"En Chine, on n'utilise pas de couches" : les propos "sanitaires" du nouveau ministre Hector Hajjar tournés en dérision
Le nouveau ministre libanais des Affaires sociales, Hector Hajjar, n’a pas encore pris ses fonctions qu’il a provoqué une tempête sur les réseaux sociaux avec des propos controversés sur la nécessité de renoncer à l’utilisation des couches pour bébés ou à la consommation de l'eau en bouteille.
Le Liban traverse "une période difficile, nous devons affronter" la crise en renonçantà certains produits secondaires, a affirmé le ministre lors d’une interview. "Aujourd’hui, nous considérons que les couches (pour bébés) sont un produit essentiel. Je rentre de Chine, jusqu’à aujourd’hui les Chinois n’utilisent pas de couches, l’empire économique chinois n’utilise pas de couches. Ils emploient comme nous faisions par le passé des serviettes qu’ils lavent et nettoient" , a-t-il ajouté. Le ministre n'a pas précisé s'il se trouvait dans l'une des grandes métropoles chinoises, véritables géantes de l'économie mondiale, ou dans un village aux confins de l'empire du milieu. "Il y a une guerre économique contre le Liban (..),les couches, les kleenex ne sont pas de priorités", ajouté M. Hajjar.
Les propos du ministre ont provoqué une véritable tempête sur les réseaux sociaux, les commentaires tournant en dérision ses déclarations, et le hashtag "le ministre des couches culottes" se classait en tête sur Twitter dimanche matin. "Après avoir écouté les propos du ministre des couches, je me suis assuré que cet homme nous mène encore plus loin que l’enfer. Est-ce possible, un tel ministre !!!" , s’est demandé sur son compte Twitter le député Forces Libanaises Wehbé Katicha.
Titulaire d'un doctorat en chirurgie dentaire de l'Université libanaise et d'une licence en activisme social de l'Université Saint-Joseph, Hector Hajjar, 65 ans, fait partie des ministres relevant du camp du président Michel Aoun.
Cordahi s'en prend aux ''analystes et génies'' des médias
De son côté, dans une première déclaration peu amène envers les médias, le nouveau ministre de l’Information, Georges Cordahi, les a appelés dimanche à ne plus donner laparole aux '' génies et analystes '' qui critiquent le gouvernement Mikati.
Le nouveau ministre de l’Information, Georges Cordahi, à l'Aéroport international de Beyrouth, le 12 septembre 2021. Photo ANI
Accueilli par des journalistes à son arrivée à l'aéroport de Beyrouth en provenance des Emirats arabes unis, M. Cordahi, qui avait publiquement affiché son soutien au régime du président syrien Bachar el-Assadau début de la guerre en Syrie en 2011, a affirmé : '' Comme l’a déclaré le Premier ministre Mikati, nous sommes dans un avion qui effectue un atterrissage d’urgence, et nous devons tous coopérer pour donner aux gens une bouffée d’espoir ''.
Il a critiqué, dans ce contexte, ''certains génies et analystes" qui sont apparus dans les médias au cours des derniers jours ''pour livrer des commentaires pessimistes" sur le nouveau gouvernement, et a appelé les journalistes à ''ne plus les accueillir''. ''Que ceux qui veulent nous emmener en enfer se calment'', a ajouté le ministre dans une référence au terme ''enfer'' utilisé pendant la crise actuelle par le président libanais Michel Aoun.
Réagissant à ces déclarations, le syndicat alternatif des journalistes, proche de la contestation, a dénoncé dans un communiqué les propos de Georges Cordahi. "Dans sa première déclaration, le ministre de l’Information s’est permis de jouer le rôle de tuteur des médias et de préciser ce qui doit être dit et ce qui doit être retiré", a affirmé ce groupe dans un communiqué. "Nous mettons en garde le pouvoir contre la tentative de jouer un tel rôle, et nous appelons à respecter les libertés médiatiques", a-t-il ajouté. Il a assuré que les journalistes s’opposeraient aux "tentatives de transformer le Liban en État policier" et réclamé la suppression du ministère de l’Information, à l’instar des pays démocratiques.
Figure du petit écran libanais et arabe pour avoir animé, entre autres, une émission de jeu "Qui veut gagner des millions" dans sa version arabe sur la chaîne saoudienne MBC entre 2004 et 2010, Georges Cordahi fait partie du lot des ministres proches des Marada, le parti du leader maronite du Liban-Nord Sleiman Frangié. En 2011, il avait a été débarqué de la MBC pour avoir publiquement affiché son soutien à M. Assad, qui était la bête noire de l'Arabie Saoudite.