Simples régurgitations ou reflux gastro-oesophagien ?
Il suffit que bébé régurgite à plusieurs reprises et sans motif apparent pour que sa mère s'en inquiète immédiatement auprès de leur pédiatre ! Qu'est-ce qui se passe, docteur ? Rassurez-vous, la plupart du temps, le reflux gastro-oesophagien (RGO) est physiologique. Ce sont ce qu'on appelle des régurgitations ou si vous préférez des renvois comme disaient nos grand-mères. Le reflux gastro-oesophagien pathologique est, lui, beaucoup plus rare. Nos explications.
Les régurgitations ou reflux gastro-œsophagien physiologique ? Qu'est-ce que c'est ?
Tout simplement l'extériorisation par la bouche du lait que votre bébé vient de boire. Ces régurgitations remontent très facilement de l'oesophage - à ne pas confondre avec des vomissements qui, eux, demandent un effort musculaire. En cause : le sphincter appelé cardia qui se trouve à la jonction de l'estomac et de l'oesophage. Il s'ouvre quand le bol alimentaire (les aliments) arrive dans l'estomac et doit se refermer après leur passage. Mais voilà, à la naissance, en raison de l'immaturité digestive, il ferme mal !C'est normal.
Est-ce fréquent ? Eh oui et dès la naissance ! On constate qu'environ deux tiers des bébés de moins de 4 mois ont un reflux gastro-oesophagien physiologique. Et qu'à l'âge de 6 mois, ils sont encore 5 à 6 % sans que ce soit pathologique. Certains adultes continuent à en pâtir aussi d'ailleurs !
A quel moment ? Les régurgitations surviennent après le repas. Le lait n'ayant pas encore été digéré, elles ne sont pas acides et donc pas douloureuses. Le bébé reste souriant, ne pleure pas quand ça remonte et sa courbe de croissance est impec. Tout va bien !
Ça fait mal ? Non. Sauf lorsque les régurgitations surviennent à distance des repas (1 heure après par exemple avec un rot) ou plus tard. Elles peuvent irriter. Pourquoi ? Parce que le lait a alors commencé à être digéré. Ce qui remonte est acide et brûle l'oesophage. Sa paroi n'est pas faite pour supporter l'acidité au contraire de celle de l'estomac, donc, ça fait un peul mal. Le bébé pleure. Il peut y avoir aussi reflux sans que ça ressorte par la bouche. Le lait reste dans l'oesophage… et est ravalé. Ni vu ni connu ! Voilà pourquoi le RGO n'est pas si facile à diagnostiquer.
Je fais quoi contre les régurgitations ou reflux gastro-œsophagien physiologique ?
A ce stade du RGO, il n'y a pas de traitement médical recommandé (pourtant, certains médecins prescrivent des antisecrétoires sans faire d'examens, lire Le reflux gastro-oesophagien pathologique ci-dessous). En revanche, des règles diététiques et d'hygiène améliorent la situation.
• Consultez. Ne serait-ce que pour être rassurée par le pédiatre ! Qui vous confirmera qu'il n'y a pas de lien avec le risque de mort subite. Votre enfant ne risque pas de s'étouffer.
• Utilisez un lait épaissi anti-régurgitations prescrit par le pédiatre. Ainsi, le lait remonte moins facilement dans l'oesophage du bébé.
• Fragmentez l'alimentation. Davantage de biberons dans la journée, chacun avec moins de volume = moins de risques de régurgitations.
• Ne fumez pas dans la maison. La fumée de tabac que bébé inhale quand on fume autour de lui (= tabagisme passif) n'est pas bonne pour le RGO ! Elle irrite et relaxe le sphincter de l'oesophage.
• Maintenez bébé redressé au moins une demie-heure après le biberon, un rot est le bienvenu. La mauvaise idée est de le recoucher très vite. Usez et abusez du bavoir, lange, etc, pour limiter les dégâts.
• Continuez à le coucher sur le dos et à plat. Certes, les reflux diminuent quand il est couché sur le ventre. Néanmoins, la position proclive ventrale (sur le ventre et en déclivité à 30 °) n'est plus recommandée depuis des années. Quant à la position proclive dorsale (sur le dos et en déclivité), elle n'a jamais prouvé son efficacité. Il y a de plus un risque à ce que le bébé roule au fond du lit s'il est mal attaché.
• Ne serrez pas trop la couche. Vous avez déjà remarqué que si vous êtes trop serrée dans votre pantalon après le repas, la digestion n'est pas franchement facilitée ! Ça disparaît ? Avec le temps, oui. Les choses s'améliorent un peu au moment de la diversification alimentaire, quand les aliments deviennent solides. Mais la vraie amélioration survient entre 12 et 15 mois, à l'âge de la marche. La station debout "redresse" l'estomac, la pression dans l'abdomen est moins forte… et la maturité du système digestif est faite ! Fini le RGO.
Le reflux gastro-œsophagien pathologique. Qu'est-ce que c'est ?
La même chose que les régurgitations mais en plus fort. Dans ce cas, l'immaturité digestive est telle que le sphincter est très ouvert, voire béant. Les régurgitations sont nombreuses à remonter par la bouche, parfois par le nez. Elles surviennent à n'importe quel moment, à distance des repas et pendant le sommeil aussi. C'est douloureux, le bébé ne veut plus boire ses biberons, son poids stagne. Evidemment, plus les régurgitations sont fréquentes, plus l'oesophage est abîmé (l'inflammation s'appelle une oesophagite), plus il a mal… Le RGO pathologique s'accompagne d'otites récidivantes (ce qui mettre la puce à l'oreille du pédiatre), de laryngites, de bronchites, d'asthme du nourrisson. Et plus rarement, d'une intolérance ou d'une allergie aux protéines du lait de vache.
Qui est touché ? Surtout les enfants prématurés, ceux atteints de pathologies neurologiques (les polyhandicapés par exemple), d'atrésie congénitale de l'oesophage, de hernies hiatales importantes. Le RGO pathologique n'est pas très fréquent.
Comment fait-on le diagnostic ? A l'aide d'une PH métrie, un examen qui se fait en ambulatoire à l'hôpital. Le médecin glisse par le nez un tuyau très fin qui descend dans l'oesophage et dépose un petit boîtier mesurant l'acidité pendant 24 heures (combien de fois le reflux, etc). Est également prescrit une fibroscopie qui permet de faire des prélèvements dans l'oesophage. Ceux-ci mettent en évidence les conséquences du RGO, à savoir le degré de l'oesophagite.
Quels sont les traitements ? Pour diminuer l'acidité de l'oesophage, il n'y a que les médicaments antisecrétoires du type Mopral. Les lésions cicatrisent et disparaissent mais le reflux, lui, est toujours là. Ce traitement n'a pas d'effets secondaires. Quand le RGO est très important, sont parfois prescrits en deuxième intention des médicaments pro-kinétiques, à l'hôpital et sous surveillance médicale. Ils accélèrent la vidange gastrique et tonifient le sphincter. Ces médicaments du type Prepulsid, Primperan et Motilium ne sont plus autorisés en ville. Ils ont des effets secondaires, notamment cardiaques. Le dose efficace n'est pas loin de la dose toxique.
Ça disparaît ? Le RGO pathologique passe la plupart du temps quand Bébé commence à marcher.