En Afrique du Sud, des boutiques H&M vandalisées par des militants antiracistes

En Afrique du Sud, des boutiques H&M vandalisées par des militants antiracistes

Depuis le 13 janvier, les autorités sud-africaines et l’entreprise suédoise sont sur le qui-vive : le groupe de militants EFF a eu recours à la violence pour protester contre une publicité raciste de H&M.

L’image a fait le tour des journaux du monde : un enfant noir de 5 ans porte un sweat-shirt à capuche imprimé “Coolest monkey in the Jungle”. Twitter s’empare de la nouvelle et la marque est accusée de racisme par la majorité des internautes. Sous la pression, l’entreprise suédoise fait parvenir aux médias un communiqué : la porte-parole s’excuse de la méprise et de l’inconscience des équipes ayant validé la photographie. Elle ajoute que la publicité est retirée du site et que le sweat-shirt en question ne sera pas proposé à la vente. Toutefois, quelques spéculateurs en herbe qui se sont procuré le vêtement avant que H&M n’en débarrasse ses rayons le revendent pour le triple du prix sur Ebay.

L’histoire se poursuit en Afrique du Sud où un groupe militant, les Economic Freedom Fighters (EFF), ont saccagé plusieurs boutiques H&M pour protester contre le racisme du groupe suédois.

Des attaques violentes qui perdurent encore

En Afrique du Sud, pays marqué par l’Apartheid, le groupe EFF est un des leaders dans la prise de parole politique contre le racisme et pour la cause noire. Ils sont connus pour leurs action chocs et parfois violentes : ce samedi 13 janvier, en signe de protestation contre l’enseigne de prêt-à-porter et son sweat-shirt raciste, ils se sont attaqués à plusieurs boutiques à Johannesburg. Vitres cassées à coups de marteau, vêtements arrachés des cintres, mobilier de magasin renversé… Certains des militants ont même utilisé des balles en caoutchouc pour ajouter au chaos semé dans les points de vente.

Depuis samedi, les protestants ne cèdent pas pour attirer définitivement l’attention sur le racisme ordinaire dont souffre la population noire sud-africaine, souvent véhiculé par des stratégie de communication de grands groupes. Pour prévenir davantage de violence, les forces de l’ordre de l’Afrique du Sud et les services de sécurité privés des magasins sont mobilisés. Dix-sept boutiques ont été fermées, en attendant le retour au calme.

En Afrique du Sud, des boutiques H&M vandalisées par des militants antiracistes

Toutefois, déterminé à se faire entendre et à punir H&M, le chef de l’EFF s’est exprimé : “Personne ne devrait pouvoir faire de plaisanteries sur la dignités des hommes et des femmes noires et rester impuni.” Ainsi, l’EFF “ne fera aucune excuse” à la marque pour les dommages causés lors des protestations.

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« H&M n’est pas la seule à perpétuer les stéréotypes »

Suite à la publication dans les médias du monde entier de cette image de l’enfant noir et son sweat-shirt avec la mention “Singe le plus cool de la terre” en anglais, l’affaire ne semble pas se tarir. Outre le vandalisme en Afrique du Sud, des organisations non-gouvernementales du pays souhaitent faire prendre des cours de respect de la diversité à l’enseigne H&M, afin d’éviter un autre incident.

Des discussions s’ouvrent et s’attachent à reprendre point par point tous les scandales relevés ces dernières années sur les réseaux sociaux. Ainsi, Nivea, Dove et d’autres sont montrés du doigt en même temps qu’H&M dans de nombreux éditos, dont, en Afrique du Sud, celui du Daily Maverik : “Il serait naïf de penser que le racisme ouvertement ou insidieusement exprimé n’arrive que chez H&M. La marque n’est pas la seule à perpétuer les stéréotypes. (…) Nous devrions tous les décrier si l’on voulait avoir une vraie conversation sur les inégalités. »

Quant au petit garçon qui a posé pour la publicité, Liam Mango, un jeune Suédois de 5 ans, ses parents ont dû déménager pour le protéger. Sa mère a expliqué à la BBC qu’elle ne voyait pas l’aspect raciste dans le sweat-shirt (à savoir : “monkey” est aussi un surnom affectif en anglais, comme “chaton” en français) et qu’elle avait dû s’éloigner de Stockholm pour protéger son fils. Beaucoup se sont offensés qu’en tant que noire, elle choisisse le “clan” d’H&M et pas celui des protestataires. Elle conclut son interview au média britannique ainsi : “Liam n’a aucune idée de ce qui se passe, il n’a que 5 ans… il n’a même pas encore vécu une situation raciste. Je veux simplement le protéger.”

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