Allaitement maternel : bienfaits, durée, alimentation et conseils pour réussir son allaitement
L’allaitement d’un nouveau-né peut débuter pendant l’heure suivant sa naissance, si elle s'est bien passée, lors du premier peau à peau avec sa mère. Le bébé est alors positionné, dans l'idéal, sur le ventre et il a des réflexes lui permettant de lever ses pieds et d’amener ses mains à sa bouche. "L’odeur du liquide amniotique et l’aréole mammaire de la mère ont la même odeur. Le nourrisson est donc guidé et il va monter jusqu’au sein de sa maman. Les mouvements du bébé sur le ventre vont également aider à l’expulsion du placenta. L’allaitement après l’accouchement est idéal, car le bébé expérimente une manière autonome de se nourrir", explique Marion Guérin, infirmière puéricultrice et consultante en lactation.
La première tétée dure-t-elle longtemps ?
La durée de la première tétée est très variable. Selon la spécialiste, le nouveau-né met 45 minutes à une heure pour atteindre le sein de sa mère. Il va ensuite pouvoir téter à sa guise pendant environ une heure. "Ce moment permet à l’enfant et à la nouvelle maman de se connaître. Il est important que le personnel soignant encadre cet instant, mais tout en laissant le binôme se découvrir", souligne la consultante en lactation.
Il est également possible d’allaiter un bébé né prématurément. Le lait de la mère est cependant différent, car il est plus riche et adapté aux besoins du nouveau-né. Ce dernier n’a parfois pas la force de faire une tétée efficace. "On peut donc lui proposer le colostrum, autrement dit le lait, dans une petite seringue ou une cuillère afin qu’il profite de tous les bienfaits de ce lait. Il est parfois requis d’amorcer la lactation au tire-lait lorsque l’enfant part en réanimation et qu’il est séparé de sa maman", complète Marion Guérin.
Allaitement : peut-on donner le sein plusieurs mois après un arrêt précoce ou un non-allaitement ?
Un accompagnement est souvent nécessaire pour une mère souhaitant reprendre ou débuter un allaitement plusieurs mois après la naissance du bébé. On part alors de relactaction. En cause ? Le corps de la mère n'a pas ou plus été stimulé par les tétées de l'enfant. Cette dernière aura donc besoin d'aide pour relancer la lactation.
La glande mammaire est arrivée à maturation pendant la grossesse. La lactation peut alors être relancée avec un tire-lait, ou en donnant le sein, mais allaiter un enfant âgé de 12-13 mois peut s'avérer plus difficile. Un bébé intègre son réflexe de succion aux alentours de trois mois. Concernant les enfants plus âgés qui n'ont ou qui ne sont plus allaités, la succion n'est alors plus un réflexe et la dépression intra-buccale permettant le transfert de lait au sein est plus difficile à mettre en place.
Un dispositif d'aide à la lactation (DAL) peut également être mis en place. Un fin tuyau est placé dans un flacon et positionné le long du mamelon en même temps que le bébé tète. Cet outil permet d'améliorer le transfert de lait et d'aider une mère qui souhaite débuter, reprendre un allaitement ou dont le bébé ne prend pas assez de poids.
Concernant les adoptions ou les co-partenaires, on parle de lactation induite lorsqu'il y a un projet d'allaitement. La ou les mère(s) peuvent suivre un traitement hormonal prescrit par leur médecin traitant afin de mimer une grossesse et d’amener la glande mammaire à maturation.
Combien de fois par jour, doit-on allaiter un enfant ?
D’après Marion Guérin, un nouveau-né peut être allaité entre huit à dix fois par jour, mais l'appétit varie d'un nourrisson à un autre et s'adapte à la lactation de la mère. Certains ont besoin d’être allaités plus souvent tandis que d'autres font moins de tétées par jour.
Des signes peuvent indiquer qu'un bébé a faim ou qu'il est arrivé à satiété. Il est recommandé de présenter le sein régulièrement à un nouveau-né et de pratiquer du peau à peau pour repérer les signes d’éveil indiquant qu’il a faim. "Il peut tirer la langue, mettre ses mains à sa bouche. Ces micros signes sont cependant moins visibles lorsque l’enfant porte beaucoup de vêtements ou qu’il est dans son berceau, loin du corps de ses parents", détaille la spécialiste avant d’ajouter "mieux vaut ne pas attendre qu’il se mettre à pleurer pour lui donner le sein. On risque de se faire mal, car le bébé est trop énervé ou peut se mal se positionner sur le sein."
Un bébé peut montrer de différentes manières qu'il est rassasié. Il peut arrêter de transférer du lait et continuer de téter le sein de sa mère sans déglutir. D’autres l’expriment en ouvrant leurs mains, en desserrant leurs poings ou en se décrochant du sein.
Il est également important d'observer le comportement d'un nouveau-né afin de savoir si la tétée est efficace. La mère peut alors repérer des signes de succion et de déglutition signifiant que son enfant se nourrit correctement. Pour l'aider, elle peut aussi effectuer une compression mammaire consistant à mettre sa main en C et appuyer sur son sein en même temps que la tétée afin d’augmenter la pression sur la glande mammaire.
Allaitement : quels sont les bienfaits de cette pratique ?
L'allaitement présente plusieurs bénéfices pour la santé d'un enfant. Le lait maternel renferme notamment une grande quantité d'anticorps qui favorisent la bonne mise en place du système immunitaire et luttent contre les maladies infectieuses.
We're nearly there! How to finish mdf #hmmm #desk #newstudio #Chorley #recordingstudio http://t.co/juqccD4WMJ
— White Bear Studios Tue Jul 01 17:46:27 +0000 2014
Nourrir son enfant au sein aurait également un effet préventif par rapport à l'obésité, selon une étude de l'Organisme Mondial de la Santé (OMS), publiée en 2019. Pour les besoins de ces recherches, près de 30.000 enfants âgés de six à neuf ans et issus de 16 pays européens avaient été recrutés. D'après les résultats, "les enfants n'ayant jamais été allaités ont 22% de probabilité en plus d'être obèses" par rapport à ceux ayant été nourris au moins en partie au lait maternel pendant six mois ou plus.
"Cela peut en partie s'expliquer par le fait que l'allaitement induit des réponses hormonales différentes de celles que procurent les préparations pour nourrissons", avait précisé l'OMS. Les bébés ayant consommé du lait en poudre industriel auraient présenté un taux d'insuline supérieur à celui des enfants allaités. Le dépôt de graisses serait donc plus stimulé chez ces enfants, d'après l'étude.
L'allaitement a également des bienfaits pour la mère. Une étude, parue en 2018 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), avait indiqué que le risque de développer un diabète de type 2 aurait été réduit de 47% chez les femmes ayant allaité pendant au moins six mois. Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques avaient observé 1.200 participantes âgées de 18 à 30 ans et qui n'étaient pas atteintes par le diabète au début de la recherche, de 1986 à 2016. "Nous avons constaté un lien très fort entre la durée d'allaitement d'un enfant et une réduction du risque de développer un diabète de type 2 et, ce, après avoir pris en compte tous les facteurs prédisposant à cette maladie", avaient assuré les responsables de l'étude.
Quelles sont les hormones stimulées par l'allaitement ?
L’allaitement favorise la sécrétion d’ocytocine, une hormone naturellement fabriquée par l’hypophyse situé dans le cerveau. Cette hormone est responsable de l'éjection du lait et sa sécrétion est favorisée pendant la tétée. Autre vertu ? Elle aide l'utérus à reprendre rapidement sa place après l'accouchement.
Une synergie se crée entre une mère et son bébé lors de tétées. "Grâce à l’allaitement, l’enfant parvient à trouver un rythme jour et nuit. Le lait du matin contient de la dopamine, une hormone qui aide un petit à être dynamique, et le lait du soir renferme de la mélatonine qui favorise l’endormissement", indique la consultante en lactation.
L'allaitement réduirait également les risques d’hémorragies post-partum et aurait un effet protecteur contre le cancer du sein, d’après Marion Guérin. "Allaiter permet aussi d'améliorer le sommeil chez la femme. Cette dernière a un sommeil plus réparateur et récupérateur, à condition qu’elle fasse du cododo et qu’elle n’ait pas à se relever la nuit pour aller nourrir son enfant", indique la consultante en lactation.
Quelle est la durée de la période d’allaitement ?
La période d’allaitement dépend du binôme. Elle peut durer plus ou moins longtemps en fonction des besoins de l’enfant et du choix de la mère. Ce dernier peut choisir d’arrêter de téter naturellement avant ses deux ans et certains continuent jusqu’à leurs six-sept ans. Chaque cas est donc différent.
Le lait maternel est toujours présent tant que les seins sont stimulés. Les mères peuvent donc effectuer un co-allaitement avec des enfants d’âge différent, avec des jumeaux, des triplés, des quadruplés et peuvent aussi allaiter sur un seul sein.
Quelle est l’alimentation recommandée lors de l’allaitement ?
Il est important de manger varié et équilibré pendant un allaitement. Les aliments interdits pendant la grossesse comme les sushis, les huîtres ou certains fromages ne le sont pas pour une mère allaitante. Concernant les boissons alcoolisées, il est possible d'en consommer de temps en temps, mais sans réaliser d'excès.
Dans des cas plus rares, un bébé peut avoir des sensibilités digestives et peut réagir à certains aliments contenant des protéines tels que les œufs ou le lait de vache. Il est alors nécessaire que la femme adapte son régime alimentaire.
Allaitement : comment se positionner pendant la tétée ?
"Les positions varient en fonction du confort du binôme. Il est nécessaire que ce soit une posture convenant à la mère et à l’enfant permettant la sécrétion d'ocytocine. La position dépend également de l’âge de l’enfant. De nombreux nouveau-nés sont plus à l’aise pour téter lorsque leur mère est semi-allongée. Ils sont sur le ventre et la gravité est alors une aide leur permettant d'activer au mieux leurs réflexes archaïques. En grandissant, les enfants sont plus toniques et ils trouvent les positions qu’ils affectionnent", précise Marion Guérin.
Quelles sont les causes pouvant être responsables de douleurs lors de l’allaitement ?
Des douleurs peuvent survenir pendant l’allaitement. "Des causes émotionnelles, liées à la naissance, une mauvaise position in utero ou encore les postures d’allaitement peuvent déclencher des douleurs pour la mère. Une femme qui a peur d’avoir mal peut anticiper, se crisper et donc ressentir des douleurs", détaille la spécialiste. Selon cette dernière, il est très important d’accompagner la mère et de lui proposer des solutions afin de réduire les douleurs. Elle peut notamment changer sa position lors de l’allaitement ou suivre une thérapie manuelle comme de la chiropraxie, de l’ostéopathie ou de l’acupuncture.
"Si les douleurs persistent, une fois que toutes les causes corrigibles ont été abordées, on observe la succion de plus près. On réalise un examen au doigt afin d’identifier de potentielles tensions dans la bouche du bébé. Pour y remédier, on propose des jeux et des massages pour détendre la sphère buccale. Des freins restrictifs de la langue peuvent être responsables de douleurs lors des tétées Ils peuvent empêcher l'enfant d'utiliser sa fonction buccale de manière optimale. Une correction chirurgicale peut parfois être recommandée afin d'améliorer les fonctions buccales", complète Marion Guérin.
Merci à Marion Guérin, infirmière-puéricultrice et consultante en lactation
Sources : L'Organisation Mondiale de la Santé, le Journal of the American Medical Association
À lire aussi :
⋙ Dépression post-partum : "À la naissance de ma fille, je me suis dit que je ne serais plus jamais heureuse"
⋙ Stimuler la lactation avec les tisanes d'allaitement, ça marche vraiment ?
⋙ Allaitement : comment utiliser un dispositif d'aide à la lactation ou DAL ?