Trouville-sur-Mer. Avec sa marque Studio Myosis, Laura Charlot mise sur une mode éco-responsable et haute en couleur
Par Marie-Madeleine Remoleur Publié leLe Pays d'AugeVoir mon actu
Les rayons de soleil transpercent la vitre de l’atelier de Laura Charlot, niché au cœur de son appartement, à Trouville-sur-Mer (Calvados). Sur sa table de travail, deux machines attendent de lancer leur folle course. Juste en dessous, des tissus sont méticuleusement rangés. Des vêtements déjà confectionnés patientent sagement avant de partir en Italie, dans l’une des boutiques avec lesquelles la créatrice travaille.
Des robes, des chemises, des kimonos et des flots de motifs et de couleurs. C’est dans ce petit univers que Laura donne vie à de nombreuses pièces pour sa marque Studio Myosis. En prenant son temps, et en respectant la planète.
Des pièces originales
C’est grâce à sa grand-mère que Laura a confectionné ses premières pièces. En traînant chez elle, la créatrice est tombée sur des vieux tissus colorés, avec des motifs parfois totalement kitsch. « Ça tombait bien car je n’avais pas du tout envie de faire des vêtements unis. » Sa première pièce fut une chemise réalisée à partir… d’une nappe provençale.
Création après création, elle s’est rendu compte que son univers plaisait. « Les gens aiment bien avoir des chemises ou des kimonos qui sortent de l’originalité, plutôt que des vêtements plus classiques. » L’affaire prenait, elle a donc décidé de monter sa société Studio Myosis en octobre 2019. Elle habitait alors à Paris.
Une arrivée à Trouville
Entre coup de tête et coup de cœur, Laura et son conjoint se sont installés à Trouville-sur-Mer il y a quelques mois. Une commune où ses créations avaient déjà trouvé un pied-à-terre, à la Villa Gipsy.
Et depuis, tout est allé très vite. Elle a participé aux Rendez-vous des créateurs aux Cures marines, s’est trouvé une place au Concept Store Smile à Rouen, puis au Patio des Créateurs, à Carcassonne. « Je marche beaucoup avec les boutiques éphémères (voir encadré ndlr). Ça dure quelques mois puis ils me renvoient mon stock et je le renvoie à d’autres boutiques, ça évite le gaspillage. » Elle s’est également fait une petite place dans une boutique à Lourmarin, près d’Aix-en-Provence et en Italie, à Gènes, où elle a été repérée grâce à Instagram. « Ça plaît bien car les Italiens sont très motifs, sourit-elle avant de reconnaître : Globalement, ça marche bien et je suis contente que ça le fasse avec de vraies valeurs. »
Des tissus sans fin
Donner une seconde vie aux tissus, c’est aussi avant tout savoir bien les choisir. Pour en récupérer, elle multiplie les sources : chez Emmaüs à Pont-l’Évêque, sur Vinted ou Le Bon Coin, etc.
Et toujours dans une démarche anti-gaspi, elle utilise les chutes et les tissus trop petits pour créer des accessoires, comme des chouchous.
Les tissus qu’elle choisit méticuleusement sont souvent originaux, avec des motifs parfois vintages qui plaisent. « J’arrive à trouver des pépites », sourit-elle en caressant de la main ses tissus soigneusement rangés. Toile de Jouy, housse de couette en coton. Elle les déplie un à un, n’hésitant pas à les faire toucher. Et avant de les transformer et de leur donner une nouvelle vie, elle teste chaque tissu pour s’assurer de sa solidité.
Et sur sa boutique en ligne, Laura n’hésite d’ailleurs pas à raconter la vie passée de chaque tissu utilisé. Une preuve que chez elle, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
Consommer local et durable : oui, mais à quel prix ?
C’est une critique que l’on entend souvent : les vêtements de créateurs français sont plus chers que les vêtements que l’on trouve en grande surface, fabriqués ailleurs dans le monde. Du côté de Studio Myosis, Laura Charlot énumère sa fourchette de prix. « Pour les kimonos, je suis à 85 €, les robes à 90 €, les blouses à 70 €. »Pour elle, ce prix rémunère un travail qu’elle fait seule. « On n’est pas habitué au prix juste, insiste-t-elle avant de détailler le travail : je choisis les tissus, je les teste, je dessine les coupes, je couds, je m’occupe de la commercialisation, je gère le site, les réseaux sociaux, fais les photos et ça, je ne le compte pas dans le prix du vêtement… Avec les taxes à payer, je ne peux pas embaucher quelqu’un alors que ça me serait bien utile. Pour une chemise, par exemple, c’est cinq heures de travail juste pour la couture. »D’ailleurs, la créatrice avait réalisé une petite vidéo sur Instagram « pour expliquer derrière le prix d’une chemise la part que représente la matière première, la TVA, etc. ».Et dans l’idée du slow fashion, c’est aussi consommer moins, mais mieux. « J’avais aussi fait une vidéo pour expliquer que mes robes pouvaient autant être portées l’été qu’en hiver. Ainsi on achète une pièce, mais on peut la porter toute l’année. » Des pièces qui, en plus, sont très souvent uniques. « Une pièce unique sur 7 milliards de personnes ça se paie un peu », sourit-elle.
Pratique : Où trouver ses vêtements ?En vente à la Villa Gipsy, à Trouville-sur-Mer. Pour découvrir les points de vente de Studio Myosis ou les tissus disponibles et les pièces mises en vente sur la boutique en ligne, c’est par ici. Page Facebook : Studio Myosis. Profil instagram par ici.Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Le Pays d'Auge dans l’espace Mon Actu . En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.
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