Mendicité au Mali : Les mendiants aux lourdes haches, un danger public
Avec la paupérisation des populations, le phénomène de la mendicité commence à inquiéter avec ses différentes facettes. Le cas des mendiants portant de lourdes haches et demandant leur pitance dans les rues, dans un pays aussi touché par l’insécurité ne laisse pas indifférent.
Bien qu’elle soit officiellement interdite, la mendicité prend de l’ampleur dans la capitale malienne avec une nouvelle forme plus inquiétante encore. Avec un embouteillage presqu’insupportable à Bamako, s’ajoutent l’apparition dans les rues des mineurs portant de lourdes haches au cou, demandant et suppliant les usagers de la route, à manger. Ces scènes ont souvent lieu près des feux tricolores et au niveau de certains carrefours de grande fréquentation.
Si de nombreuses personnes estiment qu’à l’origine, la mendicité rentrait dans le cadre de la formation religieuse et avait pour but « de former les enfants à un certain mode de vie dure », on assiste, aujourd’hui, à une pratique inquiétante de ce phénomène. Celui-ci commence à sérieusement agacer et troubler la conscience de paisibles citoyens. Les grandes voies, les rues, les places publiques, les lieux de cultes sont littéralement envahis par les mendiants de tout genre. Parmi eux, estiment certains observateurs, il y en a qui sont issus de familles non démunies. Alors que, confient certains connaisseurs des valeurs religieuses, c’est quand une personne n’a aucune source de revenus, que la religion l’autorise à mendier, mais seulement pendant un certain temps, et non pas en faire une activité pérenne.
Ainsi, devant les feux tricolores, depuis un certain temps à Bamako et ses environs, l’on peut voir une bande de mineurs portant de lourdes haches au cou, pour susciter la pitié… Ces mendiants demandent de l’argent pour avoir à manger, faisant croire qu’ils ont passé toute la journée sans avoir trouvé un seul bois à fendre et qu’ils ont faim et visiblement fatigués. Ils parviennent à tromper la vigilance de certaines personnes, qui compatissent ainsi à leurs souffrances. Mais le lendemain, on les verra camper devant un autre feu de la ville dans la même posture d’indigence. «Nous savons tous que ce sont des adultes affamés et manipulateurs qui sont derrière cette pratique d’exploitation de ces mineurs aussi exposés», confie un commerçant installé à quelques encablures d’un carrefour très fréquenté par ces mendiants.
Pis encore, d’autres mendiants choisissent d’être pieds nus et portent des haillons déchirés pour susciter plus de pitié. C’est ainsi qu’ils peuvent demander à leur tour, de l’argent pour acheter une chaussure ou des vêtements de friperie, par ces temps de froid…. D’autres feront croire qu’ils ont simplement soif et qu’ils ont besoin de 50 F CFA pour boire de l’eau.
Si cela est ajouté à la traditionnelle mendicité, qui concernait les talibés, les jumeaux et les handicapés, l’on risque gros surtout à cette période d’insécurité galopante dans nos villes. Nos autorités sont interpellées, afin de réguler cette pratique, sinon Bamako serait impraticable au fil du temps. Alors que, derrière ces mendiants se cache un business, qui ne dit pas son nom. Raison pour laquelle, les religieux dénoncent cette pratique qui, selon eux, n’a rien à voir avec la religion musulmane.
Malgré la loi n 01-079 du 20 aout 2001 portant code pénal, dans ses articles 193 et 184, qui condamne la mendicité de 15 à 6 mois d’emprisonnement et cela, même s’il s’agit de personnes invalides, le phénomène prend de l’ampleur. Et la loi précise aussi que si la personne incitée à mendier est un enfant mineur, le coupable sera puni de 3 mois à un an d’emprisonnement. C’est pourquoi nos autorités sont de toute urgence invitées à appliquer cette loi dans toute sa rigueur, afin d’éradiquer cette pratique, qui gangrène la société.
Certes, ces responsables, même s’ils sont désespérés et abandonnés à leur sort, ils ne devraient pas prendre cette pratique comme la seule porte de sortie. Seul le travail libère. Ne dit-on pas que « aide-toi, le ciel t’aidera ». Cet adage n’est-il pas rempli de sens?
Abréhima GNISSAMA