Le centre-ville aura un «décôneux» | Le Journal de Montréal

Le centre-ville aura un «décôneux» | Le Journal de Montréal

À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.


Je me promène dans le centre-ville, avec le nouveau directeur général de la société de développement commercial Montréal Centre-Ville, Glenn Castanheira, quand il s’empare d’un cône orange abandonné sur le trottoir. Il porte cet « orphelin » pendant près de 100 mètres jusqu’à un lieu plus approprié.

« On ne peut même pas savoir de quel chantier ce cône provient tellement il y en a », déplore l’homme de 35 ans arrivé en fonction l’hiver dernier.

Si je m’y promène avec M. Castanheira, c’est pour parler de cet enjeu électoral qu’est le centre-ville de Montréal.

Partout, un vacarme de marteaux piqueurs rugissant nous oblige à crier pour nous comprendre. Il y a des travaux quasiment à chaque coin de rue, ce qui agace commerçants et citoyens.

Photo Louis-Philippe Messier
La STM a creusé des tranchées dignes de la Grande Guerre par-dessus la station McGill.

La Société de transport de Montréal (STM) a creusé des tranchées dignes de la Grande Guerre par-dessus la station McGill. La Caisse de dépôt met l’avenue McGill sens dessus dessous pour bâtir sa station de Réseau express métropolitain (REM). La Ville refait complètement la rue Sainte-Catherine. Il y a aussi des dizaines de grands chantiers privés.

Photo Louis-Philippe Messier
La réfection de la rue Sainte-Catherine chambarde le secteur.

Le centre-ville aura un «décôneux» | Le Journal de Montréal

Contre l’anarchie des cônes, le nouveau directeur a une idée qu’il compte instaurer dès le prochain printemps : créer un poste de « décôneux » pour ratisser le centre-ville à l’affût des cônes aliénés de leurs chantiers ou redondants.

« Décôneux » est un mot cocasse que M. Castanheira dit avoir entendu dans la série Minuit le soir, mais auquel il veut maintenant donner réalité.

« Mettre de l’ordre dans le fouillis des cônes sera la mission du décôneux, il avisera la Ville afin que les cols bleus en disposent et il assurera un suivi », m’explique-t-il, en désignant du doigt plusieurs autres cônes qui semblent traîner ici et là.

Louis-Philippe Messier
La Ville devrait obliger les chantiers à s’« habiller » davantage pour le confort auditif et visuel des piétons.

Ne serait-ce pas à la Ville d’employer des « décôneux » ? À cette question, M. Castanheira hausse les épaules en souriant.

« Ce serait peut-être à elle d’agir, mais, si elle ne fait rien, ça devient notre responsabilité », philosophe-t-il.

Bonnes habitudes

Aux candidats à la mairie de Montréal, M. Castanheira demande deux choses en rapport avec l’expérience de ceux qui circulent dans le grand festival des travaux : une politique rigoureuse d’habillage des chantiers (inspirée de Toronto) et l’adoption d’un permis d’inoccupation (inspiré de Chicago) pour les propriétaires spéculateurs qui laissent leurs immeubles désaffectés pourrir en attendant de les vendre.

Bons et mauvais exemples

Devant l’ancien Montreal Athletic Association en train de se muer en immeuble à condos, une passerelle couverte munie d’un miroir de sécurité à son extrémité donne un bel exemple de civisme aux autres chantiers.

« À Toronto, ce genre de passerelle est obligatoire pour préserver le piéton des intempéries de la construction. »

L’ancien bar de danseuses Super Sexe et ses alentours sont miteux et tristement inoccupés. Des pigeons défèquent sur les façades aux carreaux fracassés.

Photo Louis-Philippe Messier
La Ville devrait imposer des permis d’inoccupation pour les immeubles vides négligés.

« À Chicago, un propriétaire a six mois pour se procurer un permis d’inoccupation qui lui coûte de plus en plus cher tant et aussi longtemps que ses locaux restent vacants. »

Au cours des prochains jours, Montréal Centre-Ville publiera l’intégralité de ses demandes aux candidats à la mairie. Le cœur commercial de la métropole sera-t-il plus présentable l’an prochain ?

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