Test de The Surge 2

En 2014, Deck 13 déclarait son amour aux Souls-Like et sortait le sympathique Lord of The Fallen, un RPG au visuel proche d’un Darksider et au gameplay résolument hardcore. Trois ans plus tard, le studio nous offre une nouvelle vision du Souls-Like avec un soft qui lorgne cette fois-ci vers le post-apo futuriste, le bien nommé The Surge. Cette année, c’est le second opus de cette licence qui nous parvient avec la volonté de moderniser sa recette en la rendant plus légère, souple et dynamique comme nous l’avons souligné lors de notre preview. Alors au final, c’est mecha bien ou pas ?

A l'aube du 6ème jour

Le soft s'ouvre sur la tirade d'une enfant un poil pessimiste, suivi d'un crash d'avion qui nous conduit directement dans un créateur de personnages un poil sommaire, qui vous permet notamment de choisir le “lore” de votre héros ainsi que son aspect physique. Si les options de personnalisation ont le mérite d'exister, elles ne sont pas franchement nombreuses ni même jolies à vrai dire, mais de toute manière, avec l'armature que vous allez vous mettre sur la tronche dans la demi-heure qui suivra ce n'est pas bien grave. Votre héro ou héroïne ne ressemblera bientôt plus qu'à un automate de ferraille.

A votre réveil, vous voilà amnésique, allongé sur une table dans l'aile médicale d'un centre pénitencier en proie à un assaut d'envergure. C'est là que commence votre virée en enfer dans la bonne vieille ville de Jericho.

Il ne fait pas bon vivre dans la cité et vous le comprendrez rapidement dès lors que vous aurez mis le nez dehors. Jericho est cernée par une immense muraille censée endiguer une étrange infection de nanite (une sorte d'essaim de nanotechnologies), surnommée ici le “Defrag”. Entre les murs, la majorité des habitants voudront votre peau sans que l'on ne sache trop pourquoi, l'occasion de poser les yeux sur le bestiaire majoritairement composé d'humains affublés de tout un tas d'armures.

La ville dépeinte dans The Surge 2 est en ruine et totalement envahie par des cinglés de toutes sortes : prisonniers, fanatiques religieux, drogués ou humains parasités… Des êtres pas franchement sympathiques. Pour contrer cela, une milice, l'A.I.D, a été déployée afin d'évacuer les civils et de restaurer le calme dans le secteur, mais à Jericho, la police n'est pas du genre très pacifique et cette armée du gouvernement aura vite fait de vous attaquer à vue sans sommation et pour finir, toute une armada d'engins robotisés mortels se terrent également dans les rues et jardins de la cité. Oui, Jericho est un véritable coupe-gorge.

Hélas, The Surge 2 ne va jamais jusqu'au bout de ses idées et malgré la possibilité folle de présenter des créatures mi-humaines mi-machines diverses et variées, Deck 13 préfère cloner son bestiaire jusqu'à plus soif, comme nous l'avions déjà souligné lors de notre preview. Ce n'est pas compliqué, les premiers prisonniers à qui l'on fracasse le crâne dans la prison doivent visiblement être frères jumeaux tout comme les ennemis féminins aussi apparemment, et lorsque l'on débarque en ville, c'est le festival. Sur 50 mètres, vous rencontrerez tout bonnement 4 fois le même humain métissé. Une blague.

Alors, oui, on peut excuser ce “clonage” lorsque l'on parle d'adversaires mécanisés (production en chaîne etc…), mais qu'en est-il des êtres humains ? Il doit y avoir 3 ou 4 modèles différents pour chaque type d'ennemis (prisonniers, fanatiques,agents A.I.D…) et pour un jeu comme celui-là, ça fait tâche. D'autant que la durée de vie est généreuse, les allers-retours sont nombreux et vous allez mourir de nombreuses fois, vous obligeant donc à refaire plusieurs fois les même chemins. Bref, ce n'est pas fameux et quand bien même les pièces d'équipement qu'ils portent sont tirées un peu à l'aléatoire, rien n'y fait, on sait que c'est le même rouquin que l'on frappe derrière ce casque.

Les boss quant à eux s'en sortent un peu mieux. Comme dans la plupart des souls-like, ces affrontements ne sont pas du même calibre, on croise ce que l'on appelle des mid-boss, qui proposent généralement des rixes plus courtes mais pas forcément plus faciles, et de véritable boss, ceux qui collectionnent les barres de vie, les phases de combats multiples et font généralement plusieurs mètres de haut. Dans The Surge 2, on battra certains boss plusieurs fois et la plupart manquent cruellement de punch, que ce soit des mid-boss majoritairement humains dénués de charisme et dont l'affrontement se pliera en deux ou trois ruées de coups, ou les boss plus costauds, mais dont les patterns se comptent sur les doigts d'une main en plus de se voir à des kilomètres. Heureusement il y a du bon, dans un premier temps les combats de boss sont plus nombreux que dans le premier opus et quelques affrontements sortent du lot.

Se modifier pour mieux régner

The Surge 2 essaye donc de faire mieux que son grand frère en multipliant les affrontements corsés et au final malgré les redites citées plus haut, c'est réussi. Le jeu est difficile oui, c'est une certitude et vous allez mourir de nombreuse fois. Les ennemis ont la fâcheuse manie de nous enchaîner de coups rapides ou de nous enfoncer leur marteau tellement violemment dans la face, que l'on se retrouve avec un quart de vie à ramper en essayant de se soigner. Mais finalement, nous n'en attendions pas moins.

Test de The Surge 2

Le défi est bien là et pour le surmonter rien de tel que de l'xp. Ici pour grimper en puissance, il faut utiliser la monnaie locale : les pièces détachées. Récupérables principalement sur vos cibles, ces bouts de ferraille serviront à tout faire : monter de niveaux, améliorer votre équipement et en forger du nouveau, mais aussi à marchander avec les quelques PNJ que vous croiserez. Il va donc falloir faire un choix sur votre angle d'évolution ou alors farmer comme un sauvage pour tout avoir. Nous avons opté pour la première solution en axant notre montée en puissance sur quelques pièces d'équipement triées sur le volet. Au final, l'équilibrage ne nous a pas semblé défaillant et le challenge était bien présent.

Comme dans The Surge premier du nom, vous augmenterez la puissance du noyau de votre exosquelette, ce qui vous permettra d'y greffer de l'équipement de plus en plus performant. A chaque niveau gagné vous pouvez distribuer des points dans votre vie, votre stamina ou votre batterie, une jauge qui augmente lorsque l'on frappe des adversaires et qui permet l'activation de bonus ou encore l'utilisation d'injections pour récupérer de la vie, voire de booster ses statistiques avec des stéroïdes divers. Il sera également possible d'utiliser des implants procurant diverses propriétés passives, comme des bonus de défense et de dégâts, ou des effets en fonction de nos batteries restantes.

Sekiro + For Honor = The Surge

Oui vous avez bien lu cet inter-titre, The Surge 2 pioche sans vergogne chez From Software et Ubisoft pour son système de combat. Dans un premier temps, il faut savoir que les racines du gameplay reste les mêmes. On verrouille les ennemis et leurs membres afin de les trancher de manière à récupérer les pièces d'équipement qui y sont attachées. Le positionnement est toujours d'une importance capitale, puisque ce n'est pas parce que vous ciblez la jambe droite que vous arriverez à l'atteindre, et si vous attaquez par exemple sur le flanc opposé, ce sont les membres de gauche qui prendront les dégâts. Les fondations sont donc identiques et l'on (re)prend rapidement ses marques.

Néanmoins, Deck 13 a amélioré sa copie en y ajoutant une bonne grosse dose de dynamisme et de complexité. Le nombre de types d'armes a doublé, offrant par conséquent de nouvelles perspectives. Aux armes de pugilats, celles à une ou deux mains et aux armes lourdes fixées au bras ou non s'ajoutent, entre autres, les doubles, qui peuvent passer d'une arme lourde à un duo d'armes légères en une fraction de seconde, suivant les combos que vous faites. Cela permet par exemple d'envoyer un puissant coup et d'enchaîner un rapide combo dévastateur et ultra rapide. Au total, c'est une dizaine de types d'armes qui vous attendent, chacun d'entre eux ayant ses propres combos et sa façon d'être abordé.

Globalement, les combats sont plus fluides et dynamiques et l'on peut compter sur un dash important, qui ne manquera pas de vous faire chuter lors des duels près de corniches.

Mais The Surge 2 cache une seconde façon de se battre, facilitée par un implant, le combat avec blocage directionnel. A l'instar de For Honor, et à condition de s'équiper de l'implant adéquat déblocable dès le début de l'aventure, vous aurez la possibilité de voir apparaître un quart de boussole vous indiquant la provenance du coup, ou si celui-ci est tout bonnement imparable. Dès lors, vous devrez bloquer puis pousser votre joystick dans la direction d'où arrive le danger avec un timing impeccable pour parer l'attaque.

C'est aussi ici que The Surge 2 empreinte à Sekiro puisque lors d'un blocage, vous pouvez directement enchaîner avec une attaque critique dont les effets peuvent varier suivant l'ennemi. En revanche, lorsque vous combattez les boss, vous devrez parer plusieurs fois avant d'ouvrir une brèche dans leur défense et ainsi gagner un bon gros boost de dégâts. Cependant, cette mécanique est à double tranchant, car si celui-ci est mal exécuté, la stamina s'envole à vitesse grand V et votre personnage pourra très vite se retrouver en mauvaise posture. Prudence donc.

Véritablement, le système de combat de The Surge 2 est une réussite et fonctionne à merveille. Les bourrins pourront toujours foncer et esquiver à coup de dash, tandis que les autres useront du blocage directionnel pour se créer des ouvertures. Seul bémol, on déplore pas mal de bugs lors des animations d'exécution qui permettent de trancher les membres. Ces dernières se déclenchent lorsque l'on désire couper la partie du corps que l'on cible. Se lance alors une chorégraphie différente en fonction du type d'arme, du membre visé et de l'ennemi. Hélas, elles sont souvent le théâtre de bugs. Nous noterons surtout ceux de collisions qui sont tout bonnement monstrueux et risibles, rendant quelquefois l'action “What the Fuck”. Il arrive donc que notre avatar se plante dans le décor ou glisse dessus, mais très (trop en fait) souvent, c'est l'animation qui démarre complètement dans le vide à 1 mètre de l'ennemi ciblé qui se démembre alors tout seul dans son coin.

Une finition sans les petits oignons

Nous touchons là le gros problème de The Surge 2, sa technique. Si sur PC le jeu s'en sort assez bien, comme lors de notre preview, sur PS4 c'est une autre histoire. C'est bien simple, les textures ont 10 ans de retard.

Alors, ne vous méprenez pas, ce n'est pas qu'elles sont laides au point de nous renvoyer à l'ère PS3, non, elles sont réellement en retard en fait. On arrive dans une nouvelle zone ? On sort d'une station médicale ? On court trop vite en pivotant la caméra ? Eh bien, les murs bavent, les personnages sont tous vêtus de vêtements flous et notre armure n'a aucun détail pendant une bonne grosse vingtaine de secondes, parfois même les textures ne viennent jamais. Ce fût le cas pour nous en milieu et fin d'aventure, avec des pièces de notre équipement qui n'auront jamais eu la chance de faire apparaître leurs détails.

C'est bien dommage aussi que l'aliasing mordille presque tous les rebords de murs ou de fenêtres, et que certains ennemis se permettent d’apparaître soudainement à quelques mètres de nous, en contrebas ou derrière une vitre. On pourrait également souligner des soucis de pathfinding, bloquant vos adversaires dans le décor sous l'emprise d'une marche à pied inarrêtable contre un mur de 20cm ou encore une IA tantôt aveugle, tantôt dotée d'une zone d'aggro démesurée...

Toutes ces petites choses n'entament pas réellement le gameplay, même les problèmes d'I.A finalement, des défauts que l'on pourrait reprocher à d'autres titres du genre comme Sekiro ou Dark Souls. En réalité, ils desservent l'expérience globale simplement parce que cumulés, ils écrasent le travail fait sur l'immersion.

Jericho est une ville tentaculaire au level design parfaitement maîtrisé, les raccourcis et autres recoins cachés sont légion et notre exploration urbaine se fait le plus naturellement du monde. Au fil de la progression, on débloque même quelques outils nous permettant de débloquer de nouveaux passages et une surprise de taille vous attend sur le dernier tiers du jeu. Tout est là pour faire de The Surge 2 un très très bon souls-like, mais non.Les bugs à foison nous rappellent sans cesse que l'on est devant un jeu mal fini et toutes les petites choses anodines nous sautent soudainement au visage.

La narration environnementale prend aussi du plomb dans l'aile, notamment à cause de sérieux problèmes de cohérence et de mise en scène. La ville est assiégée et en proie à de véritable jeux de massacres dans ses rues, la police vous veut mort, cette police qui ne vous percutera même pas lorsque vous serez dans des zones “sécurisées” où se trouve quelques survivants, même si juste avant de franchir la porte, vous venez de décimer une unité complète. Ou alors, vous croiserez une communauté de survivants au bout du rouleau tandis que d'autres profitent du dancefloor dans un bar branché quelques rues plus loin. Oui, nous n'avons pas trop compris le concept, et encore moins plus tard dans le jeu, où des gens dansent alors que leurs camarades sont raide mort à leurs pieds. Donc soit nous n'avons absolument rien compris à ce qu'il se passait durant les 25 heures de jeu que nous avons faites, soit nous sommes devant un vrai problème de finition, un mélange de bugs et “je-m'en-foutisme-aigu”. Aucune idée, toujours est-il que pour l'immersion on repassera, et c'est dommage pour un jeu avec une durée de vie plus que correcte dont les quêtes annexes demandent un poil de concentration pour ne pas être échouées et dont la rejouabilité est prévue avec le NG+.

De plus, le fil conducteur sent un peu le réchauffé même s'il propose de petites surprises, surtout sur ses axes secondaires, et s'il n'est pas vital d'avoir parcouru le premier opus, nous vous le conseillons tout de même histoire d'être réceptif à quelques rencontres et clins d’œils que comportent The Surge 2.

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