Procès du 13-Novembre. L’ex petite amie d’un kamikaze témoigne : « Il voulait que je me voile »

Procès du 13-Novembre. L’ex petite amie d’un kamikaze témoigne : « Il voulait que je me voile »

Au 60e jour du procès des attentats du 13-Novembre, la petite amie de Foued Mohamed-Aggad raconte la transformation de celui qui deviendra l’un des assaillants du Bataclan, à 23 ans. Elle avait refusé de partir avec lui, en Syrie.Procès du 13-Novembre. L’ex petite amie d’un kamikaze témoigne : « Il voulait que je me voile » Procès du 13-Novembre. L’ex petite amie d’un kamikaze témoigne : « Il voulait que je me voile »

Ouest-France Angélique CLÉRET.Modifié le Publié le

L’ex-petite amie de Foued Mohamed-Aggad, l’un des trois assaillants du Bataclan, s’avance à la barre. Et prévient d’emblée : sur la commission des attentats du 13 novembre 2015, « j’ai tout appris par les médias. Je n’ai aucune autre connaissance ». Elle parlera uniquement du garçon « sympa et gentil », qu’elle a rencontré à Castres (Tarn), quand elle avait 16 ans. Il était « une tout autre personne que celle à l’origine de ces actes ».

Elle a observé la radicalisation de son amoureux, originaire d’Alsace. « Quand nous étions séparés, il a décidé de remonter dans le Nord. Il y a rencontré Mourad Fares (recruteur de djihadistes, NDLR.) avec son frère et des amis. Durant toute une nuit, il leur a complètement remonté le cerveau, en leur disant qu’ils n’avaient rien à faire en France et qu’ils devaient aller en Syrie, pour accomplir leur devoir. »

« Il voulait m’emmener en Syrie »

Procès du 13-Novembre. L’ex petite amie d’un kamikaze témoigne : « Il voulait que je me voile »

Selon elle, le jeune homme, qui avait échoué à intégrer la police, « s’est immédiatement convaincu d’avoir un but, en Syrie ». Elle décrit un changement brutal. Il passe la plupart de son temps derrière son écran d’ordinateur, à regarder des vidéos YouTube. « Il voulait m’emmener avec lui. C’était hors de question. » Il devient violent. « Il a coupé mes talons et déchiré mes vêtements, parce qu’il les trouvait trop courts. Il me demandait de porter le voile… »

Elle le laisse s’en aller. Parti en Turquie, il rejoint la Syrie, fin 2013, en même temps que son frère Karim et d’autres membres de la « filière strasbourgeoise ». Elle est persuadée qu’il y va « pour tuer ». Refusant leur rupture, l’Alsacien continue à l’appeler, en la faisant passer pour son épouse. « Il me disait qu’il vivait dans une villa, qu’il mangeait super bien. » Mais son frère, revenu rapidement en France, racontait à sa mère qu’« ils étaient 110 dans la villa, drogués, et qu’ils mangeaient du pain et de l’huile ».

« Il voulait exister »

Le passé de Foued Mohamed-Aggad expliquerait, selon elle, qu’il se soit laissé prendre dans un « engrenage » : « Il n’avait pas eu d’affection, de la part de son père, qui se montrait violent. Et sa mère élevait seule quatre enfants. » Il n’est pas rentré, parce qu’« il s’est inventé un monde », dit-elle. « Il voulait exister et il était influençable. » La jeune femme cherche à couper les liens, début 2014. Elle change de numéro. Et veut « oublier ». Jusqu’au jour « où il est apparu dans les écrans et où j’ai appris la nouvelle à la télé ».

Fatima Hajji, la mère de Foued Mohamed-Aggad, devait également être entendue, ce mercredi 15 décembre. Son audition est reportée. Cette femme devait être jugée pour « financement du terrorisme », le 4 novembre, à Paris, mais son procès a été renvoyé au 4 mars 2022. Elle est soupçonnée d’avoir envoyé 13 000 € à son fils, lorsqu’il était en Irak et en Syrie.

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