Un rapport suggère des améliorations pour permettre aux enfants placés d'être "des enfants comme les autres"

Un rapport suggère des améliorations pour permettre aux enfants placés d'être "des enfants comme les autres"

Un rapport sur la prise en charge des enfants placés a été remis ce samedi au gouvernement. Il présente plusieurs pistes pour améliorer le quotidien de ces enfants. Elles pourraient être intégrées au projet de loi sur la protection de l'enfance examiné à partir de la mi-décembre au Sénat.

Après six mois d'enquête, un rapport a été remis ce samedi au secrétaire d'État à l'Enfance, Adrien Taquet, au sujet de la prise en charge des enfants placés. Plusieurs pistes d'améliorations y figurent et Adrien Taquet n'exclut pas d'en intégrer certaines au projet de loi sur la protection de l'enfance qui arrive au Sénat mi-décembre, "par amendement gouvernemental", a-t-il indiqué sur France Inter.

L'auteur de ce rapport est Gautier Arnaud-Melchiorre, un étudiant de 26 ans, lui-même ancien enfant placé. Durant six mois, il a parcouru la France, s'est rendu dans des foyers et familles d'accueil, a interrogé des centaines de jeunes pour connaître leur avis sur leur accueil. Il ressort de ces entretiens que la plupart des mineurs confiés à l'Aide sociale à l'enfance (ASE) "demandent à être associés aux décisions qui les concernent", or "leur avis est peu pris en compte", affirme Gautier Arnaud-Melchiorre. "Dans les urgences du chantier, il y a la notion de respecter les envies des enfants ou leurs choix d'orientation par exemple en matière de scolarité", note-t-il.

Améliorer le quotidien des enfants placés

Le rapport, remis à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, souligne également que trop de mineurs subissent des "dysfonctionnements majeurs" : agressions sexuelles de la part d'autres mineurs, ruptures traumatisantes dans leurs parcours, prostitution. Il recommande aussi d'améliorer la formation des professionnels pour qu'ils sachent mieux parler de sexualité avec les adolescents, et de permettre à ces derniers de vivre leur vie sexuelle autrement que dans des "squats".

Un rapport suggère des améliorations pour permettre aux enfants placés d'être

Plusieurs enfants ont par ailleurs dit se sentir rejetés par leur famille d'accueil, qui refuse de les emmener en vacances, les confine dans leur chambre le soir, les humilie ou leur confie une quantité exagérée de tâches ménagères.

L'enjeu est aussi d'améliorer ces "petites choses qui peuvent paraître très anodines mais qui sont en réalité fondamentales pour ces enfants", relève Adrien Taquet. Certains ont confié à Gautier Arnaud-Melchiorre l'envie d'avoir des repas de meilleure qualité. "Dans certaines institutions, la production des repas est externalisée, ce qui fait qu'on a totalement institutionnalisé la vie de l'enfant : quand il mange, il ouvre une barquette. Sauf que dans la vraie vie, on n'ouvre pas une barquette."

L'auteur du rapport relève aussi la question de l'architecture des bâtiments où sont logés les jeunes. "Des enfants m'ont expliqué à quel point ils se sentent mieux dans un établissement où les chambres sont en haut, un petit établissement dans lequel il y a un salon et une cuisine en bas. Cette forme d'architecture leur fait penser à une maison de famille et cela a un impact sur la qualité de leur bien-être", note-il. Pour lui, "ce sont les lieux d'accueil qui doivent s'adapter aux enfants" et non l'inverse.

Le rapport est accompagné d'une "charte des droits des enfants protégés" dont le premier point proclame : "J'ai le droit d'être un enfant ou un adolescent comme un autre." "On doit aux enfants placés qu'ils soient des enfants comme les autres", souligne effectivement Adrien Taquet.

Par ailleurs, au-delà de loi, il faut "un changement de regard et un changement de posture", note le secrétaire d'État, notamment à l’école. Et pour éviter un sentiment récurrent de "stigmatisation", voire de "honte", les enfants placés doivent bénéficier de plus d'argent de poche pour s'acheter des vêtements à leur goût ou aller chez le coiffeur, et ne doivent plus être amenés à l'école dans des camionnettes aux couleurs de leur foyer social.

Un SDF né en France sur quatre est passé par l'ASE

Enfin, l'enjeu est d'accompagner la sortie de l'ASE. "Ils sont trop peu nombreux à faire des études supérieures en sortant de l’Aide sociale à l’enfance, que 6%", indique Adrien Taquet. "Un SDF né en France sur quatre est passé par l’aide sociale à l’enfance", précise-t-il également. "L’objectif qui est le nôtre est qu’il ne doit pas y avoir un seul gamin qui sorte de l’aide sociale à l’enfance sans solution."

Plusieurs dispositifs ont été mis en place ou vont l'être, souligne-t-il. "Dans le projet de loi, il est prévu que parce que vous êtes de l’Aide sociale à l’enfance, vous avez un accès automatique à la garantie jeune, un accompagnement intensif pour l’insertion professionnelle et un pécule de 600 euros par mois. Et pour ceux qui sont en difficulté, le prolongement du contrat jeune majeur."

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