“Dragons” : une exposition parisienne raconte les coulisses de cette grande saga créative
“Dragons 3 : Le Monde caché” clôt la saga de DreamWorks. Harold le jeune Viking et son célèbre ami volant Krokmou tirent leur révérence avec un dernier film qui sort cette semaine. Une exposition parisienne revient en dessins sur les coulisses de la trilogie. Visite guidée en diximages.
Près de dix ans après la sortie de Dragons, le troisième et dernier volet de la saga DreamWorks, Dragons 3 : Le Monde caché, poursuit – et conclut – les aventures de ses héros. Si vous avez manqué les deux précédents opus (et les deux saisons de la série diffusée sur Netflix) sachez que les héros en question sont un drôle de duo formé par Harold, un jeune Viking (amoureux de sa petite amie Astrid) et Krokmou, son dragon noir de la famille des Furies nocturnes, qui ne devrait pas tarder à rencontrer lui aussi l’amour. Car derrière les spectaculaires images animées, la saga Dragons est aussi un récit initiatique sur l’adolescence et sa quête d’émancipation.
Simultanément à la sortie en salles le mercredi 6 février, une exposition parisienne gratuite revient sur « l’épopée artistique » que représentent les trois films. Deux cents œuvres sont exposées sur près de 400 mètres carrés, dont beaucoup d’originaux. Jean-Jacques Launier, le directeur d’Art Ludique-Le Musée, et Simon Otto, directeur de l’animation sur l’ensemble de la trilogie, ont accepté de commenter dix croquis et dessins qui laissent entrevoir la créativité déployée pour donner vie à de gentils monstres crachant du feu et aux humains à casques cornus de l’île de Beurk. Visite guidée.
« Parmi les nombreux dessins originaux, celui-ci a été réalisé spécialement pour l’exposition par le Français Nico Marlet. Nous projetons en vidéo sur grand écran la séquence qui a été tournée pendant la réalisation du dessin. Elle permet de voir que même dans une industrie qui utilise beaucoup le numérique, il y a aussi des artistes, comme Nico Marlet, l’un des plus grands concepteurs de personnages (character designers) au monde, qui a participé à la création du personnage d’Harold et de certains dragons. On espère que cette exposition va susciter des vocations auprès des jeunes visiteurs ! » s’enthousiasme Jean-Jacques Launier, le directeur d’Art Ludique-Le Musée.
« Krokmou est le dragon dont je suis le plus fier, explique Simon Otto, directeur de l’animation sur la saga. Je le considère comme mon bébé. Il représente ma propre relation avec les trois chats qui ont traversé ma vie, et qui sont devenus des partenaires, des membres de ma famille. Un chat, c’est un animal complexe, à qui on ne peut rien imposer. C’est exactement la même chose pour Krokmou. J’ai eu la chance de créer ce personnage, qui est devenu célèbre, et adoré dans le monde entier.
On voulait que Krokmou soit comme un mammifère, attachant, avec une personnalité qui nous permettrait de créer une relation très intime avec Harold. Lors des préparatifs du premier film, j’ai passé beaucoup de temps à dessiner Krokmou pour représenter un animal qui serait un peu comme une panthère noire, à la fois très dangereux et très attirant ! L’objectif était d’imaginer un dragon nouveau, différent de tous ceux qu’on connaissait jusqu’alors. »
« Quand, après le succès de Dragons, il a été décidé de réaliser un deuxième film, Dean DeBlois, le co-réalisateur du film, a imposé une trilogie, afin de pouvoir correctement terminer une histoire qu’il avait entamée, rappelle Simon Otto.Il souhaitait une vraie fin – que l’on découvre dans Dragons 3 – autour de la relation entre Harold et Krokmou, ce jeune garçon avec une prothèse (il a perdu son pied gauche pendant un combat) et ce dragon dont un aileron de la queue est abîmé.Nous, animateurs, devions raconter la vie d’Harold à travers plusieurs âges : bébé, enfant, adolescent, jeune adulte, et enfin à 35 ans, un procédé qui est très rarement exploité en animation. Comment faire vieillir un personnage, et que le public continue de s’attacher à lui ? Il fallait que l’on retrouve, dans tous les films, et jusqu’à l’âge adulte, le côté maladroit et dégingandé qui fait l’identité d’Harold. »
Well, friends. Our 11th offer was accepted. It was one of our weaker offers because we didn’t like it as much as ot… https://t.co/y0Vk8VmfYF
— 🐈 Tue Apr 06 17:10:04 +0000 2021
« Nous avions pour mission de créer un monde où toutes les formes de dragons peuvent exister, afin de réinviter l’imaginaire collectif autour de ces créatures. Et je pense que d’une certaine façon, nous avons réussi, parce que nous avons reçu de nombreux dessins d’enfants qui ont considérablement évolué au cours de ces dernières années : au début, nous recevions des dessins de dragons qui ressemblaient à ceux de Disney, puis les créatures sont devenues de plus en plus originales et élaborées », constate Simon Otto.
« Nous avons donné vie à vingt-cinq dragons, “héros” de premier plan dans le film, qui parlent, bougent, et interagissent avec les humains. A leurs côtés, une cinquantaine de dragons “de décor” ont également été créés. Nous avons pour cela mélangé les corps, les têtes et les queues imaginées, pour créer ainsi environ soixante-quinze dragons originaux », détaille Simon Otto.
Jean-Jacques Launier : « Dans une vidéo de l’exposition, Cressida Cowell, l’auteure britannique de la série de romans pour enfants Comment dresser votre dragon, à l’origine de la saga DreamWorks, raconte que son père était un environnementaliste qui passait des mois sur une île déserte du nord de l’Ecosse, sans électricité ni téléphone. Elle s’est mise à écrire et à illustrer de petites nouvelles inspirées de cette île qui avait réellement été envahie par les Vikings, peuple qui craignait les dragons. Tout cela a inspiré ses romans. Et l’exposition montre aussi cette transmission et comment l’imagination est source d’inspiration. »
Simon Otto : « Pour le troisième volet, le plus gros challenge a été de créer une femelle, qui apporte quelque chose de nouveau et de frais, pas juste une Krokmou en blanc. La difficulté était de créer un animal aussi sauvage et de faire en sorte que le public tombe amoureux d’elle en même temps que Krokmou, pour commencer à envisager un nouveau chemin irréversible entre les dragons et les hommes. Une page se tourne dans Dragons 3, et Harold, devenu adulte, doit l’accepter même si c'est douloureux. »
Jean-Jacques Launier : « L’exposition montre aussi des dessins de recherche du réalisateurDean DeBlois lui-même : des armes, mais aussi la prothèse d’Harold, où l’on voit l’influence de Star Wars. La saga est irriguée par l’expérience personnelle des réalisateurs, avec leurs douleurs et leurs pertes… »
« Dans le premier film, les Vikings affrontent les dragons. Mais dans le troisième volet, ils vivent en fusion, puisque Harold a réussi à convaincre les humains de vivre en harmonie avec eux, jusqu’à porter des armures créées à partir de la mue des animaux ! » détaille Jean-Jacques Launier.