De 150 à 1,5 million d’euros la paire : le business florissant des « resellers » de sneakers

De 150 à 1,5 million d’euros la paire : le business florissant des « resellers » de sneakers

Dans sa chambre, des piles de livres répondent à des piles de boîtes de chaussures. Pour lui, la virgule évoque tout autant une ponctuation qu’une référence au « Swoosh », l’emblématique logo de l’équipementier américain Nike. « Ma première paire, c’était une Adidas Yeezy, il y a un peu plus d’un an. Achetée 220 euros et revendue quelques jours plus tard 350 euros à une connaissance. De 8 heures du matin jusqu’au soir, je suis resté connecté sur le site de la marque. Et je l’ai chopée. Au départ, je pensais la garder pour moi et puis, finalement, je me suis dit que c’était un moyen de me faire un petit revenu. »De 150 à 1,5 million d’euros la paire : le business florissant des « resellers » de sneakers De 150 à 1,5 million d’euros la paire : le business florissant des « resellers » de sneakers

Henri, lycéen de 17 ans dans la région grenobloise, est ce qu’on appelle dans le jargon un « reseller », du nom de ces jeunes qui achètent en ligne des produits neufs et fortement recherchés et les revendent souvent dans la foulée, engrangeant au passage une plus-value. Des amateurs débrouillards de plus en plus nombreux, mi-passionnés, mi-boursicoteurs, âgés de 15 à 25 ans pour la plupart, qui tirent bénéfice de la loi de l’offre et de la demande, mais aussi de la multiplication des séries limitées pour faire la culbute. A la pointe d’une génération pour qui « l’argent provenant de la vente en ligne est devenu une façon très courante de gagner en pouvoir d’achat, en autonomie et d’affirmer son identité », souligne Elodie Gentina, professeure en marketing et spécialiste des modes de consommation des adolescents et jeunes adultes.

Au royaume des articles les plus désirables et les plus spéculatifs, la marque de vêtements streetwear et d’accessoires de mode Supreme, les consoles de jeux comme la PS5 de Sony mais, surtout, les sneakers. C’est sur ce marché que la plupart des « resellers » se lancent et prospèrent. Car les chaussures de sport sont devenues des objets de spéculation, qui atteignent parfois des montants exorbitants. Sur un marché annuel mondial de la revente évalué à 6 milliards d’euros, certains modèles s’envolent. En avril 2021, la maison Sotheby’s a vendu pour 1,8 million de dollars (1,5 million d’euros) des Nike ayant appartenu à Kanye West.

Des heures d’apprentissage

De 150 à 1,5 million d’euros la paire : le business florissant des « resellers » de sneakers

Loin de ces sommets, la revente d’un modèle tendance et neuf, acheté entre 200 et 300 euros, peut rapporter deux à trois fois son prix d’achat. Ou du moins générer une plus-value conséquente pour un budget d’étudiant. On se rappelle l’engouement pour les baskets de l’enseigne Lidl, produites en édition limitée pour la deuxième fois en juillet 2021 (une première édition avait été mise en vente en décembre 2020). Coûtant 12,99 euros, elles se sont revendues dix fois plus cher. Un emballement éphémère – nombre de paires aux couleurs du spécialiste du hard discount se retrouvent aujourd’hui sur le carreau des sites de vente entre particuliers – mais qui a profité quelques jours à certains petits malins.

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