"On part sans toi" : pourquoi il ne faut jamais dire cette phrase à son enfant

"On part sans toi" : pourquoi il ne faut jamais dire cette phrase à son enfant

Par Mélodie CapronnierJulie Caron
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Quand un enfant refuse de partir, on a parfois tendance à lui dire qu'on va y aller sans lui. Deux expertes expliquent pourquoi cette petite phrase est à éviter absolument. Comme beaucoup d'autres quand on souhaite mettre en place une éducation bienveillante.

"On va partir sans toi !". Cette menace, énormément de parents l'ont prononcée au moins une fois. Elle sort, quand, à bout face à l'enfant qui refuse de se préparer ou de quitter le parc, par exemple, on ne sait plus quoi faire. Pourtant, cette petite phrase qui semble anodine (parce que, bien sûr, on ne partira jamais sans notre enfant) peut faire beaucoup de mal, expliquent Kristin, coach parentale et Deena, psychologue pour enfant, sur leur page Facebook Big Little Feelings.

Pourquoi il ne faut pas dire "on part sans toi"

Les deux expertes font une mise en situation, en imaginant qu'un enfant refuse de partir du parc. "Je m'en vais !", dit le parent. "L'enfant continue à jouer, ignorant son parent. "Je le pense vraiment, je pars maintenant", dit le parent en commençant à partir. L'enfant continue à jouer, levant les yeux de temps en temps. "Au revoir !", dit le parent. L'enfant commence à crier "noooon", pleure et court vers son parent". Cette scène, on la connaît presque par cœur. "Partir du parc, ou d'un autre endroit amusant, est un élément déclencheur pour les enfants. Ils ne veulent pas partir, ils se sentent tristes, et ils veulent rester", expliquent Kristin et Deena. Le problème quand on leur dit qu'on va partir sans eux, c'est que "nous leur disons accidentellement : 'tes sentiments vis-à-vis du fait de rester ne sont pas importants, je m'en vais, remets-toi. Et il est possible que je parte vraiment sans toi un jour'. C'est très effrayant pour eux", décryptent-elles.

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Que dire à la place pour que l'enfant accepte de partir ?

Pour autant, il est normal en tant que parents de devoir parfois imposer un départ. Comment faire alors ? Deena et Kristin expliquent qu'il faut respecter les sentiments de l'enfant, tout en posant des limites. Ainsi, à la place de leur dire "je m'en vais sans toi", on peut leur demander : "je sais que tu t'amuses beaucoup. C'est difficile de partir quand on s'amuse. C'est l'heure de renter à la maison. Que pourrions-nous faire ensemble à la maison ?". En leur disant qu'on peut aussi s'amuser à la maison, cela leur donne un objectif et les encourage à rentrer.

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Si cela ne fonctionne pas, les expertes conseillent : "La clé, c'est de poser des limites. N'attendez pas qu'ils fassent une colère. Après les deux premiers avertissements, rappelez les limites fermement et en ayant confiance en vous, en prenant gentiment votre enfant et en l'accompagnant. Cela revient à dire : 'Partir est très dur. Je vais t'aider'. Et, oui, ils peuvent être très contrariés par ces limites. C'est normal qu'ils le soient. Nous acceptons ce sentiment. Mais nous gardons leur sécurité émotionnelle (et physique) intacte, tout en leur montrant que c'est l'heure de rentrer. Aucune peur n'est impliquée", conclut-elle. Une façon d'appréhender une situation courante du quotidien d'une façon plus bienveillante.

Ces phrases de parents à éviter

En comprenant le raisonnement derrière cette explication, cherchant à prendre en compte le ressenti de l'enfant, on réalise vite que d'autres phrases du quotidien sont à remplacer. Dans "Dites pas ci, dites cela", le pédopsychiatre Gilles-Marie Valet fait ainsi s'interroger les parents sur leur manière de communiquer avec leur enfant. On en recense pas mal : "arrête de pleurer", qui va inhiber les émotions, "les petites filles ne se comportent pas ainsi", qui sont des généralités sans fondements, les "non" à tout bout de champ, qui deviennent contre-productifs ou les "je te l'avais bien dit", qui rabaissent et altèrent la confiance en soi. « Le langage est indispensable au fonctionnement relationnel humain. (...) Pour cela, il va nous falloir lutter, en tant qu’individus, contre le conditionnement culturel que nous avons subi et où l’agressivité, consciente ou inconsciente, souhaitée ou non, polluait la communication autour de nous », explique-t-il. Communiquer n'est pas un acte anodin, "c’est aussi penser et agir", conclut-il.

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