une salle années 1980). Dehors sur la terrasse, vente de paninis et autres sandwichs. Parmi les videurs, tous aussi cool les uns que les autres, le légendaire Charlie, au vestiaire, avec son sourire chaleureux, donne le ton de la soirée.
Le Mylord, 72, route de Pont-l’Abbé, 02-98-94-26-80. Du vendredi au dimanche, de minuit à 6 heures.
Quimper
> Antre celte
Le Ceili est réputé pour être le plus joyeux et le plus prisé des cafés. Pas de superficialité encombrante, c’est la simplicité. Dans une ambiance de pub irlandais, on goûtera à son shooter irish coffee ou son arthurienne, la boisson du Gaulois : bière, cidre, chouchen et lambig. Ambiance plus sophistiquée à l’étage, mais l’esprit reste le même. En été, le Ceili est le rendez-vous des bagadoù, les orchestres bretons, qui viennent poursuivre ici leur concert. Avec un simple "T’as pas du feu ?", on se fait une dizaine d’amis en terrasse.
Ceili Pub, 4, rue Aristide-Briand, 02-98-95-17-61. Jusqu’à 1 heure.
> Boules en stock
Le Master est un complexe où l’on vient jouer, entre autres, au bowling et au billard. Ambiance festive, légère et succulents cocktails. Et même si une salle est réservée aux jeux d’arcade, c’est l’endroit parfait pour oublier son téléphone et la technologie : tous autour d’un billard ou sur une piste de bowling, à vouloir gagner… ou du moins ne pas trop perdre car le perdant, rituel oblige, paie sa tournée.
Bowling Le Master, 59, rue Président-Sadate, 02-98-53-09-59. Jusqu’à 2 heures.
> Danse à l'eau
Les Naïades, night-club situé à 100 mètres du Master, est fréquenté par les étudiants. On aime sa piscine, joliment éclairée, où l’on se baigne en été. La piste est minuscule et la musique commerciale, pesante selon certains, mais le lieu cultive un certain chic.
Les Naïdes, 108, rond-point de Creac’h-Gwenn, 02-98-53-32-30. Du mardi au samedi, de 23 h 30 à 6 heures.
> Parking club
Ne cherchez plus vos ados la nuit, ils sont sur le parking du Quick. Eh oui. Quand tout est fermé, la fête se termine au fast-food (à quelques mètres des Naïades) ouvert 24 heures sur 24, du mercredi au dimanche. Véritable institution, c’est là que l’on se retrouve ou que l’on fait des rencontres. En attendant sa commande, ça rigole, les gens se parlent de voiture à voiture, d’autres sont assis par terre…
Parking du Quick, 155, route de Bénodet
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# Shopping : plaisir d'offrir
Que rapporter d'un périple en Armorique ? Nous avons sélectionné quelques adresses réputées où vous trouverez réunis les grands classiques bretons.
> Un sac waterproof
Ce fut au départ une petite boutique de vêtements de pêche ouverte l’hiver 1964 sur le port de Concarneau et les premiers pas de Guy Cotten, fils d’agriculteurs et avant-dernier d’une fratrie de huit enfants. Aujourd’hui, la Rosbras (le ciré, souvent jaune) est un classique porté sur tous les pontons du monde. Vu dans des vitrines chics de prêt-à-porter masculin, le sac waterproof Cotten est aussi tendance.
Magasin fins de séries Guy Cotten, route de Concarneau, Trégunc, 02-98-97-66-79. Du mardi au vendredi, de 10h30 à 13 heures et de 13h30 à 19 heures. Le lundi et le samedi, de 11 heures à 13 heures et de 14 heures à 19 heures.
> Sardines millésimées
La petite boutique s’appelle Penn Sardin, du nom donné au XVIIIe siècle à la population de Douarnenez et ses ouvrières. On y trouve des sardines millésimées – les amateurs savent que plus les boîtes sont anciennes, meilleures elles sont, à condition de les avoir conservées en les retournant régulièrement. Certaines boîtes sont des collectors.
Penn Sardin, 7, rue Le Breton, Douarnenez, 02-98-92-70-83, pennsardin.com
> Effet dentelle
Nathalie Dérouet s’est installée comme céramiste en 2004. Depuis, on vient de loin pour admirer son artisanat. La torsion légère de la céramique due à une cuisson extrême vaut signature. Fins et ajourés, les plats renouvellent l’image de la dentelle bretonne.
Nathalie Dérouet, 2, impasse Théodore-Doaré, Douarnenez, 02-98-92-33-79, nathaliederouet.com
> La petite robe Armor-Lux
Emblème breton depuis 1938, Armor-Lux équipe désormais le personnel des TGV et de la Poste et ne fait pas que dans la rayure. La preuve par la petite robe d’été. Très jolie avec une ceinture, élégante le soir avec un gros pull marin sur les épaules. Belle vaisselle François Le Villec dans ce même magasin.
Armor-Lux/François Le Villec, 4, rue du Roi-Gradlon, Quimper, 02-98-95-31-54.
> Ancre d'argent
En plein centre-ville, Histoire de Bijoux expose quelques chaînes de poignet avec une ancre discrète. Un classique.
Histoire de Bijoux, 9, rue René-Madec, Quimper, 02-98-95-83-53.
> Un kouign-amann
On trouve de très bons kouign-amann en grande surface. L’idée est d’en faire provision le jour du départ pour les congeler. Servir ce dessert mythique au beurre avec du beurre suscite autant d’hilarité que de (fausses) protestations.
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# Billig addicts : place aux crêpes
A Quimper, sept crêperies officient sur la petite place au Beurre. Là, les pros de la galette jonglent entre audaces et traditions pour rassasier de cidre et sarrasin. "Yer'mat !"
1 - La distinguée. Un coup de peinture gris pâle du sol au plafond (et même sur les meubles bigoudens) a transformé la salle rustique en un lieu "tendance". A l’image de la crêpe au zeste de citron servie en cornet croustillant. Crêperie Sucré-Sallé, 6, rue du Sallé, 02-98-64-51-42.
2 - La coquette. Deux petites salles, des murs de pierres brutes, une cheminée, un étroit escalier de bois pour aller en cuisine, une complète irréprochable : le lieu plaît pour sa simplicité et son petit air médiéval et penché. Crêperie de la place au Beurre, 2 B, place au Beurre, 02-98-95-49-88.
3 - La conquérante. Ce restaurant est devenu une crêperie pour s’adapter aux promeneurs qui viennent place au Beurre pour les crêpes, le cidre, le lait ribot. Sa façade est la plus imposante, sa terrasse est la plus grande et ils ont le plus de billigs. L’Ardoise, 2, place au Beurre, 02-98-95-43-75.
4 - La petite dernière. Un jeune crêpier a racheté la boutique de perles de la place au Beurre pour en faire une adorable minicrêperie. Des agents de la SNCF en transit y viennent le soir pour l’ambiance très cool, la crêpe au coulis de poireau, le cidre-maison. Mimi, le shiba inu japonais qui rameute les passants, a eu les honneurs de la presse locale. Crêperie Ty-Ru, 11, rue du Sallé, 02-98-92-96-23.
5 - La fière. Doyenne sur la place, la Krampouzerie tourne grâce à une excellente renommée et sa crêpe aux algues d’Ouessant. Elle fait travailler une dizaine de producteurs bio. La Krampouzerie, 9, rue du Sallé, place au Beurre, 02-98-95-13-08.
6 - La discrète. Vous qui passez sans la voir, sachez que les habitués aiment sa jolie salle et son accueil 4 étoiles. J.-C. fait chanter ses billigs en écoutant Radio Nostalgie. Mimi (le chien de chez Ty-Ru donc) pointe son museau tous les matins à 11 heures chercher un bout d’andouillette.Crêperie Saint-Corentin, 3, rue du Sallé, 09-83-00-29-48.
7 - L'indépendante. Avec sa façade rue Fréron, An Diskuiz ("le lieu où on se défatigue" en breton) tourne le dos à la place et reçoit les flâneurs qui remontent depuis la cathédrale. A l’entrée, un lit clos a été recyclé en vaisselier. Belle idée pour chez soi. Crêperie An Diskuiz, 12, rue Elie-Fréron, 02-98-95-55-70.
Anne Crignon (avec Sophie Crignon)