À quel âge bébé se retourne-t-il ?

Il est courant pour les parents de chercher des repères temporels dans le développement psychomoteur de leur enfant. A quel âge doit il se retourner ? Est-ce grave s’il ne le fait pas tout seul ? Pourquoi est-ce si important ? Emmanuelle Langlois, psychomotricienne travaillant à Rueil-Malmaison, auteure du blog “How I play with my mome” nous aide à répondre à ces questions. Dès les premiers mois, bébé apprend les mouvements qui vont ensuite lui permettre plus tard de se déplacer seul et de découvrir tout ce qui l’entoure. Toutefois le chemin vers la marche est encore loin et il lui faudra faire des efforts quotidiens pour parvenir à se tenir d’abord sur le ventre. En premier lieu, les nourrissons vont ainsi devoir faire face à l’apprentissage du retournement dos-ventre. Si cela intervient généralement dès 3 mois, il faut patienter environ jusqu’à 5 à 6 mois pour découvrir que bébé est capable de compter sur les muscles de ses bras et de son cou pour se retourner du dos sur le ventre et ainsi pivoter à sa guise.

On se focalise bien souvent sur le retournement dos-ventre, oubliant que le chemin inverse est tout aussi important, le ventre-dos, et en pensant innocemment que s’il a réussi à faire un tour, il saura aisément renouveler l’exploit. “Pas du tout. Déjà au début sur le ventre il ne sera pas du tout à l’aise, parce que son dos et son cou ne sont pas forcément musclés”, explique la psychomotricienne. Depuis qu’il a poussé son premier cri, bébé est automatiquement allongé sur le dos, comme le recommandent les pédiatres. Si cette position permet au nourrisson de ne pas prendre le risque d’étouffer, elle n’est pas la seule dans laquelle il doit passer son temps. Pour cela, il doit apprendre à tonifier ses muscles, se tenir sur ses avant-bras, garder sa tête stable, mais aussi à cambrer son dos et cela réclame un véritable travail. Ces apprentissages peuvent passer par le jeu et doivent être encouragés.

Développement du bébé : le retournement dos-ventre

Mais revenons au premier retournement : le dos-ventre.

Naturellement, l’enfant va commencer à se retourner vers 3-4 mois et s’il ne faut pas forcer les choses, on peut le guider en lui donnant envie d’explorer son environnement. Un bébé n’a pas besoin de milles artifices, vous pouvez l’allonger sur un grand tapis avec suffisamment d’espace pour qu’il puisse évoluer librement et développer sa motricité. Idéalement, un bébé de 3 à 4 mois devrait rester sur le ventre environ 60 à 90 minutes chaque jour, afin de développer sa motricité et d’apprivoiser cette nouvelle position. Cette dernière lui donne ainsi la possibilité d’explorer de nouvelles sensations. Il apprendra également le maintien de sa tête en poussant sur les muscles de son cou, de ses épaules, de ses bras et de son dos. Pour qu’il se familiarise avec cette position, il est recommandé de lui permettre de découvrir différentes textures pour ses appuis. Le mettre sur le parquet, sur une couette, sur un drap ou sur un tissu doux lui donnera la possibilité de développer sa curiosité et de découvrir son environnement. Laisser son bébé dans son parc risque de ne pas l’inciter à se retourner. Les sols de ces tapis sont souvent mous et ne permettent pas au bébé d’avoir un appui suffisant.

L’une des techniques pour inciter le nourrisson à forcer sur ses muscles pour se retourner est d’attirer son attention grâce à divers objets. Cette méthode lui permettra de pratiquer le retournement plus facilement. On place des jouets adaptés à son âge sur le côté de son corps, vers le bas et un peu écarté de lui. Le bébé va le voir (il voit net jusqu’à 20 ou 30 centimètres à cet âge là mais n’est pas non plus aveugle). Il va chercher à toucher et en premier lieu va regarder : “Son regard va se diriger dans cette direction et c’est lui qui va emmener le reste de son corps et entraîner un mouvement.” Progressivement, le nourrisson cherchera à attraper les jouets et parviendra à développer les muscles de ses bras et de son torse. Une autre méthode pour y parvenir est de placer plusieurs objets sur l’un des côtés où il parvient le plus aisément à rouler. Cela lui permettra de changer de position plus naturellement et de réitérer l’expérience jusqu’à devenir physiquement plus indépendant. Papa et maman peuvent aussi rester sur les côtés de bébé plutôt qu’au-dessus de lui, pour l’inciter à exécuter des rotations avec sa tête.

À quel âge bébé se retourne-t-il ?

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Certains enfants sont plus attirés par le bruit donc on peut mettre un jouet sonore, d’autres sont déjà très focalisés sur la vision. Ce qui est sûr c’est que la stimulation est très importante pour que son désir d’atteindre l’objet mystérieux entraîne le reste. “Tout est lié dans son corps, comme les partis ne sont pas encore vraiment dissociés, cela va entraîner ses épaules qui vont rouler sur le côté et ça va également amener doucement le bassin qui va rouler aussi.” Lorsque bébé réussit un exploit, il est vivement conseillé aux parents de l’encourager avec de grands sourires, des câlins ou encore des applaudissements, pour lui faire comprendre qu’il vient de franchir une étape cruciale dans son développement.

Entrainer bébé au retournement ventre-dos

Comme dit plus haut, une fois le bébé sur le ventre il ne va pas automatiquement se retourner sur le dos. C’est une étape qui arrive un peu plus tard. Cela est principalement dû à son manque de tonus musculaire dans cette période des premiers mouvements et celui-ci fait, qu’au début du moins, il n’est pas forcément au summum du confort dans cette position : “Quand on voit qu’il n’est plus à l’aise, de nous-même on le remet sur le dos pour que ce retournement devienne automatique et maîtrisé par l’enfant.” Si on ne doit pas le laisser des heures sur le ventre, il faut renouveler des petites périodes dans cette position : “A force de jouer sur le ventre, il va apprendre à utiliser ses bras pour se relever, pour regarder un peu autour et puis ses muscles vont se muscler naturellement.” Et qui dit musculation dit capacité ensuite à faire tout seul le retournement ventre-dos.

Chaque bébé évolue à son propre rythme. Certains bouts de chou mettent plus de temps que d’autres à se retourner, notamment les bébés prématurés qui ne se développent en général pas aussi vite que les autres. D’autres nourrissons apprennent à s’assoir, à se déplacer à quatre pattes ou encore à marcher avant de savoir se retourner correctement. Les bébés de 8 à 9 mois ne sont pas rares à ne pas parvenir à effectuer des retournements. Il ne faut donc pas s’inquiéter, il n’y a pas de norme pour les acquisitions psychomotrices. Il vaut mieux laisser le temps à son bébé de bien reproduire les mouvements nécessaires au retournement afin qu’il puisse être capable de pivoter par lui-même de nombreuses autres fois.

Une étape capitale pour la suite

Comme on le voit avec la logique du retournement dos ventre et ventre dos, tous les progrès du bébé sont liés. C’est parce qu’il a passé cette étape qu’il peut accéder à la suivante; c’est parce qu’il a réussi et suffisamment été sur le ventre qu’il s’est musclé et que donc le retournement ventre dos devient possible.

A plus grande échelle dans son développement, le retournement est l’étape qui va ensuite lui permettre de ramper, de faire du quatre pattes, de s’asseoir puis finalement de marcher.

Les roulés-boulés sont très importants également bien que souvent sous-estimés. Ainsi c’est bien si le bébé maîtrise pleinement et use fréquemment du dos-ventre ventre-dos : “Plus l’enfant va expérimenter tous ces enroulements pour revenir sur le dos, plus ça va être utile et le reste des étapes sera beaucoup plus naturel.”

Le laisser faire par lui-même

La psychomotricienne insiste sur le fait qu’il faut laisser les enfants faire leurs efforts par eux-mêmes. En quelque sorte, il ne faut pas leur mâcher le travail ou le faire pour eux en se disant qu’ils iront plus vite. Chacune de ces étapes est importante et l’enfant doit la dépasser à son rythme, c’est notamment très important pour la position assise, que nous aborderons dans un prochain article. Chaque enfant est différent et évolue selon son propre tempo.

Cela dit, Emmanuelle Langlois ne cherche pas à affoler ou inquiéter les parents : si ces étapes librement dépassées par les enfants permettent une meilleure préparation pour les suivantes, ce n’est pas tragique ou criminel de trop les aider, simplement l’enfant dès tout petit gagne de l’assurance, de la force et de la technique, s’il le fait seul par lui-même.

Autant de choses qui lui permettront de franchir avec succès les nombreuses étapes qu’il va connaître ensuite.

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