Non, le virus est transmis par des gouttelettes respiratoires projetées.
Posez vos questions à Virginie Masserey Spicher, infectiologue et cheffe de section à l’OFSP
Après s’être formée dans les hôpitaux universitaires du CHUV et des HUG, Virginie Masserey Spicher rejoint l’Office fédéral de la santé publique de Suisse (OFSP) en 2002. La pédiatre infectiologue dirige aujourd’hui l’équipe qui élabore des recommandations destinées aux cantons, aux professionnels de la santé et à la population. C’est aussi elle qui communique les mesures d’hygiène à respecter durant cette crise.
A lire: Virginie Masserey Spicher, une infectiologue au cœur de la crise
Comment la Suisse fait-elle face au Covid-19 depuis le début de la crise? Quelle attitude adopter face au déconfinement progressif dont la prochaine étape est prévue le 11 mai? Quelles sont les nouvelles connaissances acquises sur ce virus? Faut-il craindre une deuxième vague?...
Pour en discuter, nous avons ouvert la discussion avec Virginie Masserey Spicher. Découvrez ses réponses à vos questions ci-dessous:
- Question posée par Cyrille :Parfois quand on croise quelqu'un sur le trottoir, on peut percevoir une odeur de parfum ou de transpiration. Je comprends ainsi que les odeurs sont volatiles et que l'on peut facilement les absorber. En est-il de même pour ce virus?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 15:48
- Question posée par alesius :Récemment, j'ai demandé à la gérance de mon immeuble s'il y avait lieu de désinfecter la cage d'ascenseur, dont les poignées en acier et les boutons en plastique seraient autant de surfaces susceptibles de retenir le virus COVID-19. La gérance m'a répondu qu'une telle mesure serait inutile. Est-ce vraiment le cas?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 15:49
Nous recommandons de nettoyer régulièrement avec un détergent ordinaire les surfaces fréquemment touchées telles que poignées de porte, rampes d’escalier, etc.
- Question posée par AnnickB :Où en est-on actuellement dans les recherches concernant le degré d’immunité des personnes ayant déjà été en contact avec le virus? Les tests sérologiques pourraient-ils prouver l’immunité de certaines typologies de personnes ayant été infectées?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 15:52
Pour prouver l’immunité et faire une corrélation entre résultat de test sérologique et immunité, il faut suivre des cohortes de personnes sur plusieurs mois. De telles études sont prévues en effet.
- Question posée par Diane :Pour les personnes à risque, quelles sont les solutions pour reprendre une vie progressivement normale? J'ai 71 ans avec une comorbidité et je suis tout à fait autonome. Sauf miracle, on sait que l'on va vivre de longs mois, voire plusieurs années avec ce virus...Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 15:54
Respecter strictement les mesures d’hygiène et de distance, éviter les lieux très fréquentés (par exemple les gares) et les heures de grande affluence (par exemple les magasins le samedi). Il faut ensuite restreindre ses contacts à un cercle stable de personnes. Un vaccin sera d’une grande aide.
- Question posée par S :Plusieurs études prévoient une deuxième vague plus meurtrière que celle que nous venons de subir. Pourquoi le serait-elle?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 15:54
Une deuxième vague, oui, c’est l’expérience de pandémies précédentes: tant qu’il n’y a pas une proportion importante de la population qui a déjà été infectée, il reste toujours un grand potentiel de propagation du virus. Si on n’y prend pas garde, une grande vague s’accompagne aussi de beaucoup de décès. Mais si les mesures sont prises pour contenir le virus, on peut éviter qu’elle soit plus meurtrière.
- Question posée par MarkD :En Italie, une petite ville de 3000 habitants, Vò, a effectué un test massif sur toute sa population, permettant d'éradiquer le virus. Le test coutant une dizaine d'euros. Pourquoi ne pas faire la même chose en Suisse?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 15:51
L’approche a été utilisée en Suisse dans des EMS. Elle peut être judicieuse en cas de flambée de cas dans une institution. Mais pour les 8 millions de suisses d’un coup?
- Question posée par Amaryllis :Pourquoi l'OFSP impose-t-il une distanciation de 2 mètres alors que l'OMS recommande 1 mètre?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 15:56
L’OMS avait communiqué 2 mètres au début de l’épidémie. La distance sur laquelle peuvent être projetées les gouttelettes respiratoires peut bien atteindre 2 mètres. C’est donc plus prudent. Si on dit 1 mètre, on risque surtout que cela soit en réalité 70 cm ou moins...
- Question posée par Amaryllis :Quand et selon quels critères les plans de protection mis sur pied actuellement vont-ils être assouplis voire levés? Par exemple, quand les parlements pourront-ils à nouveau siéger dans leurs enceintes habituelles?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 15:57
Cela dépend de l’évolution de l’épidémie. On ne peut pas le dire à l’avance. Il faut se préparer à vivre longtemps dans une nouvelle normalité, avec les règles de distance et d’hygiène.
- Question posée par Amaryllis :Pourquoi ne mentionne-t-on plus qu'il faut être pendant plus de 15 minutes à proximité d'une personne infectée pour être contaminé? On ferme beaucoup de salles d'attente...Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 15:59
La durée de 15 minutes ne signifie pas qu’il n’y a pas de risque en dessous de 15 minutes. Plus on est longtemps à proximité, plus on risque d’être infecté. C’est une question de probabilité. A partir de 15 minutes, la probabilité est estimée suffisante pour que cela conduise à recommander une quarantaine pour éviter une transmission. Ces lieux ne devraient pas être fermés, mais simplement limités d’accès de manière à maintenir la distance de 2 mètres entre les personnes.
- Question posée par Mitch :Le Conseil fédéral a déclaré vouloir endiguer l’épidémie. Cela passe par du traçage et l’isolement des cas, qui doit être assuré par les cantons. Cette stratégie a échoué faute de moyens. De combien de personnes les cantons disposent-ils maintenant?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 15:59
Le nombre varie d’un canton à l’autre mais est maintenant fondé sur l’expérience acquise.
- Question posée par Amaryllis :Bonjour, d'où vient la différence de décès entre les statistiques de l'OFSP et les chiffres transmis par les cantons?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:11
Probablement du fait que l’OFSP ne publie que les cas confirmés par un test PCR. Certains décès surviennent chez des personnes fortement suspectes d’avoir succombé au coronavirus, sans preuve. Une autre explication est simplement un délai entre le décompte cantonal et le décompte fédéral.
- Question posée par serge :Est-il vrai que le Covid-19 sera bientôt soigné par des anticoagulants et des anti-inflammatoires, le plus souvent sans intubations ni soins intensifs, parfois à domicile?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:12
A ma connaissance, non. Ces traitements sont administrés en complément des soins intensifs.
- Question posée par scipion :Avec le recul, le confinement vous paraît-il avoir été le choix le plus judicieux? Si oui, combien de vies ont-elles été épargnées?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:00
Nous n’avons pas encore les évaluations à ce propos. Mais dans la situation où on était, c’était certainement la solution la plus judicieuse. En tout cas elle a été efficace.
- Question posée par Kid :A quelle date les frontières à l'international seront ouvertes?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:19
Ce n’est pas encore décidé mais les réflexions sont en cours...
- Question posée par T.B. :Pourriez-vous préciser sur quelles bases scientifiques le Conseil Fédéral, sur les recommandations de l'OFSP, a-t-il pu décider qu'il est opportun de réouvrir les écoles dès le 11 mai, arguant du fait que les enfants ne sont pas vecteurs du Covid-19?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:18
Il y a plusieurs études et rapports scientifiques qui concordent à montrer que les enfants sont rarement malades du Covid-19 et transmettent rarement. Il y a des études en milieu scolaire où des enfants infectés ont exposé de nombreux élèves et enseignants. Quasiment aucun n’a été infecté (en France et en Australie; aux Pays-bas).
- Question posée par MissCovid19 :Peut-on se dire «tiré d'affaire» deux mois après avoir contracté le virus malgré la persistance de quelques symptômes?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:01
A ma connaissance, oui.
- Question posée par Catule :Si l'on souhaite être testé, il faut, si j'ai bien compris, avoir des symptômes de Covid-19 tels que fièvre, maux de tête, perte de l'odorat, etc. Néanmoins, il serait utile que les personnes dites à risque (catégorie à laquelle j'appartiens) puissent savoir où elles en sont. Pourquoi n’est-ce pas possible?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:02
A l’heure actuelle, il n’existe pas de test permettant de dire avec certitude si une personne qui n’a jamais eu de symptômes est immune ou sans risque d’évolution sévère de la maladie.
- Question posée par Valb :Finalement, que dire à nos élèves de secondaires pour les rassurer face à leurs inquiétudes? Peuvent-ils contaminer leur entourage?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:05
Les adolescents doivent respecter les règles d’hygiène et de distance. On sait que les enfants tombent rarement malades et infectent rarement. Avec l’âge cependant, la probabilité augmente progressivement. Donc les adolescents capables de respecter les mesures devraient le faire.
- Question posée par davidkoi :Depuis trois mois, les chiffres de tous les pays du monde montrent l'innocuité du virus pour 98% des gens, et une dangerosité assez élevée pour les personnes très âgées et/ou avec plusieurs pathologies préexistantes. Pourquoi la prophylaxie ne se concentre-t-elle pas uniquement sur ces catégories à risque?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:05
Les cas graves ne sont pas limités aux personnes âgées et avec des maladies préexistantes. Des cas graves sont également à déplorer chez des personnes de moins de 65 ans sans maladie préexistante. Et puis on ne peut pas enfermer les personnes à risque indéfiniment. Nous devons tous contribuer à ne pas propager le virus.
- Question posée par Ale :Que feriez-vous en tant que maman? Laisseriez-vous vos enfants commencer l'école ce lundi sans craintes?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:06
Oui, j’ai des enfants et je n’ai pas d’arrière-pensées à les envoyer à l’école.
- Question posée par CHRIS :Est-il plus prudent de désinfecter tout aliment ou objets venant de l'extérieur? Certaines personnes me disent mettre leurs habits à laver après être rentrés des commissions en supermarché, voire même se doucher! Devons-nous en arriver jusque là?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:07
Il ne faut pas exagérer avec ces mesures. Le virus n’est pas sur toutes les surfaces. Il ne se transmet pas par les aliments. Le plus important est de se laver fréquemment les mains. Le virus ne survit pas longtemps sur le papier: le courrier et les paquets sont donc sans risque.
- Question posée par Métro :Est-ce une question d'économie qui empêche l'OFSP de recommander au Conseil fédéral d'imposer le port du masque obligatoire dans les transports publics?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:08
Non. La raison est qu’il n’est pas nécessaire de le porter en tout temps, seulement lorsque les distances ne peuvent pas être respectées, aux heures de pointe. Et on en appelle au sens des responsabilité de la population.
- Question posée par Mda :Selon l'OFSP, les enfants ne sont pas vecteurs du virus. Cela signifie-t-il qu'un enfant contaminé par un camarade de classe ne sera pas vecteur du virus au sein de sa famille?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:09
Selon les expériences acquises et rapportées, les enfants infectés l’ont généralement été par un adulte dans le foyer familial et pas l’inverse. Il y a donc très peu de données d'enfants contaminés par d’autres enfants, puisque les enfants ne sont pas vecteurs.
- Question posée par JM :Quelle est la durée de vie du virus sur les habits?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:13
Il n’y a pas de données sur la durée de vie du virus sur les habits. Sur le métal et le plastique, cela peut être deux à trois jours. Sur le carton, moins d’un jour.
- Question posée par Puce :Puis-je manger avec ma famille, qui n'habite pas avec moi, en gardant nos distances de 2 mètres?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:14
En gardant vos distances et en respectant l’hygiène, et si les convives sont en bonne santé et n'ont pas récemment eu des contacts avec des personnes malades, je dirais oui. Actuellement il y a peu de personnes infectées.
- Question posée par Jp :Je suis moniteur d'auto-école. Si je prends un élève en leçon pendant 100 minutes, même si nous portons les deux un masque, le risque est-il élevé?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:15
Si vous portez les deux un masque, que vous le portez correctement, que vous n’avez pas de symptôme de maladie, que vous n’avez pas récemment eu de contact avec une personne malade et que vous vous êtes bien lavé les mains, le risque est très faible.
- Question posée par Jean :Dans une tribune publiée hier, les professeurs Glauser et Francioli reprochent à la Confédération son manque de cohérence sur la question des masques. Selon eux, il faudrait clairement rendre le port du masque obligatoire dans les espaces où la distance de 2 mètres est impossible à respecter. Notamment les transports publics. Que répondez-vous?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:16
Nous en appelons à la responsabilité individuelle.
- Question posée par Luptitnez :On note une augmentation des nouveaux cas de contamination ces derniers jours. A partir de combien de cas le confinement sera-t-il à nouveau de mise?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:20
On ne peut pas parler d’augmentation, il s’agit de fluctuations d’un jour à l’autre. Il n’y a pas un seuil de nombre de cas pour un retour en arrière, c’est un ensemble d’éléments.
- Question posée par Bernd :Quelle est la position de l'OFSP sur le traitement du Covid-19 à l'hydroxychloroquine? Quand est-ce qu’en Suisse les responsables autoriseront le protocole du professeur Raoult?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:04
En Suisse, ce traitement est utilisé dans le cadre d’études cliniques chez des patients hospitalisés. A ma connaissance, les résultats ne sont pas concluants à ce jour.
- Question posée par L. :On dit généralement qu'une augmentation ou diminution des contaminations prend environ 2 semaines à être reflétée par les chiffres. En espaçant les phases de déconfinement de deux semaines, comment peut-on être sûr qu'il est sécurisé de passer à la phase suivante?Réponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:22
Entre le 11 mai et le prochain allègement prévu le 8 juin, cela fera plus de 2 semaines.
ConclusionRéponse donnée par Virginie Masserey Spicher à 16:26Je vous remercie pour vos questions. Depuis le début de l’épidémie je suis épatée par les réactions de la population: beaucoup d’intérêt et de souhaits de s’informer, beaucoup de compréhension et de respect pour les mesures. Grâce à ça on a eu un réel impact sur l’épidémie. Les hôpitaux ont pu soigner tous ceux qui en avaient besoin. Continuons comme ça et évitons ensemble une nouvelle vague. www.bag.admin.ch/nouveau-coronavirus ; www.ofsp-coronavirus.ch