Déconfinement : les clients de retour dans les magasins

Philippe Bertrand
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Au moment du déconfinement, les commerces qui ont rouvert ont fait le plein. Les croissances enregistrées sont à deux, voire trois chiffres, par rapport à 2019. Les professionnels comptent sur la fête des mères et les soldes pour poursuivre la lancée.

Les consommateurs ont été au rendez-vous de la réouverture des commerces dits « non essentiels ». Qu'ils soient implantés en centre-ville ou dans des centres commerciaux, les magasins ont vu s'amorcer le rebond des ventes. Les employés n'ont pas caché, non plus, leur satisfaction de reprendre leur travail.

« La première journée [mercredi 19 mai, NDLR] a été très bonne », constate Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce, organisation qui regroupe 760 grandes enseignes et 26.000 points de vente d'équipement de la personne, de Zara au Printemps. « Selon notre panel, Retail Int, l'activité a été supérieure de 155 % à celle enregistrée le même jour de 2019, avec une hausse du trafic de 62 % ». Un exploitant de magasin témoigne : « Cela a été comme un samedi de décembre. »

Hommes, femmes et enfants

Les clients sont venus pour acheter. Et, à l'inverse de ce qui s'était passé lors de la levée des précédents confinements, toutes les familles de produits sont entrées dans le panier. Les vêtements pour enfants sont en tête des ventes. Les enfants ont grandi. Mais le prêt-à-porter féminin et masculin a bien fonctionné aussi.

Le boom s'est un peu tassé ensuite. Mais sur cinq jours, jusqu'à 23 mai, la croissance a tout de même été de 88 %. L'Alliance du commerce note que la reprise a été équivalente, à peu près, dans tous les types d'implantation : centre-ville, centres commerciaux et zones d'activité commerciales, avec un trafic qui a crû de 32 % en moyenne.

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Rebond aussi dans les centres commerciaux

Le Conseil national des centres commerciaux confirme le rebond avec une hausse de la fréquentation de 27 %, lundi de Pentecôte compris, par rapport à 2020, sur un périmètre qui exclut les plus gros complexes qui n'ont rouvert l'an passé que début juin. Dans les régions, une trentaine de préfets ont opportunément accordé l'autorisation d'ouverture le dimanche. « Cette performance a été réalisée alors que les restaurants ne pouvaient faire que de la vente à emporter et que les cinémas avaient une jauge stricte », précise Gontran Thüring, le délégué général. Seul bémol : la fréquentation des « malls » est restée en retrait de 8 % de son niveau de 2019…

Parmi les enseignes, FNAC et Darty ont été portés par les produits éditoriaux (BD et mangas), particulièrement boostés par la généralisation annoncée du Pass culture, par les téléviseurs en prévision de l'Euro de football, le gros ménager et les jeux jouets.

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A Westfield Vélizy 2, le paquebot d'Unibail Rodamco Westfield dans l'Ouest parisien, Jonathan Toulemonde, le directeur, évoque des croissances « à deux chiffres » et même trois (100 % à 140 %) pour les boutiques de vêtements enfants. Contrairement aux indications de l'Alliance du commerce, il ne voit pas le rebond s'affaiblir au fil des jours et évoque « une dynamique qui va crescendo ».

Des queues boulevard Haussmann

A Vélizy, la jauge (un client pour dix mètres carrés dans les allées, un pour huit dans les boutiques) n'a jamais atteint son maximum. Tel n'a pas été le cas boulevard Haussmann, au coeur de Paris, fief des grands magasins. Aux Galeries Lafayette, où l'on parle aussi de croissance à deux chiffres, malgré l'absence persistante du gros de la clientèle étrangère, des queues se sont formées sur les trottoirs à certains moments.

Partout, les professionnels soulignent la joie profonde et « le plaisir » des personnels qui retrouvaient leur activité. « Dans le commerce, on aime les gens. Les équipes retrouvent leur vie », commente Armelle Dablin qui tient la boutique Yves Rocher à Vélizy 2. Jonathan Toulemonde parle même d' « euphorie de se retrouver ».

Entretenir la frénésie des achats

Reste à savoir si le rebond est l'effet d'un rattrapage ponctuel ou s'il durera ? Pour les commerçants, la fête des mères du 31 mai devrait entretenir la frénésie des achats. Après cette date, ils comptent sur les soldes d'été. Ils doivent démarrer le 23 juin. Les commerçants indépendants ont demandé un report, afin de continuer à vendre à pleines marges. Les grandes enseignes veulent écouler leurs stocks.

Le gouvernement doit trancher ce le 26 ou 27 mai. Un compromis pourrait être trouvé sur la date du 30 juin. Les commerçants sont en revanche hostiles à la « territorialisation » évoquée par Jean Castex. « Il faut que les soldes créent un élan général », argumente Gontran Thüring.

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