Lettre à toi, le parent qui a du mal à laisser ton enfant partir
On voudrait le garder rien que pour soi mais voilà qu’il s’élance au milieu des autres, si petits aussi, un plus un petit,ça commence à faire beaucoup dans la cour qui s’anime de centaines d’yeux brillants. La fiertéet l’appréhension dans ces regards si neufs, les copains qu’on retrouve, la joie, l’excitation, le nouveau cartable hissé tel un drapeau sur le dos, et tant pis si ça glisse, si c’est un peu lourd, c’est ça le privilège de pouvoir faire comme les grands.
La grille de l’école s’ouvre en même temps que s’engouffrent les souvenirs, les premièresannées de vie, premiers sourires, premières dents, premiers pas, toutes ces photos colorées,des instantanés polychromes qui défilent en boucle dans la tête des parents. On s’était promisde ne pas pleurer, on va quand même pas pleurer, cette larme qu’on retient, plus pressante,plus amère, à mesure que le petit s’éloigne. Un chavirement, un bouleversement.
Parce que la vie, c’est ça : apprendre à laisser partir. Apprendre à laisser grandir.Ça fait un drôle de vide quand même.
On tente de l’apercevoir, au milieu de tous ces autres, mais déjà sa silhouette s’est éclipsée.On voudrait retenir la chaleur de sa main. Les doigts délicats qui se sont ouverts, aériens,volatiles. Des papillons. On s’était promis de ne pas pleurer. Il était un petit homme. Il étaitune petite femme. Pirouette cacahouète. Qui s’était cassée le bout du nez. On s’était promisde ne pas pleurer. Petite fée. Feu follet. Envolée. Trois ans. Quatre ans. Cinq ans. Six ans. Achaque nouvelle rentrée, sa silhouette qui danse au milieu de tous les autres. Un chavirement,un bouleversement.
Parce que la vie, c’est ça : apprendre à laisser partir.
ps : En ces jours de rentrée scolaire, j'ai une pensée particulière pour les paranges...