Les perturbateurs endocriniens menacent la fertilité dès la naissance
Par Mélodie CapronnierPublié le PartagerEnvoyer par e-mail
Je certifie ne pas envoyer d'e-mail indésirableL'exposition aux perturbateurs endocriniens a des conséquences dès les premiers jours qui suivent la naissance. Une étude française montre qu'ils altèrent le système reproductif très tôt, entraînant des problèmes de fertilités et des troubles du développement.Cancers, troubles du développement...Les dangers des perturbateurs endocriniens sur la santé sont connus depuis de nombreuses années. Une étude de l’Inserm et de l'Université de Lille publiée le 18 novembre 2021 dans la revue Nature Neuroscience s'intéresse particulièrement aux effets du bisphénol A sur les problèmes de fertilité. Selon eux, une exposition précoce à cette substance a des conséquences importantes sur les fonctions reproductrices.
Comment le bisphénol A impacte la fertilité
La fonction reproductrice des mammifères, dont font partie les humains, est régulée par les neurones à GnRH. Pendant la grossesse, ils apparaissent d'abord dans le nez du fœtus avant de migrer vers l'hypothalamus, une partie du cerveau, où ils viendront contrôler ces fonctions : puberté, acquisitions des caractères sexuels secondaires, ou encore fertilité à l'âge adulte.
La migration est faite grâce à des cellules neurales, les astrocytes. Ils rencontrent les neurones à GnRH pendant ce qu'on appelle la "mini-puberté", qui commence une semaine après la naissance. Or, l'étude montre que l'exposition au bisphénol A dès les premiers jours empêche la communication entre les neurones et les astrocytes. Pour le découvrir, les chercheurs ont notamment injecté quotidiennement du bisphénol A à des rates dans les 10 jours après leur venue au monde. Les femelles rats avaient alors un retard pubertaire et un cycle œstral (équivalent du cycle menstruel chez les femmes) perturbés. "Nos résultats soulèvent l'idée que l'exposition précoce à des produits chimiques en contact avec les aliments, tels que le bisphénol A, peut perturber l'apparition de la puberté et avoir un impact durable sur les fonctions reproductrices", expliquent les auteurs de l'étude.
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Grâce aux travaux des chercheurs, on comprend que l'exposition précoce aux perturbateurs endocriniens à des effets délétères dès les premiers jours de vie, et ce sur la fertilité et le fonctionnement hormonal, mais pas que. "Un échec de l’intégration des neurones à GnRH lors de la mini-puberté peut entraîner une prédisposition à développer des troubles de la puberté et/ou de la fertilité, mais aussi affecter potentiellement le développement du cerveau et ainsi entraîner des troubles de l’apprentissage ou encore des désordres métaboliques tels qu’un surpoids", explique l'un des auteurs de l'étude, Vincent Prévot, directeur de recherche à l'Inserm, dans un communiqué.
Le bisphénol A, interdit mais toujours présent
Le bisphénol A est utilisé pour la fabrication de plastique. Reconnu par la France comme un perturbateur endocrinien, il est interdit depuis 2015 dans les biberons et les contenants alimentaires. Six ans après, on pourrait s'attendre à ne plus en trouver dans ces produits... Mais ce n'est pas le cas, indique Vincent Prévot. "Malgré son interdiction, le bisphénol A est toujours présent dans notre environnement du fait de la dégradation lente des déchets plastiques, mais également car il se trouve dans des contenants alimentaires achetés avant 2015 et qui ont été conservés. Avec le recyclage des déchets, le bisphénol A contenu dans des plastiques datant d’avant 2015 a également pu se retrouver dans des produits neufs", avertit le chercheur. Par ailleurs, on connaît mal les effets des produits utilisés pour le remplacer...
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