Beatrice Alemagna, invitée du Salon du livre jeunesse à Montreuil : “Les livres pour enfants ne sont pas que pour les enfants”
Elle s’adresse aux tout-petits comme aux mômes de 90 ans. Imprégné des couleurs, des objets et des émotions de sa jeunesse italienne, son univers sensible et festif est identifiable entre tous. Beatrice Alemagna sera une des invitées du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis, du 1er au 6 décembre.
Elle a un nom de pays qui n’est pas du tout le sien. Elle est née dans un pays qui n’est plus tout à fait le sien. Elle vit dans un pays qui est un peu devenu le sien. Qui est-elle ? Beatrice Alemagna, énigme joyeuse, personnalité haute en couleur, découpée, recollée, à l’image de ses images, à fleur de peau, reconnaissables entre mille, mêlant photographies et dessins, rapiéçant vies et destins. Comme l’indique son prénom sans accent aigu, avec un « tché » final baigné de soleil, elle est née en Italie. Comme le confirme sa présence derrière la porte de son atelier parisien, gracile et gracieuse, pull neigeux à fleurs bleues, pantalon garance, elle vit en France. À 48 ans, vertige, elle vient de découvrir qu’elle a vécu le même nombre d’années dans chaque pays. Demain sera français, langue qu’elle parle à merveille. L’Italie ne sera pas loin, ses parents vivant toujours dans la maison de Bologne où elle a passé son premier quart de siècle, moins un an.
Et quelle maison ! Tout le monde n’a pas eu la chance de grandir au milieu de magnifiques fresques du xvIIIe siècle. « C’est assez courant à Bologne », nuance-t-elle. Ce qui est plus rare, c’est d’avoir son avenir gravé dans le marbre des lieux, ou plutôt écrit à l’encre sympathique dans le blanc du plafond. La chambre que Beatrice partageait avec sa grande sœur avait en effet un vice de forme digne d’un conte de fées. Au-dessus de leurs têtes se déroulaient des fresques de Felice Giani, représentant les Muses. Au centre, dans des tons pastel : Minerve recevant les Arts. Tout autour, dans des octogones d’un imposant rouge antique, quatre Muses : la musique, la sculpture, l’architecture et… un espace vacant. Pas de Muse de la peinture ! « Lorsque mes parents ont fait rénover ces fresques, le restaurateur leur a dit que d’après la tradition, s’il manque une muse, elle doit être incarnée par un occupant de la chambre… » s’amuse Beatrice Alemagna, troublée par la drôlerie prophétique de l’anecdote.
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