Jouets de garçons, jouets de filles : faut-il aller contre les stéréotypes ?

Jouets de garçons, jouets de filles : faut-il aller contre les stéréotypes ?

Par Caroline Marie
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Les petites filles doivent-elles jouer les princesses et les garçons, les héros de ces dames ? Anne Bacus, psychologue, explique pourquoi il est temps de ne plus associer à chaque sexe des jeux et des jouets spécifiques.

Dis-moi à quoi tu joues, je ne te dirai pas qui tu es

« Peu importe à quoi l’enfant joue, l’essentiel c’est qu’il joue ! » s’exclame Anne Bacus, psychologue. Il faut en finir avec l’idée selon laquelle une fille joue comme une fille et un garçon comme un garçon. Les jouets ne sont pas sexués avant trois ans environ. Les petits n’ont pas encore une conscience claire de leur sexe et jouent indifféremment avec les jouets qui les tentent. Même si une étude américaine récente explique qu’il existe une différence innée entre les filles et les garçons, nous apprend Anne Bacus. Ces derniers se dirigent spontanément vers les jeux qui respirent l’action et la propulsion !Jouets de garçons, jouets de filles : faut-il aller contre les stéréotypes ? Jouets de garçons, jouets de filles : faut-il aller contre les stéréotypes ?

Vers trois ans, bébé commence à se centrer sur son sexe, à se sentir fille ou garçon. Il ressent une certaine fierté à être l’un ou l’autre et cherche à s’en donner les attributs, y compris de façon caricaturale. « Pour l’anecdote, raconte Anne Bacus, une petite fille et un petit garçon face à une télécommande ont improvisé un jouet différent : la petite fille en a fait un téléphone et le petit garçon un pistolet ! ». En comprenant leur sexe et ses intentions, ils entrent dans un rôle. Les filles princesses et les hommes des héros ? Oui, les enfants reçoivent des messages de la société et enfilent leur costume, différents par nature mais aussi conditionnés par les stéréotypes.

Jouets de garçons, jouets de filles : faut-il aller contre les stéréotypes ?

Et pourtant, un petit garçon peut jouer à la poupée et une fille aux petites voitures. Il n’y a rien d’anormal à cela et c’est assez fréquent. Les parents sont souvent inquiets (à tort) quand cela survient, observe Anne Bacus. Il faut prendre du recul par rapport à ces « normes ».

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Chaque enfant joue à ce qu’il veut, et manipuler des jouets du sexe opposé n'est pas prédictif. Non, un petit garçon qui joue aux poupées ne sera pas homosexuel.

Il est donc important d’en finir avec les stéréotypes : peu importe à quoi bébé joue, cela ne veut rien dire ! Et même s’il est important d’offrir à son enfant des jouets qui le confortent dans son sexe, pas besoin d’en faire trop et d’entrer dans des clichés qui renforcent l’inégalité fille garçon.

A force de stéréotypes, on creuse l’inégalité fille/garçon

C’est une bonne chose d'accepter les demandes différentes des garçons et des filles, épée ou baguette magique, voiture ou poupon, explique Anne Bacus, car le petit doit recevoir des jouets qui ont du sens et des attributs définissant son sexe. Mais ce n'est pas un passage obligé. Le marketing utilise cette différence pour vendre des jouets qui sont loin d’être unisexes. Résultat nous allons vers une forme claire d’inégalité. Non, la petite fille n’est pas bonne qu’à faire la dinette et le garçon, à devenir un héros des temps modernes ! Les publicités transmettent trop d’images qui réduisent la fille aux tâches ménagères par exemple, et l’homme à sauver le monde. Offrir des cadeaux tels à ses enfants, trop à l’extrême, renforce l’inégalité filles garçons et conditionne les petits.

Alors, qu’offre-t-on à bébé ?

On dit oui aux cadeaux qui les aident à se différencier et comprendre qu’ils sont filles ou garçons mais non aux cadeaux qui renforcent les inégalités. Pour atteindre ce juste milieu, il est important de se détacher des stéréotypes et pourquoi pas de se diriger vers des jouets asexués et neutres pour décrocher du modèle « jouets pour filles, jouets pour garçons ». Tout en respectant les demandes et les envies des enfants, offrir des jouets qui conviennent aux deux sexes (jouets scientifiques, sportifs, de construction, éducatifs) reste l’idéal.

Merci à Anne Bacus, psychologue et auteur de Votre enfant de un à trois ans aux Editions Marabout.

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