Vêtements Entekâ: célébration d'un garçon extraordinaire
Quelle belle façon de célébrer le bonheur et de le partager que de créer des vêtements aux phrases rigolotes inspirés par un garçon extraordinaire ! C’est l’idée qu’ont eue Nancy Gaudreau et Richard Guillemette avec l’initiative des Vêtements Entekâ.
Pour commencer par le début, il faut connaître les instigateurs du projet, Nancy et Richard.
Nancy Gaudreau est mère de trois enfants. Elle est orthophoniste depuis 16 ans auprès d’enfants et d’adolescents et vit en Beauce depuis une vingtaine d’années. C’est grâce à son fils Victor qu’elle a découvert ce métier qui la passionne et ne regrette pour rien au monde son ancien emploi d’avocate.
Richard Guillemette, quant à lui, est éducateur spécialisé depuis 28 ans. Il intervient auprès des jeunes, de leurs familles et des différents intervenants qui gravitent autour d’eux. Il est l’éducateur de Victor depuis près de 21 ans et « ça fait environ 15 ans qu’on a vraiment du fun », de ses mots.
Un garçon aux émotions vivesVictor est un jeune homme de 24 ans. À l’âge de sept mois, il a eu une méningite foudroyante qui l’a porté un mois en soins intensifs et qui lui a laissé plusieurs séquelles au niveau du cortex cérébral.
« Il a donc un portrait un peu mélangé », a expliqué sa mère en entrevue virtuelle avec EnBeauce.com. En effet, certains de ses comportements sont similaires à ceux d’une personne avec un trouble du spectre de l’autisme, notamment par son traitement de l’information. Cependant, il est très sociable, il est très empathique et reconnait bien les émotions des gens. Il parle bien, mais a une importante déficience intellectuelle et a besoin d’accompagnement.
Quand il était plus jeune, il a eu de très gros problèmes de gestion de l’humeur. Il n’a jamais été violent envers autrui, mais il s'auto mutilait et faisait d'énormes crises de colère, il se mordait au sang et arrachait ses vêtements. Cela, pendant plusieurs années.« Ça a été vraiment des périodes difficiles, on a essayé toutes sortes d’affaires », a raconté Nancy. « Toutes ses émotions allaient vers une exagération, il n’avait aucune régulation. »
À ce moment-là, Richard est entré dans la vie du petit garçon. « On sentait tous les deux qu’il y avait quelque chose à faire et que Victor avait le potentiel pour fonctionner », a expliqué la maman.
« Ce n’est pas les connaissances qu’il fallait travailler, mais plutôt quelque chose qui structure la pensée, qui permet de se gérer. On ne connaissait pas vraiment ça, mais on s’y est intéressé. Victor a fait changer notre pratique et il a changé la pratique de tout le monde dans le domaine, car nous on fait maintenant des conférences et des formations sur la façon de travailler que nous avons adapté avec Victor », d’ajouter Richard Guillemette.
Ensemble, ils ont alors travaillé spécifiquement sur la régulation des émotions. Ils sont partis d’un ouvrage pour les enfants de 7 à 10 ans, écrit par un neuro psychanalyste, et l’ont adaptés à Victor qui était plus jeune.
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— Sir Sayraphim #BlackLivesMatter Wed Sep 04 08:49:10 +0000 2019
En l’espace d’un an, il a appris à se contrôler et le quotidien familial a été bien plus facile à gérer.« Il s’est mis à se parler dans sa tête, à se contrôler, à maîtriser ses émotions. À partir de là on a eu de moins en moins, et même plus du tout, de crises », a témoigné Nancy.
Un jeune homme qui transmet la bonne humeurCe petit garçon est devenu grand et est maintenant un bonhomme très intéressant et très sociable. Pour communiquer plus facilement, il s’est construit de nombreuses phrases et expressions pour faire rire les gens, ponctuées de « Entekâ ». C’est ainsi qu'est née l’idée de ces fameux chandails.
« C’était rendu que tout le monde parlait comme lui dans notre environnement. Tout le temps », a précisé sa mère. « C’est parce que ces mots fit partout! Lui les utilise aux bonnes places, mais nous, à force, on les utilise à des moments où ça fait bizarre, c’est le fun. C’est comme “ayez du plaisir avec mes paroles “ », a renchéri l’éducateur.
Sans aucun but monétaire, les deux compères, désormais liés par une solide amitié, ont eu envie de célébrer cette joie collective. Ils ont été surpris de constater que le projet se rendait au-delà des frontières qu’ils avaient imaginées.
« Il y a même des gens qu’on ne connaît pas qui ont commandé des chandails. On dirait qu’ils veulent communiquer le bonheur d’avoir Victor avec soi. Ça parle aux gens qu’on ne connaît pas, mais qui ont envie de ressentir ça. »
Plusieurs anciennes éducatrices de Victor ont également commandé des exemplaires et sont venues les chercher à domicile, ce qui a beaucoup touché Nancy. « Ça a fait des moments incroyables quand Victor leur donnait fièrement leurs chandails. Il y avait beaucoup d’amour dans ce projet et ces échanges. »
« Aimons la vie, c’est juste ça. »Après plus de deux ans avec ce projet en tête, Nancy et Richard ont lancé leur boutique sur Facebook durant la pandémie. Les vêtements sont d'ailleurs faits en collaboration avec l’entreprise Vêtement Pulsation Ann Dallaire à Saint-Joseph-des-Érables.
Grâce à l’argent récolté, Nancy paie à son fils une deuxième heure de sport par semaine avec un coach personnel. « Ça lui fait beaucoup de bien de s'entraîner, après il est relaxé pendant au moins 24h, on voit qu’il est moins anxieux, etc. ».
Pour se procurer un exemplaire, il faut simplement commander sur la page Facebook Vêtements Entekâ, en envoyant un message privé. À l’automne il va y avoir de nouveaux modèles.
« On trouve que ça fait ressortir les belles qualités de l’humain, le vrai, l’authenticité. Ça réveille le moral, comme dirait Victor. »