Syndrome de Pica : tout sur ce trouble du comportement alimentaire

La maladie de Pica, aussi appelée syndrome de Pica, se traduit par l’ingestion répétée de substances non alimentaires (objets, terre, cheveux…). Quelles en sont les causes ? Qui est concerné ? Quand s’inquiéter d’un tel comportement chez l’enfant ? Et chez la femme enceinte? On vous dit tout sur ce trouble du comportement alimentaire.Syndrome de Pica : tout sur ce trouble du comportement alimentaire

Définition : qu’est-ce que le syndrome de Pica ?

Comme l’anorexie ou la boulimie, la maladie de Pica, ou syndrome de Pica, s’apparente à un trouble du comportement alimentaire. Cela dit, cette classification fait débat car il n’est pas question d’aliments dans le cadre de ce syndrome.

En effet, le Pica se caractérise par l’ingestion répétée de substances non alimentaires, non comestibles, comme de la terre, de la craie, du sable, du papier, des cailloux, des cheveux etc. Son nom vient d’ailleurs du nom latin pica, désignant la pie, animal réputé pour avoir ce type de comportement.

Le diagnostic de Pica est posé lorsque la personne mange avec persistance des substances ou objets non alimentaires, de façon répétée, depuis un mois ou plus.

Le syndrome de Pica chez l’enfant, quels sont les symptômes ?

Le syndrome de Pica peut évoquer le comportement des jeunes enfants. Attention cela dit : un bébé de 6 mois à 2-3 ans a naturellement tendance à tout mettre à la bouche, sans qu’il s’agisse forcément de la maladie de Pica. C’est un comportement normal et transitoire de découverte de son environnement, qui finira par passer à mesure que l’enfant comprend et assimile ce qui se mange et ce qui ne se mange pas.

En revanche, si l’enfant continue à manger des substances non comestibles passé ce stade, il peut être bon de s’interroger.

Syndrome de Pica : tout sur ce trouble du comportement alimentaire

Durant l’enfance, le syndrome de Pica se traduit le plus souvent par l’ingestion de terre (géophagie), de papier ou de craie. A l’adolescence, le syndrome de Pica s’exprime davantage par de la trichophagie, qui consiste à mâchouiller ou ingérer ses propres cheveux. Il arrive alors, si ce comportement persiste, que des troubles digestifs apparaissent, du fait de boules de cheveux formées dans l’estomac.

L’enfant comme l’adulte peut être affecté par un syndrome de Pica. Il n’y a pas d’âge particulier pour en être affecté, le syndrome de Pica s’observant même parfois chez la femme enceinte.

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Syndrome de Pica et grossesse : un phénomène inexpliqué

Sans que l’on sache très bien pourquoi, le syndrome de Pica peut survenir pendant la grossesse. Il se manifeste alors généralement par des envies irrépressibles de manger de la craie, de la terre, du plâtre, de l’argile, de la farine. Il pourrait s’agir d’une réaction “animale” pour lutter contre les nausées, les vomissements, les carences… Une carence en fer est d’ailleurs souvent observée, c’est pourquoi il ne faut pas hésiter à en parler en consultation, pour faire vérifier son taux de fer et prendre une supplémentation en cas de besoin.

S’il n’existe aucun chiffre quant à la fréquence de la maladie de Pica pendant la grossesse, en revanche, les témoignages ne manquent pas sur les forums parentaux.

Dans certaines sociétés d’Afrique de l’Ouest, et a fortiori chez les femmes enceintes d’origine africaine résidant en France, l’ingestion de terre ou d’argile (le kaolin, argile blanche friable) est même une sorte de tradition, comme en témoigne l’enquête “Le Goût de l’Argile”, sur la géophagie des femmes africaines dans le quartier de Château-Rouge (Paris), publiée en 2005 dans la revue Terrain et Travaux.

“Quand je me suis trouvée enceinte de tous mes enfants, j'ai consommé du kaolin... Cela me faisait du bien car ça ne donne pas de nausées. Dans ma famille toutes les femmes en faisaient autant”, témoigne ainsi dans l’enquête une Ivoirienne de 42 ans vivant à Paris.

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Les causes de la maladie de Pica, pourquoi ce besoin de manger de la terre ?

Bien que ce ne soit pas systématique, puisque des traditions culturelles ou des carences peuvent aussi être en jeu, le syndrome de Pica est souvent associé à une maladie psychiatrique. Chez les enfants atteints de Pica, on retrouve ainsi souvent un retard mental, un trouble envahissant du développement (TED) ou un trouble du spectre autistique, ou autisme. Le Pica n’est alors qu’un symptôme d’une pathologie d’un autre ordre.

Chez l’adulte, un handicap mental ou des carences importantes peuvent engendrer un syndrome de Pica, alors qu’il peut être lié à une angoisse chez l’enfant de plus de trois ans et chez l’adolescent.

Syndrome de Pica : quels sont les risques ? Est-ce grave de manger du sable ou du papier ?

Les risques liés à un syndrome de Pica sont évidemment dépendants des substances non comestibles qui ont été ingérées. L’ingestion de morceaux de peinture au plomb peut par exemple induire un saturnisme. Dans le désordre, la maladie de Pica peut aussi entraîner des carences, une constipation, des troubles digestifs, une occlusion intestinale, des maladies parasitaires (si la terre avalée contenait des œufs de parasites par exemple) ou encore une dépendance (à la nicotine lors de l’ingestion de mégots de cigarette notamment).

Comment soigner la syndrome de Pica : quels traitements, quelle prise en charge ?

Il n’existe pas à proprement parler de traitement spécifique pour venir à bout d’un syndrome de Pica. La découverte de ce qui cause ce syndrome est essentielle pour déterminer la meilleure approche thérapeutique.

La psychothérapie peut ainsi être envisagée, en parallèle de changements dans l’environnement de la personne atteinte (remplacement des peintures, éloignement des mégots…). Il s’agira également, chez l’enfant, de dépister un éventuel trouble du développement, retard mental ou trouble autistique.

Des examens médicaux doivent par ailleurs être entrepris en cas de symptômes évoquant des complications (notamment d’ordre digestif, ou des carences) pour entreprendre un traitement médicamenteux ou chirurgical en conséquence.

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Auteur :
Hélène Bour, Journaliste scientifique
Article mis à jourparAntoine Blanchet, Journaliste
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