Lucie: "Le mannequinat en Asie est plus accessible qu’en Europe."

Lucie: "Le mannequinat en Asie est plus accessible qu’en Europe."

Du haut de son mètre soixante-dix-sept, Lucie est mannequin. Elle vit à Hong Kong depuis huit ans et nous parle de son cursus, de son métier et de ses nombreux projets. Portrait d’une jeune femme atypique et au parcours qui fait rêver.

Lorsqu’on pense aux mannequins, on imagine toujours ces filles inaccessibles, au regard lointain et à l’air mélancolique. Alors que je rejoins Lucie, à la terrasse d’un café pour notre entretien, celle-ci brise tous les clichés en quelques secondes à peine. Cette magnifique jeune femme rayonne et son large sourire me frappe dès la première seconde.

À Hong Kong depuis 8 ans, cette grande brunette me parle des réalités de sa profession, qui fait tant rêver et de ses nombreux projets.

"Devenir mannequin a pris du temps."

Après avoir passé 9 ans en Alsace, Lucie et sa famille changent de décor. Ils déménagent à Antibes, dans le sud de la France, où les palmiers remplacement les vignobles et les champs à perte de vue.

Dès son plus jeune âge, Lucie s’intéresse au mannequinat. À 15 ans, avec la complicité de sa maman, elle postule donc dans une agence à Nice. La réponse est positive et elle se rend à un premier rendez-vous où elle signe son tout premier contrat. Sa carrière est désormais lancée.

Mais si Lucie est dorénavant "signée" en tant que mannequin, il ne se passe rien d’exclusif. La jeune fille est déçue: "Je m’attendais à courir de shooting en shooting, mais finalement peu de choses se sont passées. Ça a pris du temps. C’était difficile. J’ai eu quelques castings, mais je manquais d’expérience et de confiance. Je n’étais pas conseillée et je me retrouvais, tremblante, face aux caméras sans savoir quoi faire. Ça n’a donc pas donné grand-chose.", me confie la jeune femme en riant.

Du grand Prix de Monaco au festival de Cannes, jusqu’à Hong Kong

Lucie grandit, passe son bac, avant de faire un brevet technique supérieur dans l’immobilier, puis de préparer une licence à l’Université en Langues étrangères appliquées. Comme elle a du temps aux côtés de ses études, Lucie s’y replonge, se remet à postuler pour des castings et là, les choses commencent à bouger.

"Ma première mission comme mannequin, c’était lors d’un événement sportif à Monaco pour un stand de football américain pour les femmes. Je devais porter un costume de joueuse." me dit-elle en riant. "J’ai ensuite pu participer au Festival de Cannes en tant qu’hôtesse. J’ai eu pas mal de petits contrats à côté des études. J’ai fait le salon du mariage de Monaco, le grand Prix de Monaco, fait un fitting pour BananaMoon, suis intervenue dans de nombreuses manifestations…"

À partir de là, Lucie postule pour un casting mené pour l’agence Élégance, à Hong Kong. La jeune femme est prise et s'envole donc à Hong Kong pour 3 mois.

"Ca a été pour moi un changement drastique de paysage. J’ai été émerveillée à la fois par la taille des buildings que choquée par la taille des appartements, étant habituée à différents standards en France. J’ai adoré la dynamique de Hong Kong. C’est une ville qui fourmille et où tout est possible. J’étais vraiment excitée à l’idée de découvrir une tout autre culture!"

Lucie:

Cette expérience professionnelle se passe très bien. Le contrat est renouvelé… et Lucie s’installe dans le Port aux Parfums.

"Ce que j’adore dans mon métier, c’est sa variété."

Lucie apprend donc le métier de mannequin sur le tas, en fonction des contrats, de l’expérience accumulée. Son réseau grandit et elle se diversifie.

Si Lucie fait du fashion, ce qui signifie qu’elle défile et pose pour des magazines, en plus de l’aspect commercial, qui inclut catalogues et publicités, pour mettre en valeur des vêtements ou autres produits, elle travaille également comme mannequin cabine: "Les mannequins cabines, ce sont les modèles sur lesquels les créateurs vont essayer les prototypes des collections qu’ils sont en train de concevoir."

Lucie préfère le fashion, les lumières des projecteurs et pouvoir incarner différents personnages à chaque shooting, mais le fitting, ou cabine, paie plus généreusement et il est intéressant de combiner les deux.

"C’est passionnant de rencontrer les stylistes et découvrir ce qu’il se passe en backstage d’une collection. On travaille avec des gens de tous horizons, qui sont souvent multilingues. Pour Armani par exemple, ça se passe en italien!"

Lorsque je demande à Lucie à quoi ressemble son quotidien, elle sourit: "Tous les jours sont différents. C’est ce que j’adore dans ce métier, et c’est ce qui est aussi compliqué. Tout s’improvise en permanence. Cela dépend du type de contrat… Parfois, on sait en avance pour qui l’on va travailler ce mois-ci, parfois non. C’est la surprise."

Pour se préparer, Lucie a plusieurs rituels : soin de la peau, séances de sport… rien n’est laissé au hasard: "Je fais beaucoup de corde à sauter pour garder ma silhouette. Et si je ne fais pas de régime, je pratique le jeûne intermittent. Je saute le petit déjeuner. Ce n’est pas pour tout le monde mais ça permet de réguler la ligne et ça a de nombreux bienfaits pour la santé."

"Le mannequinat en Asie est plus accessible qu’en Europe."

"En Asie, le mannequinat est davantage accessible. En Europe, il y a beaucoup plus de concurrence entre les modèles, surtout entre les Caucasiennes. Ici, c’est plus souple sur divers aspects et notamment sur les mensurations. Naturellement, à Hong Kong, les filles sont en moyenne plus petites, il y a donc plus d’opportunités pour celles qui sont moins grandes."

Lucie, qui mesure 1 mètre 77 est grande dans le paysage hongkongais. Mais la sélection mannequin tend à évoluer mondialement, me confirme la jeune femme: "De nos jours, la sélection est plus inclusive qu’il y a quelques années où l'on devait être très fine et très grande. Ça change aujourd’hui, tant concernant le sexe, qu’à propos de la couleur de peau, du handicap, etc. C’est planétaire. À Hong Kong, c’est encore balbutiant par rapport à l’Occident et en particulier les pays anglophones… mais ça arrive gentiment."

Début 2019, Lucie part à New York pour rejoindre le Coco Rocha Model Camp, où le modèle Coco Rocha enseigne à des mannequins la pose, le défilé, l’art du shooting, le jeu d’acteur, le branding ou les réalités de la profession. C’est la première fois que la jeune femme participe à une école de modèles à proprement parler: "C’était une période où je doutais de mon avenir. Ce camp m’a énormément redynamisé et m’a donné l’envie de m’intégrer davantage dans le côté fashion du métier."

Le fashion est un monde exclusif me dit Lucie: "Pour y accéder, les standards sont stricts: taille de hanches, poids, âge, etc. rien n’est laissé au hasard et les agences sont parfois vraiment sélectives. J’ai donc décidé de me lancer. J’ai organisé mes propres séances de photos du concept à la réalisation, avec des équipes de photographes, vidéographes, maquilleuses, créateurs et autres stylistes et me suis mise en scène avant de les proposer à divers magazines."

Le succès est alors au rendez-vous. La revue hongkongaise #Legend, qu’on peut apercevoir dans les kiosques de la ville, poste ses photos dans l’un de ses numéros: "Je suis fière d’avoir pris l’initiative de faire ça par moi-même, avec mon équipe."

Des camps pour se préparer à devenir mannequin

En 2019, Lucie lance une chaîne YouTube pour conseiller ceux étant intéressés par le métier. "Les retours ont été extrêmement positifs. J’ai adoré répondre à toutes ces questions en ligne. J’avais l’impression de trouver ma voie."

Forte de ce résultat, Lucie décide, tout début 2020, de créer une expérience pour les apprentis mannequins à Hong Kong: HK Model Camp. "J’organise des bootcamps pour les filles qui veulent faire ce métier mais aussi celles qui veulent un boost de confiance en elles tout en découvrant la profession... et en se découvrant elles-mêmes. En 2020, avec le Covid, je n’ai pu faire que deux camps, mais cela a été un succès.", me dit-elle en souriant.

Lors de ces camps, quelques jeunes filles, âgées de 14 à 22 ans, apprennent de l’expérience de Lucie: "Depuis, plusieurs d'entre elles sont désormais régulièrement présentes dans les médias". Lucie me cite notamment l’exemple d’une jeune femme prénommée Rosemary, qui a été sélectionnée comme finaliste par le concours international Elite Model Look. "Et il y a aussi Mia, une très belle Sino-Japonaise, toute petite, qui apparaît périodiquement sur les bus de la ville, dans des publicités, tandis que l’on retrouve Kylie sur plusieurs chaînes TV! Je suis extrêmement fière de ce qu’elles ont accompli et si les plus jeunes, qui sont toujours étudiantes, ont encore besoin de davantage de temps pour maturer, elles sont sur la bonne voie et j’ai hâte de voir ce que l’avenir leur réserve!"

En parallèle, la jeune femme s'occupe d'un programme bénévole intitulé Inspiring Girls où elle accompagne des jeunes filles de 10 à 18 ans afin de les aider à trouver leur voie: "Pour l’instant, ça se passe une fois par mois en ligne (jusqu’à ce qu’on puisse le faire en face à face) et je chaperonne un groupe de 4 à 5 filles du Lycée International Français qui ont toutes environ 15 ans. Ce sont des cours sur la découverte de leur valeurs, de leur forces et de leur intérêts mais surtout destinés à leur donner confiance en elles et s’apprécier davantage."

Pour conclure, je demande à Lucie quels sont ses conseils pour celles et ceux qui souhaiteraient faire le même métier qu’elle: "Ne vous comparez jamais avec les autres, me dit-elle en souriant. Dans ce métier, il arrive d’avoir le sentiment d’être en compétition en termes d’apparence, tant sur les réseaux sociaux que lorsqu’on se rend d’un casting à un autre. On est sans cesse mis à l’épreuve et face à une audience pas toujours tendre… Mais tout le monde est différent et a potentiellement une chance, pour autant que l’on croie suffisamment en soi et que l’on se donne la chance!"

Pour la suite, Lucie fourmille d’idées. Elle planifie bien évidemment d’autres camps au cours de l’été, mais envisage de donner des cours sous des formes diverses, et même de créer une plateforme pour promouvoir tous types de mannequins.

"On verra de quoi demain sera fait… mais j’adore mon métier!"

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